Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
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Une ferme chinoise en Côte d’Ivoire : le cas de Guiguidou

Une ferme chinoise en Côte d’Ivoire : le cas de Guiguidou

Auteur(s) : Aurégan Xavier ;

Jusqu’à récemment, l’agriculture, souvent citée, fut laissée pour compte dans les interventions chinoises en Afrique. Lors du troisième Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) de 2006 néanmoins, Pékin prend acte des besoins endogènes et actualise son principal levier agricole : les fermes. Elles deviennent des centres de démonstration agricole et ces derniers figurent, depuis 2006, en tête des plans d’action des FOCAC. Avec des moyens substantiels et renouvelés, de nouvelles générations d’experts, un meilleur suivi et la volonté de rentabiliser ces centres avant de les transférer aux États impétrants, la Chine peut dorénavant contribuer à l’autosuffisance alimentaire, rizicole spécifiquement.

Dans un premier temps, ce focus met en perspective, d’un point de vue historique notamment, la coopération chinoise dans le domaine agricole africain. Les centres de démonstration agricoles chinois en Afrique, leur localisation, leur fonctionnement et leur évolution sont abordés dans un deuxième temps. Enfin, un regard particulier sera porté sur la Mission d’assistance technique agricole chinoise (MATAC) de Guiguidou, un aménagement hydro-agricole se trouvant au cœur des rapports, des négociations et des relations sino-ivoiriennes. Hier exclusivement financées et gérées par le gouvernement chinois, ces coopérations agricoles sont aujourd’hui majoritairement assurées par des entreprises provinciales à capitaux publics. À l’échelle des relations sino-africaines, c’est un changement de paradigme qui traduit les évolutions endogènes chinoises.

Ainsi, le village ivoirien de Guiguidou se trouve connecté à Divo, à Abidjan, mais peut-être davantage encore à Shenyang et au Liaoning, au Nord-Est de la Chine. La raison de cette relation privilégiée, comprimant les frontières nationales et internationales, réside dans les flux de l’aide au développement chinoise attribuée à l’Afrique, dont la Côte d’Ivoire. À Guiguidou se trouve effectivement l’un des 29 centres de démonstration agricoles chinois en Afrique, versions contemporaines des fermes d’État traditionnelles des décennies 1960 à 1980. L’équipe chinoise de Guiguidou est composée de sept employés d’une entreprise publique qui se trouve sous la tutelle de la province du Liaoning. De ce fait, pour ces hommes, pour leurs familles, pour les agriculteurs ivoiriens de Guiguidou et les populations vivant autour du périmètre rizicole de 442 hectares – centre le plus vaste d’Afrique –, la notion de périphérie est toute relative, tout comme les distances séparant la Chine de cette région ivoirienne. C’est, à l’avenant, le cas pour les fonctionnaires des deux ministères de l’Agriculture (ivoirien et chinois), et d’autant plus pour les ingénieurs et représentants de l’Office national de développement de la riziculture (ONDR) ivoirien, dont plusieurs membres se déplacent fréquemment sur le terrain. Les représentations de ces différents acteurs sont essentielles, tant en termes d’espace, que de temps et de pouvoir. L’historicité de ce centre, avec ses anecdotes, les enjeux socio-économiques et politiques ainsi que la mise en perspective de la MATAC dans la stratégie agricole nationale ivoirienne seront les principaux prismes analytiques présentés dans cette troisième partie. Sera également mentionnée l’utilisation, sur le territoire ivoirien et par la partie ivoirienne, des semences hybrides développées par l’équipe technique chinoise.


Mot-clé : Afrique, Agriculture, Chine, Coopération, and Côte d'Ivoire

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Quand le « Sud » investit au « Sud » : les investissements agricoles chinois en Côte d’Ivoire

Quand le « Sud » investit au « Sud » : les investissements agricoles chinois en Côte d’Ivoire

Auteur(s) : Aurégan Xavier ;

Cette proposition de communication issue d’une expertise menée pour le Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) traite de certaines interventions chinoises dans le secteur agricole ivoirien. Les principaux résultats obtenus sont essentiellement empiriques et de première main.

Cette recherche propose dans un premier temps un état des lieux analytique des différents investissements publics qui sont fréquemment assimilés à la « coopération » bilatérale, soit à l’aide publique octroyée par la Chine populaire. En filigrane, l’aide chinoise étant liée, les investissements et les stratégies commerciales ne sont jamais éloignés de l’aide à proprement parler. Il convient pourtant d’isoler ces différentes composantes des relations économiques sino-africaines pour mieux appréhender les différents enjeux afférents. Ces investissements peuvent conséquemment être appréhendés en tant que mobilités et/ou circulations, tant « matérielles » qu’« immatérielles ».

Ainsi, dans le secteur agricole ivoirien, les capitaux publics chinois investis concernent uniquement deux filières : l’hévéa et le cacao. Ces interventions corroborent les réformes endogènes chinoises et l’internationalisation des puissants groupes afférents. In situ, ces deux investissements chinois sont (in)directement liés à des conflits socio-économiques. Par conséquent, plusieurs questions se posent. Qui sont ces groupes publics chinois ? Quelle est leur histoire et comment sont-ils parvenus – ou été invités – à sortir du territoire chinois pour finalement investir dans des filières agricoles, ivoiriennes en l’occurrence, qui sont accaparées par les nationaux d’une part, et occidentaux d’autre part ? Possèdent-ils et mettent-ils en œuvre leurs propres stratégies (commerciales et de diversification) ou sont-ils assujettis aux politiques étatiques, voire de plus en plus, provinciales ? Enfin, pour quelle raison ces investissements sont encore largement méconnus, y compris en Côte d’Ivoire où les médias ne les mentionnent jamais.

Parfois accusée de néocolonialisme, d’être parmi les principaux accapareurs de terre en Afrique subsaharienne, la Chine populaire intervient pourtant via différents canaux, acteurs, institutions et modalités. Cette proposition de communication s’intéresse donc spécifiquement à cette pluralité d’acteurs chinois présente dans l’agriculture ivoirienne, les acteurs à capitaux publics chinois n’étant pas les seuls à s’intéresser aux sols africains : les « privés », ces « migrants-investisseurs » investissent également « par le bas » dans ce secteur.

Partant, des migrants chinois ont investi à Abidjan dans plusieurs filières, dont les ressources halieutiques et le bois. Conflits et critiques rythment les investissements de ces migrants-investisseurs, qu’il convient également d’inclure et d’analyser afin de proposer une vue circulaire de ces interventions agricoles du “Sud” au “Sud”, de la Chine en Côte d’Ivoire.

En définitive, cette proposition de communication tend à mettre en perspective deux des quatre formes d’intervention chinoises en Afrique (investissements privés et publics), en Côte d’Ivoire et dans l’agriculture spécifiquement, et en prenant pour chacune d’elles des études de cas permettant d’évaluer leurs spécificités, leurs moyens et les enjeux induits.


Mot-clé : Afrique, Agriculture, Chine, Côte d'Ivoire, and Investissement

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Voir le panel Acteurs, modalités matérielles et technologies des circulations dans les Suds / Actors, Materialities and Technologies of Circulations in the Global South

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