« De l’Université, au Think tank, au ministère. Trajectoires professionnelles de consultantes sénégalaises en environnement »
Auteur(s) : Aguillon IRD Marie-Dominique IRD ;
Elles sont trentenaires, sénégalaises, titulaires d’un doctorat en sciences sociales (économie, sociologie, géographie), elles sont issues d’horizons et de milieux sociaux divers. Elles travaillent comme consultantes pour des think tanks africains spécialisés sur le monde rural, des laboratoires de recherche, des organisations internationales ou des ministères sénégalais. Ces jeunes femmes mènent des projets de recherche-action, élaborent des évaluations sur l’impact du changement climatique sur l’agriculture, elles contribuent à la construction d’observatoire du foncier, et rédigent des « notes politiques » sur l’orpaillage artisanal, ou sur le triptyque thématique « migration, changement climatique et développement ». Ces élites nationales se retrouvent lors d’ateliers, forums, et autres arènes qui visent à diffuser des connaissances spécifiques pour l’action politique (Lascoumes, 2002).
Cette contribution vise à éclairer les trajectoires professionnelles de ces jeunes sénégalaises qui investissent le champ de l’expertise en environnement au Sénégal. Il s’agit de comprendre leurs propriétés sociales, leurs ressources, mais aussi les contraintes et les stratégies individuelles, voire collectives, qui les animent. Selon le poste qu’elles occupent se dégagent les principes d’un statut plus ou moins privilégié et des temporalités plus ou moins instables, intéressants à analyser. En d’autres termes, cette contribution vise à mieux comprendre les composantes de l’éthos professionnel de ces jeunes consultantes en environnement.
Du point de vue de la méthode, c’est autour de séquences d’observation des pratiques et à partir d’entretiens que sont reconstituées ces trajectoires. J’ai collecté des CV, des fiches de postes, mais aussi repéré des traces du passage de telle professionnelle au détour d’un projet en environnement, de littérature grise, d’articles de presse ou de prises de parole dans les médias.
Ainsi, cette communication soulève plusieurs questionnements. En quoi le fait de s’intéresser à un moment donné à l’environnement permet – ou non – un saut qualitatif dans l’évolution de leur carrière ? Comment appréhendent-elles les cadrages dominants sur l’articulation entre migration et changement climatique ? Et de manière plus générale, comment abordent-elles les commandes d’expertises et leurs présupposés autour des enjeux environnementaux ? Il importe d’appréhender le sens que ces femmes donnent à leurs vies professionnelles et à leurs projets, au regard de leurs propres parcours universitaires et familiaux. Ainsi, comment des détours et des changements de cap thématiques peuvent-ils jouer un rôle dans la construction de leurs carrières ?
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