Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Les professionnels de la conservation au Sénégal: Promotion du développement socio-économique et fabrique de l’autorité publique

Auteur(s) : Diallo Mariama ;

  • Les réformes du secteur de la conservation de la biodiversité, au Sénégal, ont progressivement abouti à une reconfiguration du rôle que les agents de l’État incarnaient et exécutaient dans l’action publique environnementale. Plébiscitées au niveau international, les Aires Marines Protégées (AMP) ont davantage renforcé cette tendance, considérées comme des outils de développement socio-économique. Avec l’émergence leur émergence, les agents de la conservation se définissent davantage comme des spécialistes du développement local et durable. Leurs fonctions de conservation sont altérées, voire remplacées par des actions de développement socio-économique allant du renforcement de capacités organisationnelles des associations villageoises à l’accompagnement des activités génératrices de revenus en passant par la production de connaissances scientifiques sur l’état de la biodiversité. Ces postures, qu’elles soient nouvelles ou ré-actualisées, engagent les agents de la conservation sur le champ du développement et posent, dans une perspective plus large, la fabrique de l’action publique.Cette contribution propose une ethnographie des pratiques dites de “développement socio-économique” des agents de la conservation. Elle est une entrée pertinente pour étudier les profils de ces acteurs, leurs cultures professionnelles, la fabrique de leurs carrières, la construction de leur légitimité, leurs normes officielles et pratiques, etc. À travers cette ethnographie des profils et des pratiques, je souhaite montrer que les agents de la conservation, au delà d’être inscrit dans une posture d’un Etat “développementiste”, contribuent au renforcement de l’autorité des administrations publiques, au re-déploiement et à la reproduction de l’Etat dans la fabrique de l’action publique.  Par ailleurs, cette communication sera aussi attentive aux dynamiques institutionnelles générées par les conflits internes, idéologiques, aux rivalités aussi bien à l’intérieur de la corporation qu’entre celle-ci et les autres acteurs de la conservation-développement tels que les ONG, surtout dans un contexte où la mise en oeuvre quotidienne de l’action publique implique une multiplicité d’acteurs (Blundo et Yves Le Meur, 2009 ; Lund,2007). Si l’aide au développement génère des luttes internes au sein des administrations (Blundo, 2011 ; Ségalini, 2014), elle engendre aussi des luttes externes entre administrations publiques et structures associatives nationales et locales, notamment pour la capture de la rente du développement mais aussi pour le contrôle de l’autorité publique.Le corpus qui sera utilisé lors de cette communication est constitué d’entretiens, d’observations et de biographies de plusieurs agents de la conservation, aussi bien des “subalternes” que des cadres, recueillies entre 2014 et 2017 dans le cadre d’une thèse de doctorat à l’EHESS de Marseille.


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