Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Produire la connaissance aux Suds : savoirs, étudiants et enseignants (du supérieur)

Auteur(s) : Eyebiyi Elieth ; Vari-Lavoisier Ilka ;

Résumé en Français

Ce panel entend questionner les enjeux de la production de connaissances et de savoirs dans un contexte de mobilités accrues dans et entre les pays du Suds. Une attention particulière sera accordée aux études de cas portant sur les pays émergents et les destinations peu étudiées à ce jour, telles que les pays du Moyen et Proche Orient et les BRICS. Les expériences de ‘’transferts’’ de savoirs entre espaces circulatoires, se basant sur des données empiriques originales, sont particulièrement bienvenues.


Argumentaire en Français

La question des mobilités étudiantes n’est plus nouvelle dans l’analyse des migrations et des mobilités. Si elles sont de plus en plus évoquées sous l’angle des circulations, les migrations estudiantines n’en demeurent pas moins généralement analysées au prisme des circulations Nord/Sud – occultant l’essentiel des circulations qui ont lieux aux Suds, malgré leur importance tant en termes de statistiques qu’en termes de contribution à la diffusion et diversification des connaissances.

Ce panel propose de réexaminer les mobilités étudiantes et la formation aux Suds, sous l’angle des circulations. Il s’agira d’analyser le rôle et la place des acteurs des pays dits des Suds dans ces circulations, les formes que prennent ces circulations, les transferts de politiques auxquelles
elles donnent lieu dans le monde de l’enseignement supérieur en particulier, ou encore la question des libertés académiques. Ce panel entend encourager une discussion critique basée sur des données de terrain relatives à la production de savoirs dans les systèmes éducatifs et de
formation (public, privé, religieux ou laïc). L’objectif est de mettre en dialogue les multiples mécanismes de circulation des savoirs à l’intérieur des Suds, des Suds vers les Nords ou des Nords vers les Suds, sans exclure des travaux sur la contribution des mondes non universitaires
à la production de connaissances (ateliers de formation, formations techniques en entreprise, renforcement de capacités par les entreprises de consultance, etc.).

Un autre axe pourrait concerner la production des imaginaires à partir des connaissances dans les curricula enseignés dans les écoles, collèges et lycées sur le continent africain, en particulier à partir de contenus considérés comme ‘’exogènes’’ et parfois mis en concurrence avec les savoirs dits ‘’endogènes’’.

Les acteurs à l’oeuvre de ces dynamiques relèvent par ailleurs de diverses trajectoires professionnelles, scientifiques, techniques et autres, qui mériteraient d’être étudiés à travers l’analyse de l’intégration de leurs apports à l’imaginaire projeté sur les ‘’Suds’’. Dans cette optique, les contributions des chercheurs et enseignants de la diaspora issus des Suds aux systèmes éducatifs et aux mondes de la formation pourront être examinées de manière pluridisciplinaire.

Dans quelles mesures les normes et outils de gouvernance des mobilités étudiantes, et les politiques publiques ayant trait à la formation, circulent-elles entre Afrique, Asie et Amérique latine ? Dans quelles mesures les pays des Suds organisent (ou non) la circulation des savoirs, dans un contexte d’émergence de nouveaux pôles de formation ? Enfin dans quelle mesure et selon quelles motivations des étudiants ou des enseignants non africains font-ils le choix d’aller étudier (ou enseigner) dans les pays des Suds ?

Une attention particulière sera accordée aux études de cas portant sur les pays du Moyen et Proche Orient, les BRICS, les pays émergents et les destinations peu étudiées à ce jour. Les expériences de ‘’transferts’’ de savoirs entre ces différents espaces circulatoires sont bienvenues et les analyses critiques, dé-coloniales et empiriques vivement encouragées.

Références :

De Saint Martin, Monique, Grazia Scarfo Ghellab, and Kamal Mellakh. Étudier à l’Est. Expériences de diplômés africains. Karthala, 2015.
Dia, H. et L. Ngwe. ‘Les circulations des enseignants et chercheurs africains’, Revue d’anthropologie des connaissances, 2018, vol. 12, no 4, p. 539-551.

Eyebiyi, E. P., ‘La formation des cadres béninois dans les pays de l’Est. Expériences biographiques en URSS et en Bulgarie entre 1980 et 1994’, in De Saint Martin, Monique, Grazia Scarfo Ghellab, and Kamal Mellakh. Étudier à l’Est. Expériences de diplômés africains, Karthala, 2015.

Eyebiyi, E. P., ‘Mondialisation, savoirs et marché : le privé vient-il vraiment à la rescousse du public au Bénin ? » in Leclerc-Olive, M. G. ScarfÒ Ghellab & A.-C. Wagner (dir.), 2011. Les mondes universitaires face au marché : circulation des savoirs et pratiques des acteurs, Paris : Karthala, p. 193-208.

Eyebiyi, E. P. et S. Mazzella, ‘Introduction: Observer les mobilités étudiantes Sud-Sud dans l’internationalisation de l’enseignement supérieur’, Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, 2014, no 13, p. 7-24.

Eyebiyi, E. P. & A. Mendy (eds.), Migrations, mobilités et développement en Afrique – Tome I : Mobilités, circulations et frontières, Ottawa : Lasdel & Daraja Press, 294p. Gueye, A. L’engagement des universitaires africains expatriés dans l’enseignement supérieur en Afrique. Revue d’anthropologie des connaissances, 2018, vol. 12, no 4, p. 553-579.

Gueye A., M. Okyerefo, P. Diédhiou & A. Bogale, De la dépendance vis-à-vis de l’Occident à l’expression du besoin de diaspora intellectuelle africaine. L’Université africaine et les défis de son développement, Dakar : CODESRIA, 2019

Jenny J. Lee & Chika Sehoole, ‘Regional, continental, and global mobility to an emerging economy: the case of South Africa’, Higher Education, 2015, Vol. 70, Issue 5, pp 827–843

 


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