Les formes de (dé)politisation de la gestion de l’eau au Liban
Auteur(s) : EL BOUHATI Meryam ;
Au Liban, la crise de l’eau est exacerbée par une détérioration constante de la situation financière et économique, l’afflux de réfugiés syriens, les niveaux élevés de contamination, et les effets du changement climatique. Le secteur de l’eau au Liban implique la participation d’un éventail d’institutions gouvernementales, intergouvernementales, et non gouvernementales, créant ainsi une fragmentation, une superposition, voire une concurrence entre ces entités. Dans ce contexte, des dynamiques de politisation/dépolitisation sont observées.
La dépolitisation désigne un processus politique qui cherche à réduire, dissimuler, voire éliminer la dimension politique au sein des organisations internationales (OI) (Maertens et Parizet, 2017). La littérature existante sur la dialectique politisation / dépolitisation s’intéresse notamment aux modalités de dépolitisation appliquées par les OI. Franck Petiteville (2017) établit trois modalités de (dé)politisations élaborées par les OI : dépolitisation discursive, dépolitisation normative et dépolitisation par l’expertise. Pour Louis et Maertens (2021), la dépolitisation est opérée selon trois axes : neutralité et objectivité, la neutralité de la mise en forme, et le retardement de la prise de décision.
Cette contribution vise à examiner les processus de politisation, de dépolitisation et de re-politisation appliqués par les institutions responsables du secteur de l’eau ou impliquées dans sa gestion au Liban. En s’appuyant sur les travaux existants et sur les modalités de dépolitisation énoncées dans la littérature, notre étude comprend l’analyse de soixante entretiens avec des experts (PNUD, UNICEF, WVI, NRC…), des chercheurs et des élus. Elle repose sur une observation participante de trois mois à l’Université Américaine de Beyrouth, ainsi que sur l’examen d’archives collectés lors de deux séjours au Liban, du 01/11/2021 au 16/12/2021 et du 29/06/2022 au 03/10/2022.
Meryam El Bouhati est Doctorante en Science Politique au CERAPS. Elle mène, dans le cadre de sa thèse intitulée « Nexus Environnement-Construction de la Paix : Discours et Pratiques des Acteurs du Développement International au Liban », une réflexion sur l’environnementalisation de la paix et les liens entre l’eau, les conflits et les pratiques des acteurs du développement international.
Louis, M., & Maertens, L. (2021) Why International Organizations Hate Politics: Depoliticizing the World/Maertens, L. & Parizet, R. (2017), « « On ne fait pas de politique ! » Les pratiques de dépolitisation au PNUD et au PNUE », Critique internationale, 76, 41-60/Maertens, L. (2018) “Depoliticisation as a Securitising Move: The Case of the United Nations Environment Programme”. European Journal of International Security, 3(3), 344–63/Petiteville, F. (2017) La politisation résiliente des organisations internationales. Critique internationale, 76, 9-19
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