L’exclusion ordinaire : une politique humanitaire à la frontière colombo-vénézuélienne ?
Auteur(s) : GARLIN POLITIS Fernando ;
Depuis la crise migratoire des Vénézuéliens en 2016, plusieurs gouvernements d’Amérique Latine ont mis en place des mesures afin de « contrôler » et « gérer » les flux des personnes migrantes arrivant dans leurs pays. Des « visas humanitaires » ont été émis avec le but de « réguler » la situation des Vénézuéliens en Équateur, au Chili et au Pérou. Pourtant, le pays qui reçoit le plus grand nombre de migrants Vénézuéliens, la Colombie, n’a pas suivi cette démarche, en gardant une politique d’ouverture qui contraste avec ces mécanismes de triage. En effet, le gouvernement colombien a mis en place un programme de légalisation du statut de tous les migrants, permettant leur accès au marché de travail. Pourtant, le choix de « normalisation » du statut des Vénézuéliens en Colombie se heurte à la dynamique actuelle à la frontière.
Tout autour des municipalités frontalières, des groupes armés et paramilitaires se livrent régulièrement à des pratiques telles que le trafic d’armes et de personnes, la contrebande d’essence, ainsi que le narcotrafic. Ces structures paramilitaires réglementent le transit des personnes et pratiquent des extorsions régulières que la population migrante comprend comme des impôts. Face à cette dynamique, la réponse de l’État en matière d’« inclusion » des migrants semble une stratégie pour maintenir une politique de l’« ordinaire » dans des situations de « crise ». Cette normalité se construit sur un récit de migrants ayant besoin de solidarité et d’aide humanitaire, mais sans les mesures sociales ou politiques qui auraient un impact sur un pays souffrant du plus grand déplacement interne au monde. De ce fait, les migrants à la frontière dépendent principalement des économies informelles, illégales ou humanitaires comme autant de formes ordinaires de survie. La mobilité offerte par une politique libérale d’intégration est donc entravée par la précarité de l’emploi et l’exploitation. Comme l’a observé Sandro Mezzadra (2017) à partir d’autres terrains, ces tensions et conflits ne sont pas seulement visibles aux frontières, mais aussi dans d’autres régions et avec d’autres populations en Colombie.
À partir d’une ethnographie réalisée à Bogotá, la capitale de la Colombie, et à Cúcuta et La Guajira, villes frontalières, je cherche à comprendre comment l’aide humanitaire s’articule avec une supposée politique d’inclusion dans des territoires frontaliers marqués par la violence, la discrimination et la précarité
Mot-clé : Colombie, exclusion, Frontière, migration, and Venezuela
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