Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

La Clinton Health Access Initiative à Bamako : discours et pratiques d’un cabinet de conseil dans l’adoption d’une réforme majeure du système de santé malien

La Clinton Health Access Initiative à Bamako : discours et pratiques d’un cabinet de conseil dans l’adoption d’une réforme majeure du système de santé malien

Auteur(s) : Gautier Lara ; Touré Laurence ; Ridde Valéry ;

Contexte. Les politiques visant la couverture santé universelle (CSU) évoluent au rythme de la circulation des idées dans le monde, mais leur appropriation locale n’est pas toujours au rendez-vous. Au Mali, pays dépendant de l’aide extérieure, divers acteurs exercent de l’influence sur l’élaboration de ces politiques. Pour mieux comprendre comment une réforme majeure du système de santé visant la CSU a été adoptée en 2019, une étude qualitative a été réalisée. Elle fait ressortir les représentations et pratiques d’une société de conseil américaine, la Clinton Health Access Initiative (CHAI), dans l’adoption de cette réforme.

Méthodes. Inscrite dans le courant poststructuraliste, l’approche de Bacchi part du principe que les politiques se veulent des solutions aux problèmes. Pour Bacchi, le processus de problématisation est inhérent à l’émergence des politiques, mais on a tendance à faire l’impasse sur les représentations (présupposés et compréhensions du monde) qui sous-tendent les problèmes. Il convient donc de mettre la lumière sur ce processus. Notre recherche est une application empirique de l’approche de Bacchi aux discours qui entourent cette récente réforme du système de santé malien. Des documents (n=20) et des données d’entretiens (n=27) ont été collectés à l’été 2019. Ces données ont été analysées à la lumière des six dimensions de l’approche de Bacchi.

Résultats. Bien qu’elle ne bénéficie d’aucun ancrage préalable dans le paysage malien, les résultats montrent la prédominance de CHAI, à toutes les étapes de l’adoption de la réforme. Son processus d’élaboration révèle d’importants clivages entre le gouvernement et l’équipe de CHAI, qui ont différentes représentations du problème de la sous-utilisation des services de santé. La réforme a été largement rédigée par la société, qui se définit comme fast-paced results-oriented. CHAI traduit ce penchant pour la production de résultats à travers l’inclusion d’un volet gratuité pour les soins de santé maternelle et infantile dans la réforme. Or l’avènement de ces nouvelles gratuités est loin de faire l’unanimité chez les techniciens des secteurs santé et social. Pour eux, elles font fi de tous les processus visant la CSU en cours. Leur priorité est de s’attaquer aux problèmes de gouvernance de l’offre de soins, qui risquent précisément d’augmenter avec la gratuité. La réforme inclut aussi un modèle d’accompagnement à l’accès aux soins perçu comme coût-efficace par CHAI. La réforme reflète ainsi les représentations néolibérales de la société, mettant en avant un nécessaire “retour sur investissement”. Les pratiques peu orthodoxes de cette société (recours à des consultants anglophones, caractère insistant de la démarche,…) sont fortement critiquées par l’ensemble des acteurs au Mali. Le caractère exogène de la réforme débouche sur un indéniable manque d’ancrage institutionnel, que la société tente de contrecarrer avec la multiplication de missions et le recrutement de consultants internationaux.

Discussion. À l’heure de l’opérationnalisation de la réforme, l’implication de CHAI continue à recevoir des critiques. Ses manœuvres déçoivent les espoirs d’acteurs politiques maliens impliqués dans la préparation de la réforme d’être recrutés comme consultants nationaux. Des études approfondies et comparatives inter-pays du rôle joué par ces sociétés américaines de plus en plus présentes en Afrique francophone, qui ne disposent d’aucun ancrage préalable dans ces pays, sont nécessaires.


Mot-clé : approche poststructuraliste, Mali, réforme du système de santé, et sociétés de conseil américaines

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Le métier d’ « enquêteur » dans les bureaux d’étude au Togo : pratiques, enjeux et circulations de modèles

Le métier d’ « enquêteur » dans les bureaux d’étude au Togo : pratiques, enjeux et circulations de modèles

Auteur(s) : Kossi Mitronougna Koumi ; Konga Palassi ;

Cette proposition de communication est centrée sur le métier d’enquêteur, auxiliaire à celui de consultant et indispensable au fonctionnement des bureaux d’étude. Dans certains contrats de consultations, les enquêteurs sont encore appelés « agents d’appui à la collecte de donnée ». A Lomé, bien de diplômés en sciences sociales vivent de ce « métier ». Ayant des contrats à durée déterminée, ils passent d’un cabinet de consultation à un autre, d’une mission de recherche à l’autre… Ces « professionnels des collectes de données » circulent donc entre structures d’expertise, passent d’un contrat à un autre d’une démarche et méthode de recherche à l’autre entre autres. Quelles sont les contraintes qui pèsent sur les enquêteurs dans le cadre de ces circulations ? Comment ces enquêteurs utilisent-ils les expériences acquises ailleurs pour gérer ces contraintes (circulation des « normes pratiques » (olivier de Sardan 2008))? Comment les dispositifs de production de données (les politiques de terrain…) vont-ils circuler d’un cabinet à un autre ? Comment vont-ils être modifiés ? Ce sont ces questions qui sont prises en charge dans cette communication dont les données sont en train d’être produites sur la base d’une démarche empirique. Cette démarche est essentiellement axée sur des entretiens semi-directifs et des observations antérieurement réalisées par les auteurs dans le cadre de missions de consultation auxquels ils ont personnellement participé. Les entretiens sont toujours en cours de réalisation auprès d’une quinzaine d’enquêteurs ayant l’habitude d’être sollicités par différent cabinet de consultation du pays.


Mot-clé : circulation, Consultation/Expertise, Enquêteur, Sciences sociales, et Togo

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A truck driver’s-eye view of N’Djamena’s shifting logistics

A truck driver’s-eye view of N’Djamena’s shifting logistics

Auteur(s) : Munoz Jose-Maria ;

Aiming to contribute to emerging research on the relationship between urbanism and logistics, this paper analyses the impact of both new infrastructures and facilities and  regulatory and institutional changes on the routines of truck drivers operating in Chad’s capital city. Located on the border with Cameroon, N’Djamena remains Chad’s main transport hub. The various layers of the city’s logistics apparatus and its embeddedness in international, regional and national trade and transport networks result from a long historical process, whose broad lines the paper sketches. However, the focus is placed on the period of unprecedented infrastructural investment that began with the birth of the country’s oil economy in the early 2000s. Drawing on ethnographic observations and interviews, I reflect on how variously situated truck drivers have experienced a series of developments ranging from the municipal restrictions on daytime driving or the insecurity associated with the rise of Boko Haram to the construction of a new international bridge over the Logone river in late 2012 or the recent expansion of the city’s dry port.


Mot-clé : Trade faciliation; regional integration; logistics at work; road governance

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“Le Printemps des Routes” : Disrupting Circulations on the Dakar-Bamako Corridor

“Le Printemps des Routes” : Disrupting Circulations on the Dakar-Bamako Corridor

Auteur(s) : Kopf Charline ;

This paper examines the frictions and discrepancies between the new plans for a multimodal logistics project on the Dakar-Bamako corridor and the various claims made by citizens, railway workers and trade unions around the degradation of roads and the still incapacitated railway on the same axis. Whilst the Senegalese and Malian governments are negotiating a new deal with the World Bank to rehabilitate the freight transport on the old Dakar-Bamako railway, residents and railway workers of Kayes, a town in western Mali, set up roadblocks on the city’s main bridge over the Senegal River in August 2019. Hampering the circulation of trucks that have now replaced the railway but partly contribute to the roads’ ruination due to the frequent excess load, the citizens protested against the poor state of transport infrastructure highlighting their ‘enclavement’ and restricted mobility. The railway workers, in turn, objected against the unknown future that they are facing now that the railway company they belonged to was dissolved to make place for the World Bank project that involves finding a new private concessionaire. Initiated by members of two civil society groups, FARK (Front d’action pour la region de Kayes) and SIRAKO (‘about the roads’ in Bambara), the protests soon spread to other localities along the railway line as well as further north, leading to what various local and international newspapers dubbed the Malian ‘printemps des routes’ with reference to the Arab spring. In response, the Malian government was quick to announce future investment into road and rail networks including the creation of a national company that would launch a new passenger train. While the protests stopped, citizens, workers and trade unions are still dubious about whether politicians will hold their promises and their discussions become inseparable from how they make sense of global politics, economic inequalities and the continuously degrading security situation in the Sahel that becomes entangled with conspiracy theories against the former colonial power and the geopolitical calculations behind foreign interventions.

Based on ethnographic fieldwork and interviews, this paper examines the ways in which protests around material infrastructures, and the notion of ‘désenclavement’ and ‘public good’ shape the debate around the role of the postcolonial state, citizenship and corruption in the transport sector amidst logistical imaginaries of seamless capital flows but also a context of increasing insecurity. Drawing on the anthropology of infrastructure and STS, it also contributes to the recent body of work dealing with the developments of international trade networks that arguably define a new ‘age of logistics’ (Brenner, 2006; see also Cowen, 2014; Neilson, 2014; Tsing, 2009). The paper argues that by emphasising the globalisation and internationalisation of the functioning of these spaces, studies examining logistical transport infrastructure have often overlooked the discrepancy between the images of overarching networks that span the globe like spider webs and the hopes or disillusions that they hold for the local population.


Mot-clé : (dés)enclavement, anthropology of infrastructure, logistical imaginaries, et public good

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Dakar : les acteurs du système de transports et les politiques publiques de modernisation

Dakar : les acteurs du système de transports et les politiques publiques de modernisation

Auteur(s) : Sakho Papa ;

La grande ville africaine née de la mondialisation dans sa phase internationalisation du XIXème siècle-début XXème siècle est devenue depuis le début du XXIème siècle la figure emblématique de la « métropole des infrastructures ». Elle symbolise l’image d’une Afrique moderne et branchée sur les flux mondiaux aux yeux des décideurs des Etats africains et bailleurs de fonds internationaux. Elle est ainsi portée par des politiques publiques soutenues par des investissements privilégiant la modernisation des grandes infrastructures et particulièrement de transports urbains.

De Rabat au Cap et de Dakar à Nairobi, à l’image des villes européennes et américaines, chacune d’elle dispose de son métro, tram, train express, système de Bus transit rapid selon le cas en exploitation ou au moins en projet. Mais partout, l’exploitation de ces grandes infrastructures vient se superposer à un système préexistant dit informel ou artisanal de transport en commun connu pour sa capacité de génération d’activités de survie dans un contexte d’un marché du travail exigu. Suite aux tentatives de modernisation aux résultats mitigés par le renouvellement de l’outil de travail et de professionnalisation des acteurs, de quelle manière les acteurs du système envisagent-ils ces politiques publiques de modernisation des métropoles africaines ?

Pour répondre à cette question, Dakar pour avoir abrité depuis les années 1990 toutes les politiques de modernisation de transport et aujourd’hui à l’ère du train express et du BRT constitue un terrain pertinent d’observation. Les données mobilisées résultent d’une enquête quantitative sur un échantillon de 180 acteurs du système de transport répartis entre 6 sites de transport informel de Dakar en octobre 2019.

La communication est axée autour de trois points. Le premier porte sur une analyse des politiques publiques de modernisation de la mobilité urbaine. Le second présente une photographie des acteurs du système de transport actuel. Enfin dans un troisième point sont abordées les perceptions et attitudes acteurs du système vis-à-vis des politiques de modernisation


Mot-clé : Afrique, dakar, informel, métropole, modernisation, et transport

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