Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

« Ma maman me disait que j’avais la main verte petit, c’est peut-être pour ça que je travaille au ministère de l’Environnement » : Rapport à l’environnement et au politique des professionnel.les de l’environnement en Équateur

Auteur(s) : Rebeyrolle Louise ;

La problématisation de la question environnementale, et donc de la conduite de l’action publique environnementale, est avant tout orientée par le rapport à l’environnement des professionnel.les qui font les politiques au quotidien. Qui sont-ils ? A la différence de la majorité des professions au sens classique de la sociologie du travail, il n’y a pas, jusqu’à présent, une formation spécifique à ce métier. Les professionnel.les de l’environnement en Équateur forment un groupe hétérogène, à différents niveaux d’action et à différentes échelles de décision. Ils regroupent des individus aux métiers, statuts et aux positions et aux employeurs variés. Dans le cadre d’une ethnographie menée entre 2017 et 2019 pour ma recherche doctorale, j’ai analysé les parcours des professionnel.les qui permettent de comprendre les logiques professionnelles et les visions du monde y étant associées qui sous-tendent la conception et la mise en œuvre des politiques dans ce secteur.

Dans la lignée des études de l’État au contact d’organisations internationales qui ont mis en lumière comment l’international et le national étaient souvent indissociables, de par la double allégeance des agents (Nakanabo Diallo, 2014), la multipositionnalité et les pratiques imbriquées de ces derniers (Lavigne-Delville, 2011), ou la manière dont des intérêts divergents convergeaient et fondaient les niveaux (Parizet, 2015), on propose donc de dépasser les frontières disciplinaires entre sociologie et anthropologie du développement d’un côté et sociologie du travail et de l’action publique de l’autre, et ce tant pour les agents du haut (Bezes, 2012 ; Fresia 2009) que ceux du bas (Lipski, 1980 ; Leclerc, Morival et Bouagga, 2018). 

Ainsi, cette approche par la socialisation professionnelle qui regroupe des normes officielles, des savoir-faire, des savoir-être, des valeurs mais aussi des arrangements pratiques au quotidien, nous permet de comprendre l’investissement professionnel de nos enquêté.es dont dépendent des façons de penser leur travail et la question environnementale. Ainsi, comprendre la culture professionnelle, au sens de processus « non figé ni surplombant à l’ensemble du corps » (Blundo, 2014, p.214), permet de comprendre la manière dont est pensée la question environnementale et problématisée l’action publique environnementale en fonction de ce dernier. 

Pour mettre au jour cette culture professionnelle, les formations, les circulations, les trajectoires et les détails du quotidien renseignent sur l’entremêlement entre secteur public et coopération internationale (I). Cet ensemble d’éléments fait apparaître les dynamiques du marché de l’emploi spécifique au secteur de l’environnement ainsi que le rapport au politique et à l’environnement de ses professionnel.les. L’un et l’autre conditionnent et orientent l’action publique environnementale vers la recherche d’efficacité technique au sein de laquelle les dynamiques politiques de la question environnementale sont évacuées. (II)


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