Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Ethnographier les circulations de modèles de décentralisation entre pays africains. Circuits, récits et expériences locales

Auteur(s) : Diatta Patrice ;

Résumé en Français

Qu’ils soient tributaires des incitations de bailleurs de fonds ou du bon vouloir des Etats, qu’ils soient encouragés par les élus locaux et leurs réseaux ou par des programmes de formation ou d’appui au développement local, les circulations de savoirs et de modèles en matière de décentralisation se sont intensifiés ces dernières années entre pays africains. Pour mieux décrypter et appréhender ces phénomènes à partir de données empiriques, les différentes contributions attendues dans ce panel analyseront les circuits et les acteurs qui soutiennent ces circulations, les visions et récits en circulation ou encore les incidences locales des telles circulations généralisées.


Argumentaire en Français

Bien que n’affectant pas tous les Etats et tous les secteurs d’action publique avec la même intensité, la circulation internationale des réformes administratives et institutionnelles en faveur de la décentralisation (CGLU, 2008 ; Diatta, 2016) constitue sans doute l’un des principaux facteurs des mutations de la fabrique de l’action publique contemporaine depuis les années 1980. Les domaines des politiques touchant les enjeux environnementaux ou urbains sont particulièrement concernés.

En Afrique, dans les grandes villes, et plus encore dans les capitales nationales, alors même que les dysfonctionnements ou l’inaction des Etats sont souvent dénoncés, les communes et leurs élus sont souvent projetés comme des acteurs politiques de premier plan pour assurer l’accès aux services de base, gérer les conséquences de l’urbanisation galopante, expérimenter des solutions face aux défis du changement climatique et des transitions diverses. A ce titre, nombre de politiques dans des secteurs aussi variés que l’eau, les ordures ménagères, l’assainissement, l’urbanisme, l’habitat ou la pollution de l’air, ont toutes désormais des dimensions territoriales et décentralisées.

Mais cette reconnaissance du principe de décentralisation dans les pays africains, si elle est pour une bonne part tributaire des incitations de bailleurs de fonds et du bon vouloir des Etats, il n’en demeure pas moins qu’elle est en partie le fait de l’intensification des échanges et des initiatives de collaboration entre collectivités de pays africains. Le sommet panafricain Africités qui, depuis 1998, réunit tous les trois ans dans l’une des cinq régions du continent les élus locaux africains sous l’égide de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique est un bon exemple du rôle des élus locaux eux-mêmes et de leurs associations nationales ou thématiques dans la circulation de modèles décentralisés et d’expériences de décentralisation entre les pays africains.

Les échanges et circulations de modèles de gouvernance et d’action publique entre collectivités territoriales africaines sont aussi favorisés par différentes structures qui développent des programmes de formation visant le renforcement des capacités des gouvernements locaux dans leurs domaines de compétence et l’encouragement des coopérations Sud-Sud. C’est le cas du Partenariat pour le Développement Municipal (PDM), mis en place à l’initiative de la Banque Mondiale en 1991 pour accompagner les processus de décentralisation en Afrique. C’est également le cas des deux Centres internationaux de formations des autorités et acteurs locaux (CIFAL) en Afrique (à Ouagadougou au Burkina Faso pour les pays francophones, à Durban en Afrique du Sud pour les pays anglophones) mis en place en 1999 par le programme de coopération décentralisée de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR).

Pour mieux décrypter et appréhender ce contexte généralisé d’injonctions à la  décentralisation et de circulations de formations et de guides des pratiques en la matière, il convient d’interroger prioritairement (mais non exclusivement) : quelles visions et quels modèles de la décentralisation circulent entre les pays africains ? Quelle place et quel rôle des élus locaux et de leurs associations (inscriptions dans des réseaux, visites entre pays, jumelages) dans ces circulations ? Quelles ressources (fiscales, de l’aide publique au développement, de la diaspora) sont mobilisées dans ces circulations? Quelles incidences locales de ces circulations en matière de gouvernance locale (leadership, reconnaissance sociale, capacité à piloter, coordonner ou assumer les compétences décentralisées et à répondre aux besoins locaux).

Ainsi, construites à partir des données recueillies sur les terrains respectifs, les différentes contributions attendues dans ce panel pourront s’inscrire de préférence dans l’une de ces pistes de réflexion principales: les circuits et les acteurs des circulations(i), les visions et récits de la décentralisation en circulation (ii), les incidences locales des circulations généralisées de la décentralisation.


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