par Admin-Apad | 22 Jan 2020 | Non classé
Des semences qui circulent, les nouveaux lieux et liens de la diffusion variétale
Auteur(s) :
Leclercq Morgane ;
Ouedraogo Laurent ;
Raimond Christine ;
Résumé en Français
La circulation des semences en Afrique subsaharienne est aux confluents de dynamiques politiques, sociales et biologiques. Ce panel sera l’occasion de discuter de ces dynamiques et des leurs modalités. Les circuits, les lieux et les acteurs contemporains de la sélection et de la diffusion variétale seront mis en lumière. Les propositions de contributions qui s’intéressent aux phénomènes de collaboration, de résistance, de juxtaposition ou d’hybridation conduisant à de nouvelles normativités transformatrices des systèmes semenciers retiendront particulièrement l’attention.
Argumentaire en Français
Nées de l’harmonie entre l’activité de l’homme et les capacités d’évolution du monde vivant, les semences des plantes cultivées se situent, par essence, entre nature et culture. S’intéresser à leur circulation impose ainsi de considérer deux types de circulation : celle du matériel lui-même, qui est conditionnée par les règles économiques des marchés et par les règles culturelles régissant les rapports interindividuels ; mais aussi la circulation des gènes entre les individus d’une même espèce, déterminée par des mécanismes biologiques. Ce sont ces deux types de circulation, sociale et biologique, qui conditionnent les caractéristiques des plantes produites dans les champs et sur lesquels reposent les stratégies de sélection et d’innovation par les agriculteur.trice.s.
Depuis plusieurs décennies, en Afrique subsaharienne, de nouvelles variétés sont développées par des institutions de recherche et érigées comme de véritables « innovations variétales ». Les institutions de recherche estiment que ces innovations sont en mesure d’améliorer les conditions de vie des agriculteur.trice.s et, à terme, de garantir la sécurité alimentaire et de réduire les vulnérabilités face au changement climatique. Pour l’heure, il semble que ces innovations provoquent des transformations dans les circuits, les lieux et les acteurs de la sélection et de la diffusion des semences, mais également dans la maitrise des flux de gènes entre variétés de pays et variétés développées par la recherche. Quelles sont les conséquences de l’adoption de ces innovations variétales sur le matériel d’une part, et sur la façon dont il circule au sein des sociétés rurales d’autre part ?
La circulation croissante de matériel végétal dit « innovant » se couple en Afrique subsaharienne à un phénomène de normalisation. Depuis la création de l’Union pour la protection des obtentions végétales (UPOV) en effet, des itinéraires de production stricts, hérités du modèle européen, sont adoptés et promus par les Etats africains ; l’objectif étant que le marché soit alimenté en semences certifiées. Selon les termes des législations ouest-africains elles-mêmes, ces semences certifiées, produites selon les itinéraires mentionnés, sont les seules à pouvoir être considérées comme étant des semences « de qualité ». Dans certains milieux intellectuels pourtant, les semences certifiées font l’objet de vives résistances. Elles sont accusées d’être dangereuses pour l’autonomie des paysans et la sauvegarde de la biodiversité. De plus, le manque d’égards pour des semences non certifiées, mais utilisées chaque année par les agriculteur.trice.s, est critiqué. L’appréciation ou la dépréciation des semences certifiées se justifie-elle par une circulation inefficace des semences et des savoirs associés dans certains milieux ?
Les semences peuvent avoir été sélectionnées à partir de matériaux sauvages ou de variétés cultivées traditionnellement de génération en génération dans une localité. Elles peuvent aussi être issues de variétés développées par la recherche. La sélection, la transformation et la diffusion des semences dépendent finalement de stratégies individuelles ou collectives très diversifiées, ainsi que de nombreux acteurs dont les contacts tendent à se multiplier au gré de la globalisation. Quels sont les nouveaux acteurs, les nouveaux lieux, les nouveaux phénomènes et les nouveaux enjeux de la circulation des semences et quels sont les nouvelles formes de coopération ou les nouveaux rapports de pouvoir affectant les relations entre les différents protagonistes des systèmes semenciers ?
Le panel accueille des contributions retraçant des enquêtes récentes portant sur la circulation de semences à l’échelle locale (à définir entre le village et la petite région) et illustrant des processus d’adoption d’innovations variétales au sein de réseaux sociaux. Il encourage d’autre part des contributions relatant des situations de blocage ou, au contraire, des situations dans lesquels différents groupes sociaux collaborent pour accéder et/ou diffuser des semences. Enfin, le panel accordera une attention particulière aux contributions qui présentent certains des phénomènes d’hybridation affectant les normes de la circulation des semences et les rôles des acteurs des systèmes semenciers en Afrique subsaharienne.
Le panel s’inscrit dans les axes « Circuits, lieux et acteurs des circulations » et « Que fait la circulation aux choses ? » définis par le colloque et intègrera dans l’animation des discussions et questions de méthode (échelle d’analyse, études multisituées et modalités comparatives) soulevées par l’axe « Les terrains de la circulation ».
Communications du panel
Proposer une communication dans ce panel / Submit a proposal in this panel
Contacter les responsables du panel par email / Contact the panel conveyor by email
Voir tous les panels du colloque Apad colloque 2020
par Admin-Apad | 22 Jan 2020 | Non classé
Circulations de modèles contestataires en Afrique : inspirations, échanges et influences transnationales
Auteur(s) :
Hazard Benoit ;
Ouédraogo Jean Bernard ;
Illi Jean ;
Résumé en Français
Depuis une dizaine d’années, le continent africain est traversé par des mouvements sociaux relativement inédits. Ce panel propose d’observer ces contestations à travers les liens transnationaux qui les sous-tendent. Nous nous intéresserons donc aux circulations d’idées et de pratiques issues des échanges entre les différents protagonistes des mouvements sociaux africains ou encore à l’influence d’organismes occidentaux sur l’action de certains mouvements. Tels sont les thèmes réflexifs de cette étude renvoyant tant aux histoires des mobilisations politiques africaines, qu’à l’anthropologie des acteurs.rices des mouvements contestataires ou encore à l’analyse des enjeux (géo)politiques qui se jouent à travers ces phénomènes.
Argumentaire en Français
Depuis une dizaine d’années, le continent africain est traversé par des mouvements sociaux relativement inédits. Des révolutions arabes initiées en 2010 (Hmed et Jeanpierre, 2016), jusqu’à à la révolution soudanaise de 2018, en passant par divers mouvements insurrectionnels comme au Sénégal (Awenengo-Dalberto, 2011) ou au Burkina Faso (Hagberg et al, 2015) en 2011 et 2014, ces phénomènes contestataires provoquent la recomposition voire l’émergence d’espaces, de pratiques, ou d’institutions politiques, reflets des confrontations engagées par certaines catégories sociales face aux pouvoirs étatiques. Relevant de contextes particuliers qu’il est primordial de prendre en compte et de décrire si l’on veut en saisir les complexités, ces événements témoignent d’une dynamique globale de contestation visant un système libéral issu de la mondialisation et de la captation d’une majorité des richesses par une minorité de la population ou encore des dispositifs de centralisation du pouvoir politique (Sylla, 2014). Ces phénomènes contestataires s’accompagnent également de revendications portant sur la revalorisation de la figure citoyenne et de sa souveraineté dans la société politique moderne, revendications qui se retrouvent souvent dans la promotion du concept débattu de « société civile » (Leclerc-Olive, 2013).
Observables au-delà des frontières du continent, des phénomènes contestataires similaires se font jour de par le monde. Leur diffusion semble emprunter les vecteurs de la mondialisation (les mouvements de population, les technologies de l’information) et nombre de mouvements contestataires se font écho, communiquent et collaborent, si bien que leur analyse s’avère être aujourd’hui un véritable objet d’étude transnational (Siméant, 2010, 2013). Reste donc à savoir à quel degré ces « échanges mondialisés » concernent les mouvements de contestation africains et dans quelle mesure se sont-ils ajustés aux réalités sociales locales ? Il est aussi nécessaire d’observer les limites à ces diffusions, de questionner les particularismes des modèles contestataires africains et leurs ancrages locaux déterminés par les histoires socio-politiques des espaces concernés. Enfin, ces circulations ne se jouent pas seulement entre le Nord et le Sud mais aussi de manière interne, entre les différents mouvements contestataires africains. Les circulations inter-africaines seront elles aussi au centre de nos réflexions.
Comment se jouent les circulations des modèles contestataires en Afrique subsaharienne ? A quelles échelles ? Quels en sont les vecteurs ? Les acteurs ? Les limites ? Tels sont les thèmes réflexifs de cette étude renvoyant tant à l’histoire des interactions politiques africaines, qu’à l’anthropologie des acteurs.rices des mouvements contestataires ou encore à l’analyse des enjeux (géo)politiques qui se jouent à travers ces phénomènes. La pluralité des champs d’études concernés par ces questions faisant écho à l’axe de recherche Régulations et recompositions (géo)politiques proposé par l’APAD permet d’envisager la constitution d’un panel éclectique pluridisciplinaire.
Bibliographie indicative
- FOE Nkolo, Le postmodernisme et le nouvel esprit du capitalisme. Sur une philosophie globale d’empire, Editions du CODESRIA, 2008. 214 p.
- NYAMNJOH Francis, #RhodesMustFall: Nibbling at resilient colonialism in South Africa, African books collective, 2016, 312 p.
- SYLLA Ndongo Samba, Les mouvements sociaux en Afrique de l’Ouest: Entre les ravages du libéralisme économique et la promesse du libéralisme politique, s.l., Editions L’Harmattan, 2014, 457 p.
- AWENENGO-DALBERTO Séverine, « Sénégal : les nouvelles formes de mobilisations de la jeunesse », Les carnets du CAP, 2011, no 15, p. 37-65.
- BANÉGAS Richard, BRISSET-FOUCAULT Florence et CUTOLO Armando, « Espaces publics de la parole et pratiques de la citoyenneté en Afrique », Politique africaine, 2012, no 127, p. 5-20.
- HAGBERG Sten, KIBORA Ludovic, OUATTARA Fatoumata et KONKOBO Adjara, « Au coeur de la révolution burkinabè », Anthropologie et développement, 42-43, 2015, p.199-226.
- HMED Choukri, JEANPIERRE Laurent, « Révolutions et crises politiques au Maghreb et au Machrek », Actes de la recherche en sciences sociales, 2016/1 (N° 211-212), p. 4-23.
- LECLERC-OLIVE Michèle, « Qu’a « fait » la notion de société civile ? Quelques réflexions suggérées par la crise malienne », Cahiers Sens public, vol. 15-16, no. 1, 2013, pp. 107-126.
- SIMÉANT Johanna, « 6. La transnationalisation de l’action collective », dans AGRIKOLIANSKY Eric, Penser les mouvements sociaux. Conflits sociaux et contestations dans les sociétés contemporaines, La Découverte, 2010, pp. 121-144.
- SIMÉANT Johanna, « Protester/mobiliser/ne pas consentir. Sur quelques avatars de la sociologie des mobilisations appliquée au continent africain », Revue internationale de politique comparée, 28 octobre 2013, vol. 20, no 2, p. 125-143.
Communications du panel
Proposer une communication dans ce panel / Submit a proposal in this panel
Contacter les responsables du panel par email / Contact the panel conveyor by email
Voir tous les panels du colloque Apad colloque 2020
par Jonathan (zaclys) Benabou | 22 Jan 2020 | Non classé
La circulation de la notion « d’autonomisation des femmes » dans le développement et ses effets sur les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques
Auteur(s) :
Vampo Charlotte ;
Wayack-Pambè Madeleine ;
Résumé en Français
Ce panel vise à questionner les effets de la circulation de la notion d’autonomisation des femmes dans le développement sur les politiques de développement, la recherche et les dynamiques sociales. Sur la base de communications empiriques et réflexives issues de travaux menés dans différents pays dits du « Sud », il propose d’analyser des initiatives individuelles et/ou collectives cherchant à modifier et/ou reproduire les rapports sociaux de sexe. L’étude des discours et pratiques des acteurs et actrices sociales dans leur contexte social, politique, économique et historique est favorisée au regard des normes, modèles et concepts circulant dans la globalisation néolibérale.
Argumentaire en Français
L’axe n°5 des objectifs de développement durable des Nations-Unies est dédié à « l’autonomisation des femmes et des filles. » Ce faisant, la notion circule dans le développement, et dans la recherche, le plus souvent en synonyme de l’émancipation des femmes. Un consensus tend à se dessiner autour de l’idée qu’il faudrait les autonomiser, sous- entendu économiquement, pour obtenir l’égalité de genre. Le modèle voyageur en circulation (Rottenburg, Park, Behrends, 2014 ; Olivier de Sardan, Diarra, Moha, 2017) repose sur le mécanisme suivant : en rendant les femmes autonomes individuellement, celles-ci dépasseraient les contraintes sociales qui pèsent sur elles. C’est à partir de ce modèle, fortement axé sur l’individu, que des politiques de micro-crédit par exemple ont été mises en place dans les pays dits du « Sud ». Les femmes sont considérées, dans ce type de schéma, comme des individus « sujet-femme » adapté à la concurrence économique (Saint-Hilaire, 1996) à la fois « autonome, participant, actif […] en apparence moins soumis aux rapports de genre mais intégré ou livré aux rapports marchands » (Destremau, 2009, 2013). Comment réceptionnent-elles les injonctions internationales à l’autonomie ? Quel(s) mot(s) du développement reprennent les acteurs et actrices sociales individuellement et collectivement en contexte ? Pour quelle(s) transformation(s) sociale(s) ?
Pour répondre à ces interrogations, nous proposons plusieurs axes de réflexion possibles :
(1) Comment expliquer la centralité de la valeur de l’autonomie dans le gendermainstreaming ? Ce panel sera l’occasion de développer une approche théorique critique de cette notion qui s’accompagne d’un arsenal de mots tels que « responsabilisation, participation, renforcement des capacités » renvoyant à un concept de genre dépolitisé, devenu éventuellement un « alibi du développement » (Verschuur, 2009). Dans la perspective des travaux M-H. Bacqué et C. Biewener (2013), la notion d’empowerment, ainsi que celle d’autonomisation, permettent-elles de penser le changement social ou sont-elles une expression supplémentaire de la doxa néolibérale qui renvoie toujours plus à la responsabilisation des individus ? La notion d’autonomisation est-elle heuristique dans la recherche ? En reprenant la notion d’autonomisation, la recherche ne reproduit-elle pas les mécanismes théoriques néolibéraux qui dominent le champ du développement ? En démographie par exemple, que mesurent les indicateurs d’autonomisation des femmes ? Dans quelle mesure sontils limités ? Les travaux justifiant l’usage ou non de cette dernière, à partir d’une base empirique et réflexive dans toute discipline, pourraient apporter une contribution significative à la réflexion proposée.
(2) Quelles politiques de développement sont mises en place à partir de la notion d’autonomisation ? Pour quelle(s) finalité(s) ? Quels sont leurs effets concrets sur les rapports sociaux de sexe ? Nous encourageons les communications traitant notamment du micro-crédit.
(3) Comment et pourquoi les acteurs et actrices sociales se réapproprient (ou non) ce terme ? Quel(s) autres mots sont privilégiés dans différents contextes ? On pourrait reprendre la question soulevée par D. Lacombe et E. Marteu (2015) suivante : La globalisation du genre, accompagnée de la diffusion de la notion d’autonomisation en l’occurrence, donne-t-elle à voir une dépolitisation de l’action collective des femmes ? Nous serions intéressées d’avoir des communications sur des dynamiques collectives, féministes ou non, dans différentes parties du monde, qui visent à modifier ou à maintenir les rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes. Nous encourageons l’étude des mots utilisés par les acteurs et actrices en présence. Les communications replaçant les initiatives individuelles ou les mobilisations collectives dans un contexte globalisé de révolte #metoo, #balancetonporc et de luttes contre les violences faites aux femmes sont attendues également.
Bibliographie :
Bacque Marie-Hélène, Biewener Carole, 2013, L’empowerment : une pratique émancipatrice, La Découverte.
Destremau Blandine, 2009, « Les droits sociaux à l’épreuve des droits humains : les limites de la solidarité internationale », in Borgeaud Garcianda N., Lautier B., Peñafiel R., Tizziani A. (dir.), Penser le politique en Amérique latine, Karthala, Paris, pp. 149-164.
Destremau Blandine, 2013, « Au four, au moulin… et à l’empowerment. La triple captation et l’exploitation du travail des femmes dans le développement, dans Maruani Margaret », Travail et genre dans le monde, pp. 89-97.
Lacombe Delphine, Marteu Élisabeth, « Une « dépolitisation » de l’action collective des femmes ? Réflexions croisées sur le Nicaragua et la Palestine », L’Homme & la Société, 2015/4 (n° 198), p. 127-148.
Olivier de Sardan Jean-Pierre, Aïssa Diarra, and Mahaman Moha, 2017, “Travelling Models and the Challenge of Pragmatic Contexts and Practical Norms: The Case of Maternal Health”, Health Research Policy and Systems, 15(Suppl 1): 60.
Rottenburg, Richard, Sung-Joon Park, and Andrea Behrends, 2014, “Travelling Models: Introducing an Analytical Concept to Globalisation Studies”, pp. 1 – 40, in Travelling Models in African Conflict Management: Translating Technologies of Social Ordering, Africa-Europe Group for Interdisciplinary Studies, Leiden ; Boston : Brill.
Saint-Hilaire Colette, 1996, « La production d’un sujet-femme adapté au développement. Le cas de la recherche féministe aux Philippines », Anthropologie et Sociétés, vol°20, n°1, pp. 81102.
Verschuur Christine, 2009, « Quel genre ? Résistances et mésententes autour du mot “genre” dans le développement », Revue Tiers Monde, n°200, pp. 785-803.
Communications du panel
Proposer une communication dans ce panel / Submit a proposal in this panel
Contacter les responsables du panel par email / Contact the panel conveyor by email
Voir tous les panels du colloque Apad colloque 2020
Recent Comments