Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

L’émergence de la Chine et la reconfiguration du travail et de l’emploi dans le Sud Global.

Chinese emergence and the reconfiguration of work and employment in the Global South.

Auteur(s) : Kernen Antoine ; Amougou Gérard ;

Résumé en Français

La présence chinoise dans les pays du Sud impacte le monde de l’emploi et du travail et reconfigure en même temps les dynamiques internes de formation de l’Etat et les rapports classiques Nord-Sud. En partant d’une l’approche inductive et compréhensive, cet atelier envisage d’explorer au ras-du-sol comment les emplois induits par l’émergence de la Chine permet de poser un regard décalé sur la configuration des sociétés du Sud Global.

English summary

China’s presence in the countries of the South is having an impact on the world of employment and work, while at the same time reconfiguring the internal dynamics of state formation and traditional North-South relations. Using an inductive and comprehensive approach, this workshop will explore how the jobs created by the emergence of China provide an opportunity to take a fresh look at the configuration of societies in the Global South.


Argumentaire en Français

Le développement économique de la Chine et son rôle politique grandissant dans l’économie mondiale a un impact direct sur l’emploi à travers l’internationalisation des entreprises chinoises. Toutefois, l’impact de la Chine dans le Sud Global ne se limite pas à la création d’emplois par ces nouveaux acteurs économiques. D’une manière plus large, un large éventail d’activités économiques sont rendues possible par le commerce de produits chinois. L’émergence économique et politique de la Chine offre de nouvelles opportunités dont des individus se saisissent et qui contribuent à remodeler l’environnement du travail et de l’emploi dans le Sud Global. En élargissant la perspective, il est ainsi possible de considérer l’ampleur des transformations induites dans le Sud Global par l’émergence de cette nouvelle puissance mondiale. Ainsi l’emploi et le travail sont des excellents points de départ analytiques pour réfléchir à l’impact de la Chine sur la transformation des sociétés du Sud Global.

L’internationalisation d’entreprises chinoises conduisent à la création d’emploi dans les secteurs où ses entreprises sont présentes. Sans pouvoir être exhaustif au vu de la multiplicité des situations, relevons simplement ici que le type d’emploi et les conditions de travail seront très différentes suivant les secteurs et la dimension des entreprises concernées. Certaines multinationales chinoises actives dans les Telecom semblent mettre en place une véritable stratégie de formation visant à localiser davantage son personnel et ainsi réduire leur coût (Lam &Kernen 2014). Rien de tel dans le secteur du BTP où les emplois sont précaires et limités à la durée d’un chantier (Amougou, Kernen et Nkot, 2022). La réalité est encore différent dans le secteur des mines, de l’agriculture, de la pêche ou dans d’autres secteurs où des multinationales chinoises sont présentes.

Les emplois créés par les entreprises chinoises ne se limitent toutefois pas à ce type d’acteurs, puisque la présence chinoise dans le Sud Global se caractérise aussi par une multiplicité de petits investissements dans le commerce, les services, l’hôtellerie, la restauration, ou encore l’industrie et l’agriculture. Là encore, le type d’emplois et les conditions de travail varient.

Enfin, pour comprendre l’ampleur des transformations en cours, il est nécessaire de mieux identifier les emplois induits par l’émergence de la Chine. Des travaux existent déjà autour de l’impact des produits sur le développement d’activités commerçantes (Mohamad-Khan & Kernen 2023), mais de nombreuses autres activités existent.

Cette nouvelle réalité du travail et de l’emploi est engendrée par les investissements chinois et par l’agenceité des acteurs locaux qui parviennent à capitaliser les certaines failles ouvertes par la projection chinoise en Afrique. Nous aurons à cœur dans cette atelier de garder un focus sur le rôle des autorités nationales et locales pour permettre de dépasser une opposition entre patron chinois et employés. Il s’agit par exemple d’explorer les reconfiguration de la régulation des rapports entre les employés et les autorités ou agents étatiques qui peut déboucher parfois sur de nouvelles conventions de travail ou la reformulation de normes existantes. Il s’agit en outre d’examiner comment, dans des domaines comme la médecine « traditionnelle » chinoise, l’importation ou encore l’appropriation des technologies électroniques et du froid par des acteurs sociaux du Sud, des expériences d’individuation et des prémices de subjectivation permettent en retour de saisir des dynamiques inédites de formation de l’Etat.

Cet atelier sur la reconfiguration du travail et de l’emploi dans le Sud Global pose des questions fondamentales sur la transformation de ces sociétés, et qui résonnent en même temps avec la perspective d’une sociologie globale (Pleyers, 2023). La présence chinoise renforce-t-elle ou non la précarisation de l’emploi dans le Sud Global ? Suscite-t-elle ou non de nouvelles opportunités de travail dans ces pays où le taux de chômage est souvent élevé ? Les entreprises chinoises offrent-elles ou non de meilleures conditions de travail ? Comment les travailleurs et entrepreneurs locaux perçoivent la présence des entreprises chinoises ? Quels types de rapports sont noués avec les autorités et/ou les administrations dans le cadre des politiques du travail et de l’emploi ? Les Etats du Sud se retrouvent-ils renforcés ou non par la présence chinoise ? Dans quelle mesure le monde du travail dans le Sud Global se retrouve impacté par la prolifération des entreprises chinoises ? Comment le secteur du travail permet-il de renouveler le regard sur la projection chinoise dans le Sud Global, par-delà certains clichés ou idées reçues ? Cet atelier ouvre aussi sur des questionnements plus large. L’impact de la Chine, et d’autres puissance émergente contribue-t-il à redéfinir la division internationale du travail qui a caractérisé les rapports Nord/Sud depuis les indépendances ?

En un mot, les contributions à venir doivent pouvoir poser un regard neuf, quoique décalé, sur la manière dont la présence chinoise bouleverse ou non la configuration des sociétés du Sud Global en prenant le champ du travail et de l’emploi comme curseur analytique.


English argumentary

China’s economic development and growing political role in the global economy has a direct impact on employment through the internationalisation of Chinese companies. However, China’s impact on the Global South is not limited to job creation by these new economic players. More broadly, a wide range of economic activities are made possible by trade in Chinese products. China’s economic and political emergence offers new opportunities that are being seized by individuals and are helping to reshape the work and employment environment in the Global South. By broadening the perspective, it is possible to consider the scale of the transformations brought about in the Global South by the emergence of this new world power. Employment and labour are therefore excellent analytical starting points for considering the impact of China on the transformation of societies in the Global South.

The internationalisation of Chinese companies is leading to job creation in the sectors in which these companies operate. Without being able to be exhaustive in view of the multiplicity of situations, let us simply point out here that the type of employment and working conditions will be very different depending on the sectors and the size of the companies concerned. Some Chinese multinationals active in telecoms seem to be implementing a genuine training strategy aimed at localising more of their staff and thus reducing their costs (Lam &Kernen 2014). This is not the case in the construction sector, where jobs are precarious and limited to the duration of a project (Amougou, Kernen and Nkot, 2022). The reality is even different in mining, agriculture, fishing and other sectors where Chinese multinationals are present.

However, the jobs created by Chinese companies are not limited to this type of player, since the Chinese presence in the Global South is also characterised by a multiplicity of small investments in trade, services, hotels, restaurants, industry and agriculture. Here again, the type of jobs and working conditions vary.

Finally, to understand the scale of the transformations underway, we need to better identify the jobs created by China’s emergence. Work has already been done on the impact of products on the development of trading activities (Mohamad-Khan & Kernen 2023), but there are many other activities.

This new reality of work and employment is generated by Chinese investment and by the agency of local players who manage to capitalise on certain loopholes opened up by China’s projection in Africa. In this workshop, we will be focusing on the role of national and local authorities in helping to overcome the opposition between Chinese bosses and employees. For example, we will explore the reconfiguration of the regulation of relations between employees and state authorities or agents, which can sometimes lead to new labour agreements or the reformulation of existing standards. We will also be looking at how, in areas such as ‘traditional’ Chinese medicine, imports and the appropriation of electronic and refrigeration technologies by social actors in the South, experiences of individuation and the beginnings of subjectivation can in turn be used to understand new dynamics in the formation of the State.

This workshop on the reconfiguration of work and employment in the Global South raises fundamental questions about the transformation of these societies, which resonate at the same time with the perspective of a global sociology (Pleyers, 2023). Does the Chinese presence reinforce the casualisation of employment in the Global South or not? Does it or does it not create new job opportunities in countries where unemployment is often high? Do Chinese companies offer better working conditions or not? How do local workers and entrepreneurs perceive the presence of Chinese companies? What types of relationship are established with the authorities and/or administrations in the context of labour and employment policies? Are the southern states strengthened or not by the Chinese presence? To what extent is the world of work in the Global South affected by the proliferation of Chinese companies? How can the labour sector help us take a fresh look at China’s projection in the Global South, going beyond certain clichés or preconceived ideas? This workshop also opens up broader questions. Is the impact of China and other emerging powers helping to redefine the international division of labour that has characterised North/South relations since independence?

In a nutshell, the forthcoming contributions should be able to take a fresh, albeit offbeat, look at the way in which the Chinese presence is or is not disrupting the configuration of societies in the Global South, taking the field of work and employment as the analytical cursor.


Communications du panel

Ce panel ne contient pas (encore) de communications

Proposer une communication dans ce panel / Submit a proposal in this panel

Contacter les responsables du panel par email / Contact the panel conveyor by email


Voir tous les panels du colloque Au prisme du travail : capitalisme, développement et changement social dans le Sud global