Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development
Guérir en Afrique. Promesses et transformations

Guérir en Afrique. Promesses et transformations

DESCLAUX A., DIARRA A. ET MUSSO S. ed., 2021, Guérir en Afrique : promesses et transformations, Paris, L’Harmattan.

Alors qu’à propos de l’Afrique le poids des maladies chroniques et des épidémies domine les discours internationaux, les avancées majeures en matière de santé au cours des trente dernières années restent dans l’ombre. Le projet de cet ouvrage est d’analyser les formes individuelles et collectives du « guérir » dans l’Afrique contemporaine. Dans une approche anthropologique, la guérison n’est pas définie seulement d’un point de vue médical, mais elle est une production matérielle et idéelle dans des cultures thérapeutiques qui articulent le local et le global, mais aussi le sanitaire, le religieux et l’économique. Les auteurs apportent des éclairages sur des questions telles que : la promesse de guérison et les effets de l’absence de la notion d’incurabilité dans les offres thérapeutiques locales ; les capacités et limites du système médical dans la construction de la guérison clinique ; les tensions entre acteurs sanitaires et patients dans les perceptions de la guérison ; les interprétations et dissonances locales des discours d’éradication en santé publique. Au final, l’ouvrage éclaire non seulement les dimensions idéelles de la guérison dans leurs contextes sociaux mais aussi les effets des dissonnances dans ses approches, du personnel au politique.

Alice Desclaux est anthropologue, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (TransVIHMI, IRD, INSERM, Université de Montpellier).
Aïssa Diarra est anthropologue, affiliée au LASDEL basé à Niamey (Niger).
Sandrine Musso est anthropologue, enseignante-chercheuse à Aix-Marseille Université.

https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=67893&razSqlClone=1

La revanche des contextes. Des mésaventures de l’ingénierie sociale en Afrique et au-delà

La revanche des contextes. Des mésaventures de l’ingénierie sociale en Afrique et au-delà

Olivier de Sardan J.-P., 2021, La revanche des contextes. Des mésaventures de l’ingénierie sociale, en Afrique et au-delà, Paris, Karthala.

Pourquoi les projets de développement, les interventions des ONG ou les politiques publiques nationales sont-ils tous soumis à d’importants écarts entre ce qui était prévu et ce qui se passe effectivement ? Cet ouvrage apporte une réponse documentée à ce « problème des écarts ».
Les politiques publiques standardisées, telles les politiques de développement omniprésentes en Afrique, méconnaissent les contextes dans lesquels elles sont mises en oeuvre. Dans cette confrontation, les acteurs locaux jouent un rôle majeur. Les multiples stratégies de contournement des directives et protocoles officiels suivent des « normes pratiques » implicites ignorées des experts internationaux, mais que l’observation du terrain peut mettre en évidence. C’est un phénomène qui va au-delà du développement : tout se passe comme si l’Afrique révélait de façon paroxystique une revanche des contextes dont on peut trouver des exemples dans le monde entier.
Pour analyser ces processus, un dialogue est noué entre d’une part des données de terrain particulièrement riches, et d’autre part une vaste littérature en sciences sociales revisitée afin de mieux rendre compte des réalités observées.
Le diagnostic est structuré autour de quelques concepts clés : modèles voyageurs, normes pratiques, modes de gouvernance et logiques sociales. Tout entier consacré à une démarche analytique rigoureuse, sans complaisance et sans polémique, il se termine néanmoins par une prise de risque face à la redoutable question « que faire ? », en suggérant de mettre les normes pratiques au centre de toute intervention et de valoriser les « experts contextuels » aujourd’hui invisibles.
Ce livre constitue une contribution majeure à l’analyse des effets inattendus des politiques publiques.

Jean-Pierre Olivier de Sardan est directeur de recherche émérite au CNRS, directeur d’études à l’EHESS, chercheur au LASDEL (Niger), responsable scientifique du master de socio-anthropologie de la santé à l’Université Abdou Moumouni (Niger). Deux de ses nombreux ouvrages sont devenus des références internationales : Anthropologie et développement (Karthala, 1995), et La rigueur du qualitatif (Académia, 2008).

Elites, élections et transformation du politique au Mali. “Ceux qui cherchent le pouvoir sont parmi nous”

Elites, élections et transformation du politique au Mali. “Ceux qui cherchent le pouvoir sont parmi nous”

Deridder M., 2021, Elites, élections et transformation du politique au Mali. “Ceux qui cherchent le pouvoir sont parmi nous”, Paris/Montpellier, Karthala/APAD, 396 p.

Comment penser les enjeux démocratiques, les rapports de pouvoir et les incidences des dynamiques globalisées dans un contexte rural ouest-africain contemporain ? Comment cerner cette tension entre « modernité » et « tradition » face aux enjeux vitaux des ressources naturelles et de leurs accès ? Comment saisir le « vivre-ensemble » de groupes ethnico-professionnels foncièrement différents mais amenés à se partager un même espace, tout en étant confrontés à la singularité environnementale du Delta intérieur du fleuve Niger au Mali ? Comment comprendre cette fascinante capacité l’adaptation, non sans violence, des populations et de leurs élites face aux bouleversements rapides et aux basculements politiques impulsés depuis le sommet de l’État ? Qui sont ces élites politiques locales ? Ancrée dans une ethnographie fine et fouillée, cette monographie explore ces questions à partir de l’étude de cas de Youwarou, une petite localité du Delta intérieur du fleuve Niger au Mali.
Début des années 1990, le Mali vit un basculement politique qui se concrétise par la décentralisation de l’État, l’instauration du multipartisme et des élections communales, largement promus par les bailleurs de fonds du Nord. En éclairant les transformations du politique à Youwarou, depuis cet ancrage local et rural, cet ouvrage s’interroge sur les enjeux démocratiques contemporains et les injonctions normatives formulées par l’État malien et les bailleurs de fonds internationaux. L’auteure explore l’articulation pragmatique entre une politique publique visant la démocratisation et une hégémonie de fait des élites politiques locales. Cet ouvrage explore la façon dont les autorités traditionnelles se reconfigurent au fil du temps long et comment ces élites se maintiennent au pouvoir captent diverses rentes des ressources naturelles et du développement. Cet ouvrage s’intéresse aussi aux dynamiques de contrepouvoir et à l’imaginaire politique local construit par les multiples récits de fondation de la localité. Cet ouvrage revisite ainsi l’idée du « local » et du « global », en apportant une contribution à une anthropologie politique contemporaine des modes de gouvernance locale en Afrique de l’Ouest.

Marie Deridder, docteure en anthropologie, est chargée de cours et chercheuse au Laboratoire d’anthropologie prospective (LAAP) de l’UCLouvain (UCL).

Lire la note de lecture : Anaïs Ménard dans Cahiers d’études africaines.

Agir pour les autres. Gouvernementalité, développement et pratique du politique

Agir pour les autres. Gouvernementalité, développement et pratique du politique

Traduction par Fadhila et Pierre-Yves le Meur de The will to improve, Governmentality, Development, and the Practice of Politics  publié en 2007 aux Duke University Press, cet ouvrage propose un remarquable récit du développement en action, centré sur une série de tentatives visant à améliorer les paysages et les modes de vie. L’auteur y expose, en détail tant les pratiques qui permettent aux experts de diagnostiquer les problèmes et de concevoir des interventions, que la capacité d’action des personnes dont les conduites sont visées par les réformes. Combinant très efficacement théorie, ethnographie et histoire, il est mis en lumière le travail d’agents de développement ayant opéré à différentes époques : fonctionnaires et missionnaires coloniaux ; spécialistes de l’agriculture, de l’hygiène et du crédit ; activistes politiques ayant créé leurs propres modèles devant guider les villageois vers des vies meilleures. L’auteur décrit et analyse des opérations visant, sur financements extérieurs, à intégrer des objectifs de conservation de la nature et de développement via la participation des communautés, ainsi qu’un programme gigantesque, d’un milliard de dollars US, conçu par la Banque mondiale pour réactiver ou réinventer la communauté villageoise, inculquer de nouveaux comportements basés sur la compétition et le choix, et reconstruire la société « par le bas ».

Démontrant que la volonté d’« agir pour les autres » a une longue et complexe histoire, souvent troublée, Tania Murray Li identifie des récurrences fortes allant de la période coloniale jusqu’à l’époque actuelle. Attentive aux spécificités du développement dans les hautes terres de Sulawesi, en Indonésie, elle montre comment une série d’interventions se sont succédées et aussi imbriquées les unes dans les autres, et elle piste leurs effets contrastés, entre bien-être et famine, suivisme et mobilisation politique, solidarités nouvelles, résistance identitaire et action violente.

La version française de l’ouvrage comprend une préface, où Pierre-Yves Le Meur (IRD/UMR GRED) met en perspective l’ouvrage pour un public francophone, et d’une postface originale où Tania Li revient sur les débats suscités par l’ouvrage et son actualité dix ans après sa première publication.

Tania Murray Li est professeur d’anthropologie à l’université de Toronto. Membre de l’Académie royale du Canada, elle a écrit plusieurs ouvrages primés, dont Land’s end : Capitalist relations on an indigenous frontier (Duke University Press, 2014) et de nombreux articles sur la terre, le travail, les classes sociales, le capitalisme, le développement, les ressources et l’autochtonie, avec un accent particulier sur l’Indonésie.

Li T. M., 2020, Agir pour les autres. Gouvernementalité, développement et pratique du politique, Coll. Hommes et sociétés, Paris/Montpellier, Karthala/APAD.

Lire le premier chapitre.

Sécurité par le bas : perceptions et perspectives citoyennes des défis de sécurité au Burkina Faso

Sécurité par le bas : perceptions et perspectives citoyennes des défis de sécurité au Burkina Faso

Hagberg, S., Kibora, L.; Barry, S.; Cissao, Y.; Gnessi, S.; Kaboré, A.; Koné B. et Zongo, M., 2019, Sécurité par le bas : Perceptions et perspectives citoyennes des défis de sécurité au Burkina Faso, Uppsala Papers in Africa Studies 5, 2019, Uppsala University.

Cette étude porte sur la sécurité par le bas au Burkina Faso, notamment les manières dont les citoyens perçoivent et vivent les défis de sécurité. Elle s’intéresse à l’interface entre les enjeux locaux et les insécurités multiples : attaques armées, terrorisme, crime organisé, délinquances, exactions et bavures des forces de sécurité, pauvreté, insécurité alimentaire, etc. L’étude met les nouvelles initiatives de sécurité en perspective, car elle vise à comprendre les réalités et les « vues et vécues » des acteurs socio-politiques locaux et des citoyens ordinaires.

L’étude est le fruit d’un travail collectif. Une équipe d’anthropologues a d’abord mené les recherches de terrain dans 13 communes burkinabè pour ensuite analyser les matériaux ethnographiques afin de rédiger le présent document ensemble. Les perspectives citoyennes de sécurité, l’ancien régime, la crise malienne, et la criminalité transfrontalière, sont analysées à côté des perceptions populaires de l’État burkinabé. L’émergence des groupes d’auto-défense est contextualisée, suivie d’une analyse des
initiatives locales pour la sécurité, telles que l’engagement contre la radicalisation et la mobilisation des femmes. Les questions de sécurité alimentaire, de chômage et d’emploi sont analysées en détail sur la base des connaissances approfondies des terrains de recherche.