Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Le travail de la dette et des droits : se reproduire dans un monde financiarisé et bureaucratisé

The work of debt and the work of rights: securing livelihoods in a financialized and bureaucratized world

Auteur(s) : Destremau Blandine ; Guérin Isabelle ; Guérin Timothée ;

Résumé en Français

Dans des environnements de plus en plus financiarisés et bureaucratiques, se procurer des moyens d’existence implique ou renforce des tâches d’accès aux droits et de gestion des dettes. Chronophages, répétitives, exigeant des compétences multiples et sources de valeur d’usage et d’échange, ces tâches s’apparentent à un réel travail. Ce panel discutera du contenu matériel, social et émotionnel de ces formes de travail, les compétences, temporalités, circulations qu’elles mobilisent, les formes d’accumulation, de dépossession ou de survie qu’elles produisent, les rapports sociaux qu’elles déploient et qu’éventuellement elles reconfigurent et enfin la manière dont elles s’articulent et contribuent à la reproduction d’Etats bureaucratisés et du capitalisme financiarisé.

English summary

In increasingly financialized and bureaucratic contexts, securing a livelihood involves or intensifies the tasks needed to access rights and manage debts. These tasks are time-consuming, repetitive, they require multiple skills and they produce use value and exchange value. So these are proper forms of work. This panel will discuss the material, social and emotional content of these forms of work, the skills, temporalities, and circulations they mobilize, the forms of accumulation, dispossession, or survival they produce, the social and power relations they deploy, and possibly reconfigure, and finally, the way they articulate and contribute to the reproduction of bureaucratized states and financialized capitalism.


Argumentaire en Français

Dans des environnements de plus en plus financiarisés et bureaucratiques, se procurer des moyens d’existence implique des formes de travail dont les concepts habituels de sciences sociales (production/reproduction ; travail rémunéré/travail domestique, etc.) peinent à rendre compte. Néanmoins, des travaux ethnographique en cours mettent au jour deux formes de travail qui émergent, se renouvellent ou s’intensifient : face à la bureaucratisation (et la digitalisation) des Etats et des politiques sociales, le travail des droits (démarches administratives, lettres, négociations, suppliques, pétitions, manifestations, transactions, clientélisme, enquêtes, procédures en ligne, travail de la preuve d’éligibilité) ; face à la financiarisation des sociétés et l’endettement des familles qui en résulte, le travail de la dette (emprunter, rembourser, compter, calculer, mémoriser, prévoir, se mettre en relation, négocier, jongler, payer). Ces tâches sont chronophages, répétitives, exigent une vaste palette de compétences, savoir-faire et savoir-être, tout en créant de la valeur d’usage et d’échange. C’est pourquoi nous suggérons de les qualifier de travail. Au même titre que le travail domestique et de care, ces tâches sont bien souvent réalisées par les femmes, et plus encore des femmes de milieux populaires et catégories sociales subalternes.

Ce panel propose de regrouper des travaux ethnographiques sur ces formes émergeantes ou intensifiées de travail. Au croisement des axes 2 (travail et capitalisme) et 4 (rapports de pouvoir au travail), nous invitons les participant.es à venir discuter de leurs travaux autour des questions suivantes :

  • Quelle est la dimension matérielle, sociale et émotionnelle de ces formes de travail et les compétences, temporalités, circulations qu’elles mobilisent ?
  • Quelles sont les formes d’accumulation, de dépossession ou de survie qu’elles produisent ?
  • Quelles sont les rapports sociaux de genre, classe, générations, « ethnicité », « race », caste, religion, territoire ou autres qu’elles déploient et qu’éventuellement elles reconfigurent
  • Quelles définitions et frontières donner à ces formes émergentes ou intensifiées de travail ?
  • Comment ces formes de travail, à l’échelle macro, s’articulent et contribuent à la reproduction d’Etats bureaucratisés et du capitalisme financiarisé ?

Merci de nous envoyer un résumé d’entre 100 et 300 mots, aux adresses  blandine.destremau@gmail.com, timothee.narring@gmail.com, isabelle.guerin@ird.fr, intitulé « proposition colloque APAD », avant le 30 novembre 2023.


English argumentary

In increasingly financialized and bureaucratized contexts, securing one’s livelihood involves forms of work that the usual social science concepts (production/reproduction; paid work/domestic labor, etc.) struggle to account for. Nevertheless, current ethnographic work is revealing two forms of work that are emerging, renewing, or intensifying: first, the work of rights (administrative procedures, letters, negotiations, supplications, petitions, demonstrations, transactions, clientelism, surveys, online procedures, the work of proof of eligibility), to cope with the increasing bureaucratization (and digitalization) of states and social policies; second,  the work of debt (borrowing, repaying, counting, calculating, memorizing, forecasting, relating, negotiating, juggling, paying), to cope with the increasing financialization of societies and the booming of household debt as a result. These tasks are time-consuming, repetitive, and require a wide range of skills, know-how, and interpersonal skills, while at the same time creating use and exchange value. That’s why we suggest calling them work. Like domestic and care work, these tasks are very often performed by women, and even more so by women from working-class backgrounds and subaltern social categories.

This panel brings together ethnographies dealing with these emerging or intensified forms of work. At the crossroads of axes 2 (work and capitalism) and 4 (power relations at work), we invite participants to discuss their field data around the following questions:

  • What are the material, social and emotional dimensions of these forms of work, and the skills, temporalities, and circulations they mobilize?
  • What forms of accumulation, dispossession, or survival do they produce?
  • What social relations of gender, class, generation, “ethnicity”, “race”, caste, religion, territory, or other do they deploy and possibly reconfigure?
  • What definitions and boundaries should be given to these emerging or intensified forms of work?
  • How do these forms of work, on a macro scale, articulate and contribute to the reproduction of bureaucratized states and financialized capitalism?

Please send us an abstract of between 100 and 300 words, to blandine.destremau@gmail.com, timothee.narring@gmail.com, isabelle.guerin@ird.fr, entitled “proposition colloque APAD”, by November 30, 2023.


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