Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Ambivalence du rôle des établissements de microfinance dans l’autonomisation économique des femmes rurales : Le cas des mutuelles communautaires de croissance MC² au Cameroun

Ambivalence du rôle des établissements de microfinance dans l’autonomisation économique des femmes rurales : Le cas des mutuelles communautaires de croissance MC² au Cameroun

Auteur(s) : nsangou mbang georges ;

Dans la plupart des pays du Sud, 70% des personnes les plus pauvres sont des femmes. Selon les statistiques de la Banque Mondiale et du Programme des Nations-Unies pour le Développement, cette pauvreté, essentiellement rurale, frappe plus particulièrement les femmes (FOKAM, 2016). Cela peut s’expliquer notamment par l’accroissement des inégalités hommes-femmes dans l’accès au travail. Suite à cette situation, l’on a assisté à l’éclosion et à la prolifération des institutions de microfinance. À cet effet, le microcrédit s’est présenté ainsi comme une solution aux inégalités d’accès à un capital financier, nécessaire au démarrage d’une activité économique. Ainsi, une microfinance au nom du MC² a été mise sur pied pour résoudre le problème de pauvreté prioritairement en milieu rural. Seulement, derrière cette initiative à priori salutaire, se cache une réelle volonté d’accentuer les inégalités socio-économique basées sur le genre, puisque les conditions d’octroi des crédits favorisent plus le genre masculin que les femmes.

Cette communication a pour objectif de montrer comment les conditions d’octroi des crédits par les MC² participent à la marginalisation socio-économique des femmes.

Ce travail s’est fondé essentiellement sur les techniques qualitatives : recherche documentaire des publications et documents utiles existants, observation directe, entretiens semi-directifs avec une dizaine de personnes ressources de ces microfinances et récits de vie avec quelques femmes bénéficiaires des crédits MC2. Ces différentes techniques ont permis d’entrer en profondeur dans la réalité sociale et pouvoir débusquer sa face cachée (Touraine, 1974).

Dans le cadre de cette étude, le site géographique choisi est Baham. Couvrant une superficie de 82km², Baham est limité par les groupements Bamendjou, Batié, Bahouan, Bangou, Dadenkop, Bapa, Bandjoun et Bayangam. Il est le chef-lieu du département des hauts plateaux, né de l’éclatement de l’ancien département de la Mifi. Ce site est choisi parce que, c’est dans cette même localité que la première MC² a été mise sur pied dans les années 1992 avec le soutien technique d’Afriland First Bank et l’ONG ADAF. Baham est enfin un site pilote qui a servi de champ d’expérimentation durant les deux premières années de la mise sur pied des MC².

Pour expliquer cette réalité sociale, deux théories ont été mobilisées à savoir : la théorie de l’analyse critique et l’ethnométhodologie

Les résultats montrent que les femmes ne sont pas les premiers bénéficiaires des crédits octroyés par les MC2 comme ils le font croire. Ils participent davantage à la marginalisation socioéconomique des femmes à cause des conditions drastiques qui sous-tendent l’octroi des crédits. Parmi ces conditions, les plus importantes qu’on peut relever sont : la présentation du titre foncier, la possession d’un compte bancaire d’au moins six mois et l’hypothèque d’un objet de valeur). Or, dans cette aire géographique et culturelle, les femmes remplissent rarement ces conditions en raison de la présence de la logique du patriarcat qui les classe au second rang.


Mot-clé : autonomisation économique, Cameroun, femmes rurales, and Microfinance

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La perception du made in China au Cameroun : entre enthousiasme béat des classes populaires et dénigrement d’une marque de fabrique

La perception du made in China au Cameroun : entre enthousiasme béat des classes populaires et dénigrement d’une marque de fabrique

Auteur(s) : JIE JIE Patrick Romuald ;

Résumé

Bousculant les agendas internationaux du développement et redéfinissant les grands équilibres géopolitiques et économiques, la Chine n’a cessé depuis  quelques années d’élargir son champ d’action et de consolider sa présence en Afrique, traditionnel pré carré des puissances occidentales. Au niveau de la politique internationale, de manière générale la Chine plaide pour une refondation des organisations internationales comme les institutions de Brettons Woods (FMI, Banque mondiale) dans un sens qui reflète mieux l’émergence des nouvelles puissances et le caractère multipolaire du monde au XXIe siècle. L’émergence du marché africain pour la Chine est relativement récente, mais très rapide. On trouve en effet là une adéquation entre des produits de consommation simples et très bon marché : boubous, couvertures, objets en plastique ou en tôle émaillée, jouets, matériel de bureau, motocyclettes, produits électriques pour la maison, et un pouvoir d’achat des consommateurs africains qui exclut les productions occidentales ou japonaises souvent hors de prix. La Chine fabrique aujourd’hui plus de 12 % des produits manufacturés peu sophistiqués dans le monde, et ce, essentiellement pour le marché extérieur. Comme de nombreux pays africains, le Cameroun entretient avec la Chine, une coopération  basée sur le principe du « gagnant-gagnant » avec à la clé de nombreux domaines de coopérations comme l’économie, le social et même les grands projets de développements. Les marchés camerounais se trouvent inondés de biens de consommation made in China, souvent exportés clandestinement, et vendus à des prix tels que les productions locales ne peuvent pas rivaliser. Si dans la société camerounaise, la classe  populaire apprécie le made in China du fait de l’accessibilité des prix, il faut aussi relever que la contrefaçon de motocyclettes ou des marques de textile comme Uniwax fragilise la concurrence locale et inquiète ouvertement les autorités camerounaises. De plus, la toxicité des copies de médicaments, la fiabilité approximative de certains produits made in China poussent régulièrement les institutions internationales  (Banque mondiale et Union européenne), à critiquer la stratégie chinoise en Afrique. Les fabricants chinois sont ainsi perçus comme des fabricants de produits de faible qualité. Toutefois, doit-on objectivement jeter un discrédit sur les produits chinois quand on sait que la Chine est aujourd’hui l’atelier du monde dans bien des domaines ? En  prenant l’exemple du Cameroun, comment les produits chinois sont-ils perçus ? Sur la base de sources écrites, numériques et orales, il conviendra pour nous de démontrer qu’au-delà de leur accessibilité, les produits chinois, s’adaptent aux différentes bourses, d’où la polémique sur leur qualité.


Mot-clé : Cameroun, dénigrement., enthousiasme, made in China, and perception

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Voir le panel « Made in China » dans les ménages africains : valorisations sociales ambivalentes et pratiques de consommation innovantes / « Made in China » in African households: differing social valuations and innovative consumption practices

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L’internationalisation des médias chinois en Afrique subsaharienne à la lumière du concept du sharp power: Une casuistique de l’entreprise StarTimes dans la télédistribution numérique par satellite au Cameroun

L’internationalisation des médias chinois en Afrique subsaharienne à la lumière du concept du sharp power: Une casuistique de l’entreprise StarTimes dans la télédistribution numérique par satellite au Cameroun

Auteur(s) : Eric Moreno Begoude Agoume ;

Depuis l’avènement de la politique du Going global (internationalisation) des entreprises chinoises impulsé par Jiang Zemin en 1995 suite à son mot d’ordre <<sortez! Devenez des acteurs mondiaux>>, la Chine ambitionne rattraper son retard dans l’optique de contrebalancer l’Occident. Aujourd’hui plus qu’hier, l’Empire du Milieu renonce à la philosophie du <<profil bas>> pour le <<rêve chinois>>. Cette nouvelle étiquette de la politique de puissance de la Chine s’opérationnalise tant sur le plan national qu’international avec la mise en oeuvre progressive du projet géopolitique axé sur les nouvelles routes de la soie. En raison de cela, la République populaire de Chine va injecter des capitaux aux confins de ses frontières, et ce, dans les secteurs aussi divers que variés (agricole, énergétique, minier, des transports, des médias etc.). Conscient de l’enjeu que représente la circulation de l’information et les contenus audiovisuels au XXIe siècle, la Chine y attache un interêt particulier dont le but est l’amélioration de son image sur l’échiquier international écornée par les médias du Nord. Forte de la concurrence qui prévaut en Afrique dans le domaine de la télédistribution, Xi Jinping, lors de la tenue du IIe sommet du FOCAC qui eut lieu à Johannesburg du 3 au 5 décembre 2015, plante le décor de la promotion d’une numérisation de la télévision en Afrique avec la mise en place d’un projet intitulé <<Accès à la télévision satellite pour 10000 villages africains>>. Ce projet attribué à l’entreprise privée chinoise StarTimes a pour cible 20 pays africains avec un cout global de 215,87 millions de dollars sur financement exclusif du gouvernement chinois. C’est dans ce cadre que cette multinationale chinoise débourse la somme de 6 milliards de FCFA pour doter 300 villages camerounais de la télévision par satellite. En réalité, cette projection médiatique de la Chine au travers de StarTimes ne rend plus efficacement compte d’un entendement sous le format du soft power mais du sharp power. En clair, c’est un <<pouvoir qui perce, pénètre et perfore l’environnement politique et informationnel des pays ciblés>>. De là, la Chine cherche à imprimer sa nation branding en Afrique et spécifiquement au Cameroun. En vue de réduire la fracture numérique qui sied entre zones urbaines et rurales, cette étude soulève la question de la compétitivité de StarTimes avec pour motif la télédistribution en Afrique et notamment au Cameroun. Pour cela, l’on se pose cette interrogation: Comment la puissance chinoise crédibilise son image internationale en Afrique et particulièrement au Cameroun à partir de la télédistribution? La réflexion s’attèle à partir d’un matériau collecté auprès des responsables de l’entreprise chinoise StarTimes, du Ministère de la Communication et surtout les villages récipiendaires. En convoquant l’analyse qualitative traduite ici par les entretiens semi-directifs sur les acteurs sus-évoqués, cette étude tente de montrer le jeu trouble de l’entreprise chinoise StarTimes forge le voile de la télédistribution de 300 villages camerounais au sujet d’une influence certaine et de la conquête silencieuse d’un éventuel marché médiatique.


Mot-clé : Afrique, Cameroun, médias chinois, sharp power, and StarTimes

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Église, politique et société en postcolonie : les imaginaires du complot autour des assassinats des prélats au Cameroun

Église, politique et société en postcolonie : les imaginaires du complot autour des assassinats des prélats au Cameroun

Auteur(s) : Samnick Denis Augustin ;

Le 02 juin 2017, alors que les Camerounais spéculaient déjà sur une éventuel suicide,  le corps de l’évêque de Bafia (localité située dans la région du centre du Cameroun), Monseigneur Jean-Marie Benoît Balla  avait été repêché dans le fleuve Sanaga, au niveau du pont d’Ebebda1. Dans la foulée de de cette funeste trouvaille, le clergé camerounais, par la voie du président de la conférence épiscopale, Monseigneur Sammuel Cléda rejeta vertement la thèse d’une noyade volontaire du prélat telle que défendue le procureur de la république. Le 02 août 2017, lors de la messe de requiem organisée à la mémoire du défunt, le secrétaire général de la conférence épiscopale Monseigneur Joseph Akonga pointera un doigt accusateur sur « des suppôts de Satan qui tapis dans l’ombre veulent faire du mal à l’église catholique en tuant ses prêtres ». Si cette homélie du secrétaire général avait été saluée par une frange de la population camerounaise, c’est surtout parce qu’elle faisait écho à une interrogation collective sur les assassinats non élucidés des prêtres  depuis plus de trois décennies dans ce pays. La disparition de Monseigneur Benoit Balla en 2017, comme celle des prêtres Engelbert Mveng en 1995, ou  Joseph Mbassi en 1988, sont toujours vécus comme des moments de déchirure sociale, de frustration et de peur généralisée. Aussi bien dans les conversations interpersonnelles que dans les commentaires journalistiques, la mise en récit de l’assassinat des prêtres revêt toujours une part de mystère, de sacrilège, d’indignation vis-à-vis d’un régime que les Camerounais n’hésitent pas à qualifier pour l’occasion de diabolique. Le sang humain  comme celui trouvé sur la tombe de Monseigneur Benoit Balla trois semaines après son enterrement ravive la thèse des rites sacrificielles autour de la mort de ces Hommes de Dieu. De telles profanations qui s’inscrivent dans ce que Achille Mbembé nomme le pouvoir expiatoire de la mort sacrificielle, génèrent un imaginaire du complot et de la méfiance sur lequel le régime autoritaire camerounais s’appuie pour enraciner sa domination et sa durabilité. Les Hommes de pouvoir qui font l’objet de ces imaginaires du complot ne sont plus analysées dans leurs dispositions habituelles à financer l’église, à favoriser son expansion, mais sous  leurs formes prétendument monstrueuses, abjectes et pour ainsi dire sataniques. Sur fond de quels aprioris historiques, sociaux et culturels ces imaginaires du complot autour de l’assassinat des prêtres s’enracinent, s’enrichissent et se contredisent au Cameroun ? En quoi les imaginaires du complot, les polémiques et les réponses gouvernementales  autour de l’assassinat des prélats participent-elles de la domination politique du régime camerounais sur ses citoyens ? A partir des observations participantes par nous conduites en 2017, des entretiens approfondis avec les commentateurs, les journalistes et les universitaires qui ont souvent livré leurs points de vue sur la disparition des prêtres au Cameroun.  Nous analyserons par ailleurs les différentes déclinaisons de la théorie du complot qui découlent de ces assassinats, à l’aune de la théorie nécropolitique et des paradoxes épistémiques dont elle est porteuse.


Mot-clé : assassinat des prélats, Cameroun, Eglise, imaginaires du complot, and politique

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Voir le panel La théorie du complot dans les Afriques mondialisées : discours, imaginaires et enjeux anthro-politiques /

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Le commerce des boissons alcoolisées à Kyé-Ossi: un instrument des échanges informels à la frontière Cameroun-Guinée équatoriale.

Le commerce des boissons alcoolisées à Kyé-Ossi: un instrument des échanges informels à la frontière Cameroun-Guinée équatoriale.

Auteur(s) : Michel Bertin Medjo Medjo ;

Une petite ville camerounaise, également ville-carrefour et tremplin, Kyé-Ossi est distant de trois kilomètres de la frontière gabonaise, dont le rond-point se dresse juste à proximité du poste frontière d’Ebibeyin, ville Équato-guinéenne. Ce carrefour des trois nations constitue de ce fait la porte d’entrée et de sortie des marchandises par voie terrestre entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Équatoriale. Avec son statut de centre urbain et sa position géostratégique, Kyé-Ossi joue le rôle transitaire d’écoulement des produits agricoles et manufacturés à destination de ces deux pays. Ces activités économiques attrayantes à Kyé-Ossi dépendent surtout de la richesse des Équato-guinéens émanant de la découverte du pétrole en 1992 et de l’accessibilité des produits manufacturés d’origine espagnole à l’instar des boissons alcooliques. Cette localité est donc le lieu par excellence pour jouir de cette prospérité voisine du fait de sa position géographique. À cause de la bonne qualité et de l’acquisition des boissons alcooliques à des prix dérisoires en Guinée, le commerce informel avec le Cameroun s’est accru de ce côté de la frontière. Les populations venant de l’hinterland s’en approvisionnent souvent clandestinement à la fois à Kyé-ossi et en Guinée Équatoriale pour revendre à des prix meilleurs dans les villes camerounaises. Dans leurs mobilités les passeurs empruntent les chemins de brousse, les voies fluviales pour rallier la Guinée Équatoriale d’une part et camouflent les boissons sous les sièges des véhicules, dans les valises souvent en complicité avec les acteurs institutionnels pour desservir les villes camerounaises d’autre part. La présente communication ambitionne questionner le fonctionnement de ce commerce informel des boissons alcooliques d’origine espagnoles dans la « dyade » Cameroun-Guinée Équatoriale tout en insistant sur les motivations des différents acteurs de ce phénomène considéré comme déviant par l’État. Pour épuiser la question, les informations collectées dans les livres, les archives et lors des entrevues individuelles sur le terrain constitueront un fond de données qualitatives importantes donnant une dimension empirique à cette étude.


Mot-clé : boissons alcooliques, Cameroun, contrebande., Guinée-Équatoriale, and Kyé-ossi

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Voir le panel Acteurs, modalités matérielles et technologies des circulations dans les Suds / Actors, Materialities and Technologies of Circulations in the Global South

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