Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Discours, pratiques et outils de la relation migrations/développement : circulations, innovations et résistances au Sud Global

Narratives, practices and tools of the migration-development nexus: circulations, innovations and resistances in the Global South

Auteur(s) : Vincent-Mory Claire ; Breda Giulia ;

Résumé en Français

Comment circulent les textes, pratiques et outils de la relation entre migrations et développement ? Ce panel propose d’analyser les processus d’imposition, de traduction ou d’hybridation, des « modèles voyageurs », mais aussi les expériences d’appropriation ou de résistance, vécus par toutes les catégories d’acteurs impliqués dans la gouvernance de la relation migrations/développement, particulièrement au Sud Global. Il examine la circulation transnationale des textes et des propos de référence pour les praticiens du développement du Sud global ; la performation des outils techniques et gestionnaire, des modèles et des « bonnes pratiques » ; les transformations des catégories de passeurs.

English summary

How do texts, practices and tools related to the “migration and development” debate circulate? This panel offers to analyse the processes of imposition, translation or hybridization, along with “travelling models”, and the appropriation or resistance experiences of the different categories of actors involved in migration/development governance. We examine the transnational circulation of texts and narratives that have become references for development practitioners in the Global South; the performativity of technical and managerial instruments, case models and “good practices”; the changes in the intermediaries and brokers categories.


Argumentaire en Français

La relation entre migrations et développement est un objet de débat qui a fait carrière dans les champs académiques, institutionnels et associatifs. Entre « Nord » et « Sud », aux échelons locaux, nationaux et supranationaux, la circulation de différentes expressions en témoigne, comme le (co)développement, le migration and development nexus, le modèle triple win, les remises ou transferts des diasporas… Chacun à leur manière, ces éléments de langage désignent des pratiques transnationales impliquant, d’une manière ou d’une autre, des personnes migrantes ou des initiatives politico-institutionnelles dont elles sont la cible. Depuis 20 ans, des rapports d’experts, des travaux académiques et des politiques publiques ont mis en place des dispositifs et des outils spécifiques (appels à projets dédiés, lignes de financements, documents de référence, instruments bancaires, etc.), mais aussi sélectionné et promu des « bonnes pratiques » et des success stories. Ce faisant, ils favorisent la circulation d’une série de modèles, normes et répertoires d’action encadrant la bonne façon d’entretenir des liens transnationaux, pour les acteurs identifiés comme « migrants » ou « de la diaspora ». Cette circulation joue enfin un rôle décisif dans la régulation multi-niveaux de la coopération au développement.

Comment circulent les textes, pratiques et outils de la relation entre migrations et développement ? Ce panel invite les enquêtes ethnographiques analysant des processus d’imposition, de traduction ou d’hybridation, des « modèles voyageurs », mais aussi des expériences d’appropriation ou de résistance, vécus par toutes les catégories d’acteurs impliqués dans la gouvernance de la relation migrations/développement : acteurs inter-étatiques, étatiques, élus ou agents publics locaux, acteurs privés (chercheurs, experts, acteurs associatifs – de la diaspora ou non – entrepreneurs, courtiers, etc.). Nous sommes particulièrement intéressées par des recherches qui s’éloignent d’une lecture économiciste de la relation migrations/développement. Les analyses de cas de circulations à l’intérieur du Sud Global, ou de cas de contre-discours ou discours alternatifs en matière de migrations et développement, ou encore de recompositions de l’articulation entre acteurs étatiques et non-étatiques, seront privilégiées.

Un premier axe s’intéresse à la circulation des travaux scientifiques, des expertises institutionnelles et des discours politiques promouvant la relation entre migrations et développement. Pour les praticiens du développement au Sud global, quels textes et quels propos font référence ? Les études empiriques analysant la carrière transnationale de ces références, y compris dans une perspective historique, ont ici toute leur place. L’introduction et les formes d’appropriation de nouvelles références, les opérations de transcodage, comme les mises à l’écart et les abandons de références, sont autant de processus sociaux décisifs dans la fabrique concrète, locale et située d’un « développement porté par les migrants ».

Un deuxième axe est centré sur la circulation des pratiques auprès des acteurs du champ de la migration et du développement. Nous accueillons les ethnographies observant comment les outils (appels à projets, supports techniques et gestionnaires, outils TIC, etc.), les modèles et les « bonnes pratiques » circulent et sont performées sur différents terrains. Il s’agira ainsi de contribuer à l’examen du processus de bureaucratisation globale des opérations de coopération au développement, en interrogeant à la fois ses effets sur les pratiques identifiées comme relevant de la relation entre migrations et développement, mais aussi ses déclinaisons concrètes et situées, par exemple dans des arènes politiques locales, des réseaux associatifs territoriaux ou des cas concrets de projets de coopération au développement.

Un troisième axe aborde la question des passeurs : qui fait usage et qui fait circuler les normes, les rhétoriques et les outils du codéveloppement ? Qui autorise, interdit, sélectionne ce qui circule ? Des travaux ont étudié le rôle des migrants et des diasporas, mais aussi celui des courtiers du développement, essentiellement dans une relation de face-à face entre des Nords Occidentaux et des Suds Africains. Dans le contexte actuel de renforcement des partenariats publics et privés entre pays du Sud, qui sont les nouveaux courtiers, et comment font-ils usage des outils et des discours du codéveloppement développés dans d’autres espaces ? Quelles continuités, différences ou concurrences peut-on observer entre passeurs Nord-Sud et passeurs Sud-Sud ? Enfin, d’autres catégories de passeurs mériteraient d’être étudiés davantage, comme les agents publics des collectivités territoriales, les agents bancaires, mais aussi les formateurs aux techniques et aux métiers du développement (dans les espaces associatifs, administratifs ou académiques), aux Suds en particulier.


English argumentary

The relationship between migration and development is a topic of debate that has made its way in the academic, institutional and associative fields. As a result, we can observe the circulation of different expressions between “North” and “South”, at the local, national and supra-national levels, such as (co-)development, migration and development nexus, the triple win model, remittances or transfers of diasporas. These expressions designate transnational socio-economic practices involving, in one way or another, migrants or political and institutional initiatives targeting them. Over the past 20 years, expert reports, academic work and public policies have set up specific mechanisms and tools (dedicated calls for projects, financing lines, reference documents, banking instruments, etc.), but they also selected and promoted “good practices” and success stories. In doing so, they have produced and supported the circulation of a series of models, norms and action directories framing the right way to maintain transnational ties, for actors identified as “migrants” or “diaspora”. Eventually, they play a decisive part in the multi-level governance of development cooperation.

How do texts, practices and tools related to the “migration and development” debate circulate? This panel invites ethnographic surveys analysing processes of imposition, translation or hybridization, along with “travelling models”. We seek to analyse appropriation or resistance experiences of the different categories of actors involved in the migration/development governance, such as state actors, inter-governmental bodies, local elected officials or public officers, private and civil society actors (researchers, experts, associative actors – diasporic or not – entrepreneurs, brokers, etc.). Contrasting with migration and development studies generally focusing on economic remittances and caught up in a political-institutional and academic mix up, we are particularly interested in researches focusing on the circulations within the Global South, or highlighting counter-discourses and alternative discourses of the migration and development nexus, or examining the changes and adjustments of the articulations between state and non-state actors.

A first axis concerns the diffusion of academic studies, institutional expertise and political discourses promoting the migration-development relationship. Which texts and narratives have become references for development practitioners in the Global South? Empirical studies analysing the transnational carriers of these references, including historical perspectives, will be examined with particular attention. The introduction and appropriation of new references, the transcoding operations, along with the distancing or abandonment of references, are all highly relevant and decisive social processes in the practical and locally-based “migrant-led development”.

A second axis discusses the circulation of the working practices of “codevelopment” actors. We welcome ethnographies on tools (call for projects, technical and managerial instruments, ICT equipments, etc.), models and « good practices », that are disseminated and performed in various fields and situations. Such researches could contribute to the understanding of the global bureaucratisation process of the cooperation for development, by interrogating its implementation and effects on social and historical facts falling into the migration and development nexus. Local political arenas, territorial associative networks, or specific development projects could be relevant case studies.

A third axis addresses the subject of intermediaries: who uses and passes on the migration and development norms, rhetorics and instruments? Who sanctions, forbids or picks what circulates? The growing literature on that matter usually focuses on the participation of migrants and diasporas, along with the development brokers’ one, and mostly considers the Western-North/African-South face-to-face relationship. In the current context of reinforcement of public-private partnerships between Southern countries, who are the new brokers, and how do they use the codevelopment tools and narratives? What continuities, differences or competition can be identified between North-South and South-South intermediaries? Finally, other categories of intermediaries would benefit from greater scientific attention, such as public officers in local administrations and governmental bodies, banking officers, but also trainers and instructors for development techniques, skills and trades (in the voluntary, administrative or academic sectors), particularly in the Global South.


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