Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Les mobilités liées à l’approvisionnement en produits agricoles à l’épreuve des crises sanitaire et sécuritaire au Burkina Faso

Auteur(s) : Cissao Yacouba ;

Cette communication, décrit et analyse les mobilités liées à la circulation des produits agricoles entre la ville de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, et la Côte d’Ivoire, pays voisin. Elle se fonde sur des données issues d’une étude socio-anthropologique auprès des acteurs de la chaîne d’approvisionnement en légumes rencontrés dans le milieu urbain et dans le milieu rural environnant où les productions sont majoritairement faites.  Dans la ville de Bobo-Dioulasso et sa région, la production et la commercialisation de légumes constituent un pan important de son économie à dominante agricole. Cette ville qui abrite des marchés dédiés à la filière des légumes a historiquement joué le rôle de carrefour des circuits commerciaux anciens qui la relient de longue date à des villes de la Côte d’Ivoire et du Mali. La circulation des acteurs de la chaîne d’approvisionnement et des produits dans le temps et dans l’espace révèlent ainsi des modèles de mobilités parmi lesquelles celles à caractère saisonnier sont les plus dominantes. Notons que la circulation des légumes des villages de production à la ville de Bobo-Dioulasso, et de cette ville aux pays voisins du Burkina Faso s’appuie sur diverses infrastructures de transport et de communication mais aussi sur l’existence de réseaux qui lient les acteurs. La crise sanitaire liée à la Covid-19 ayant conduit à une fermeture des frontières terrestres de la Côte d’Ivoire pendant pratiquement trois ans a affecté profondément les mobilités au sein de cette chaîne d’approvisionnement. Bien avant la crise sanitaire, la crise sécuritaire qui a cours au Burkina Faso depuis 2015 avait déjà réduit les possibilités de circulation dans certaines parties du pays où acheteurs et transporteurs de légumes s’approvisionnent en fonction de la période de l’année. Ces différents acteurs ont été  alors contraints de se réinventer pour faire face aux incertitudes liées à ces crises. Le caractère vital de l’approvisionnement en légumes pour l’alimentation des populations impose à ces acteurs de développer en permanence des attitudes de résilience. Face à la multiplication des contrôles sur les axes routiers par exemple, ces derniers s’investissent largement dans des formes d’arrangement avec les agents de contrôle pour rendre possibles leurs mobilités, d’autant plus que ces pratiques avaient déjà cours au quotidien dans les différents corridors. L’existence d’associations ou de syndicats formés par ces acteurs informels accroit leur agentivité et leur permet de négocier leur circulation quotidienne dans le contexte de crise. Quant aux jeunes migrants saisonniers issus des zones périphériques du pays et qui s’investissent majoritairement dans l’empaquetage et dans le chargement des légumes dans la ville de Bobo-Dioulasso, ils sont contraints de se sédentariser dans l’espace urbain lorsqu’ils ne peuvent plus retourner dans leurs villages occupés par les groupes terroristes.


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