L’emploi dans le secteur public en RDC a connu une expansion considérable sur les vingt dernières années, rendue possible par la reconstitution du budget de l’État. Principal employeur dans le secteur formel, le secteur public reste néanmoins caractérisé par de nombreux problèmes qui limitent fortement sur l’efficacité de l’action publique et la délivrance de services publics. Le secteur de la santé constitue un cas emblématique des faiblesses de la gestion administrative, et du poids écrasant que fait peser la politique sur celle-ci.

Cette contribution a pour objectif d’analyser les grandes lignes de la gestion du personnel du secteur, afin de dégager les mécanismes qui structurent le marché du travail dans la santé. En effet, l’expansion de l’emploi public est en partie lié à une production débridée de personnel de santé, fruit de la libéralisation de l’enseignement supérieur et de la prolifération des institutions de formation, qui, en inondant le marché du travail de diplômés, font monter la pression sur les acteurs politiques pour qu’ils usent de leur influence pour faciliter le recrutement ; le résultat net est un désordre terrible en matière de recrutement et d’affectations (avec une augmentation des effectifs du secteur de 86.000 en 2008 à plus de 250.000 en 2023), qui a son tour rend le suivi, la rémunération, et la gestion des personnels de santé extrêmement difficile, tout en faisant peser des retombées graves sur le fonctionnement des établissements de santé et l’offre de soins.

Nous nous efforcerons de montrer que le marché du travail est ainsi caractérisé à la fois par des processus de segmentation (liés aux types d’emploi et aux études ; au différents secteurs : pyramide administrative, projets PTF et ONG, et établissements de soins ; et à des inégalités spatiales et géographiques : pléthores dans les villes VS désertification bureaucratique des milieux ruraux) et de fragmentation (dont les marqueurs saillants sur lesquels nous insisterons sont le « branchement », c’est-à-dire les relations patron-client, liés aux affinités ethniques, familiales, mais aussi au monnayage et aux recommandations ; et la problématique connexe de la politisation, étroitement liée à la ponction des ressources du secteur).

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