Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Consultants et bureaux d’études : une profession mondialisée à l’épreuve des contextes locaux

Consultants and consultancy firms: a globalized profession confronted to local contexts

Auteur(s) : OLIVIER de SARDAN Jean-Pierre ;

Résumé en Français

Ce panel porte sur la profession de consultant pour les institutions de développement, qui d’un côté est mondialisée, formatée et standardisée, et de l’autre côté doit rendre compte des contextes locaux de mise en œuvre des interventions. Les propositions pourront décrire les contraintes qui pèsent sur ce métier, et comment les consultants s’y adaptent ou les contournent, les pratiques quotidiennes des consultants, leur rôle dans la mise en forme et la mise en œuvre des modèles voyageurs, les conflits d’intérêt auxquels ils sont exposés, leurs liens avec le monde de la recherche ou le monde de la décision.

English summary

This panel focuses on the consulting profession for development institutions, which on the one hand is globalized, formatted and standardized, and on the other hand has to report on the local contexts in which interventions are implemented. Proposals may describe the constraints that weigh on this profession, and how consultants adapt to or circumvent them, the daily practices of consultants, their role in the formatting and implementation of traveling models, the conflicts of interest to which they are exposed, their links with the world of research or the world of decision making.


Argumentaire en Français

Nous ne prendrons ici en compte que les consultants et bureaux d’études intervenant dans le domaine de l’ingéniérie sociale (et qui utilisent souvent à cet effet des méthodes issues des sciences sociales) et non tous ceux qui relèvent de l’ingéniérie technique proprement dite.

Dans le monde du développement international, les bureaux d’études et les consultants tiennent désormais un rôle majeur, à différents niveaux, que ce soit pour des études ou du suivi des programmes (études préalables, enquêtes diverses, évaluations, études d’impact), ou au niveau opérationnel (mise en œuvre des programmes).

Il s’agit d’un milieu professionnel particulièrement mondialisé, dans ses personnels (consultants nationaux et consultants internationaux, cabinets et réseaux transnationaux), dans ses champs d’intervention (circulations entre Nord et Sud, intervention dans des pays variés, spécialisations régionales ou thématiques), dans ses compétences (les cadres d’analyse, procédures, outils et méthodes sont souvent standardisés), dans ses financements (par des banques et des agences de développement ou des organisations internationales), dans son langage (la rhétorique universelle des appels d’offre et des soumissions, des termes de référence, des « executive summary », des rapports et des « policy briefs »).

Mais cette profession est en même temps sollicitée pour rendre compte de contextes socio-culturels et politiques particuliers, pour servir de médiation avec des terrains peu connus des décideurs du développement, pour donner accès à des pratiques, des perceptions et des connaissances situées dans des espaces circonscrits très spécifiques, pour négocier avec des acteurs locaux ou même tenter de changer leurs comportements.

Cette inscription des consultants dans les contextes de mise en œuvre des programmes d’ingéniérie sociale, leur rôle majeur dans la confrontation entre les programmes et les contextes locaux, est soumise à de fortes contraintes de temps, de budget et de règles du jeu. Les temps impartis sont souvent très courts, les budgets ne permettent pas des enquêtes en profondeur. Il faut nécessairement « bricoler », se débrouiller, pour produire malgré tout de la connaissance et/ou de l’action, tout en respectant les termes de référence imposés par le bailleur de fonds, qui est ultime maître du jeu.

Comment les consultants (qui sont parfois aussi des chercheurs) gèrent-ils ces contraintes ? Quels types de connaissance produisent-ils ? Comment gèrent-ils leur permanente circulation entre des univers de références très divers ? Comment passent-ils d’un appel d’offre à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un thème à l’autre ? Quelles sont leurs relations effectives avec le monde de la recherche, avec les institutions locales ? Quelles sont les « ficelles » du métier ? Quelle marge de manœuvre ont-ils par rapport à leurs commanditaires, et comment s’en servent-ils ? Dans quels conflits d’intérêt peuvent-ils être impliqués ? Comment vivent-ils la tension entre les exigences internationales de leur métier et les configurations locales qu’ils doivent prendre en compte ? De qui se font-ils (éventuellement) les porte-paroles ? Sont-ils en mesure de documenter les effets inattendus ou pervers d’une intervention ?

Ce panel sera, dans l’esprit du colloque, centré sur une approche ethnographique du métier de consultant, son quotidien, ses routines, ses interactions, ses difficultés, ses normes pratiques.


English argumentary

Only consultants working in the field of social engineering (often using social science methods) will be considered here, and not all those involved in technical engineering proper.

In the world of international development, consultancy firms and consultants now play a major role at various levels, whether for studies or programme monitoring (preliminary studies, various surveys, evaluations, impact studies) or at the operational level (programme implementation).

It is a particularly globalized profession, in its staff (national and international consultants, transnational firms and networks), in its fields of intervention (movements between North and South, interventions in various countries, regional or thematic specializations), in its skills (analytical frameworks, methods, procedures are standardized), in its financing (by banks and development agencies or international organisations), in its language (the universal rhetoric of calls for tenders and bids, terms of reference, logical frameworks, executive summaries, reports, recommendations and policy briefs).

At the same time, however, this profession is also called upon to report on particular socio-cultural and political contexts, to provide practical knowledge on areas little known by development decision-makers, to negotiate with local actors or even to try to change their behaviour.

The major role of consultants in the confrontation between programmes and local contexts, is subject to strong constraints of time, budget and rules of the game. Time constraints are often very short, and budgets do not allow for in-depth investigations. It is necessary to “tinker”, to get by, to produce knowledge and/or action in spite of everything, while respecting the terms of reference imposed by the donor, who is the ultimate master of the game.

How do consultants (who are sometimes also researchers) deal with these constraints? What types of knowledge do they produce? How do they manage their permanent circulation  from one call for tenders to another, from one country to another, from one theme to another? What are their effective relations with the world of research, with local institutions? What are the “tricks” of the trade?  What room for manoeuvre do they have in relation to their funders, and how do they use it? What conflicts of interest can they be involved in? How do they experience the tension between the international requirements of their profession and the local configurations they have to take into account? Who do they speak for ? Are they able to document the unexpected or perverse effects of an intervention?

This panel will, in the spirit of the conference, focus on an ethnographic approach to the profession of consultant, its daily life, routines, interactions, difficulties and practical norms.


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