par Admin-Apad | 3 Juil 2018 | Actualités
LE CAPITALISME, LES ENTREPRENEURS ET
LES ASSOCIATIONS D’ENTREPRENEURS AU TRAVAIL :
NOUVELLES ETHNOGRAPHIES DES
DYNAMIQUES DU SECTEUR PRIVÉ EN AFRIQUE
Appel à contributions pour un numéro thématique de la revue ‘Anthropologie
et Développement’, coordonné par Thomas Bierschenk et José María Muñoz, à
paraître en 2021.
Ce numéro souhaite explorer de manière ethnographique et analytique les
liens entre le capitalisme émergent (ou non), les activités du secteur privé,
les entrepreneurs (dans un sens économique) et leurs associations, l’État et
les agences de développement en Afrique.
Le récent renouveau du concept de capitalisme en sciences sociales n’a eu
jusqu’à présent qu’un impact limité sur les études africaines, dominées ces
dernières décennies par d’autres lectures principalement orientées par le
prisme de la “bonne gouvernance”. À l’arrière-plan de cet intérêt
renouvelé pour le concept de capitalisme, on trouve de vieilles questions sur
les conditions du “rattrapage” économique des pays africains. Toutefois,
les contributions empiriques ayant placé le concept de capitalisme au cœur de
leurs ambitions théoriques sont jusqu’ici restées assez rares.
L’intérêt nouveau des chercheurs pour le capitalisme comme grille d’analyse
du développement économique est lié aux transformations des paradigmes “pratiques”
du développement. Au cours des dernières décennies, les politiques de
développement ont en effet largement mis l’accent sur la réforme des
institutions publiques, complétée par la suite par la promotion explicite du
secteur privé. Le développement du secteur privé (DSP) est devenu à la fois un
domaine distinct des politiques de développement, coordonné de manière plus ou
moins effective au sein du Comité des donateurs pour le développement de
l’entreprise (Donor Committee on
Enterprise Development (DCED), et un topos réinvesti par la recherche
économique du développement. En tant que paradigme, le DSP couvre non seulement
la promotion des petites et moyennes entreprises, mais aussi des programmes
très controversés tels que la réforme du climat d’investissement ou la réforme
de l’environnement des entreprises, et notamment l’initiative Doing Business de la Banque mondiale
(2004). En conséquence, de nombreuses ONG se sont parfois inscrites, souvent à
contrecœur, dans des programmes de promotion de l’entrepreneuriat et du
capitalisme à petite échelle, et ce dans divers contextes.
Le paradigme du développement du secteur privé, ainsi que les programmes
spécifiques qui y sont associés, présentent néanmoins un angle mort pour le
moins singulier : dans quelle mesure les programmes de développement du
secteur privé ont-ils réellement porté leurs fruits ? Quelle est la nature
des entreprises émergentes et quelle place occupent-elles dans la structure
sociale de leurs pays respectifs ? Le secteur privé peut être marginal ou
important, autochtone ou dépendant de l’extérieur, replié sur soi ou
extraverti, dominé par de grandes entreprises ou constitué d’une myriade de
petites entreprises familiales. Sur le plan empirique, la plupart des réponses
à ces questions sont restées remarquablement nébuleuses. Ceci est d’autant plus
étonnant que le programme Doing Business,
par exemple, a généré une véritable concurrence, en particulier entre les
pays du Sud, ce qui a permis de simplifier et de limiter la réglementation des
entreprises. Si les débats sont vifs autour du sens et des soubassements idéologiques
de ce programme, ils laissent de côté l’analyse des types de business qui auraient fait leur chemin
de Singapour à Maurice ou au Rwanda à la suite de réformes inspirées par le
programme Doing Business, et ce que
cela dit de leur constitution sociale globale.
La question du capitalisme telle qu’elle est posée dans les sciences
sociales et le paradigme politique du développement du secteur privé se rejoignent,
enfin, dans des lectures du continent africain comme dernière frontière du
capitalisme. Cette perspective est largement représentée dans le journalisme
économique ; la couverture de The Economist Africa
Rising (3.12.2011) est ainsi devenue emblématique de cette position. Formulée
à l’origine par des consultants tels que McKinsey, qui parlait de “lions
en mouvement” par analogie avec le développement capitaliste de rattrapage
en Asie (Roxburgh et al, 2010), la thèse de l’Africa
Rising – et ses partisans – s’intéressent
toutefois moins au développement économique au sens large des pays africains. Dominée
par une perspective d’investisseurs et d’études de marché, l’Afrique y est
plutôt présentée comme un continent où les investisseurs (étrangers) peuvent gagner
beaucoup d’argent, en relation avec la montée supposée des “classes
moyennes” africaines.
Dans ce contexte, les entrepreneurs africains ont été célébrés ces
dernières années comme étant à l’avant-garde du développement économique et
social en Afrique. L’un des plus éminents d’entre eux, Tony Elumelu, a
récemment proclamé lors de son Forum annuel sur l’entrepreneuriat que
“l’Africapitalisme prend le devant de la scène[1]“. D’autres
entrepreneurs importants comme Yves Kabongo y ont également participé et se
sont déclarés “africapitalistes” radicaux[2].
En fait, l’existence d’entrepreneurs ou d’entreprises ayant des droits de
propriété privée peut être considérée comme une caractéristique essentielle, mais
non suffisante, du capitalisme. Une notion ‘schumpétérien’ ” de ‘l’entreprenariat’
a longtemps encadré les perspectives sur les trajectoires des entreprises ainsi
que des hommes et femmes d’affaires sur le continent africain. Les inquiétudes
concernant le besoin d’entrepreneurs en Afrique semblent aujourd’hui aussi pertinentes
qu’à la fin des années 80, lorsque dans l’un des documents de politique
générale qui ont suivi une décennie d’ajustement structurel, la Banque mondiale
(1989) soulignait le rôle clé des entrepreneurs dans l’avenir économique du
continent. Malgré des changements significatifs dans les approches politiques
et les tendances économiques au cours des trois dernières décennies, les appels
à encourager les énergies entrepreneuriales sur le continent ont persisté,
bientôt teintés d’un sentiment d’urgence renouvelé à la lumière du chômage
massif des jeunes (Dolan et Rajak 2016). La figure héroïque de l’entrepreneur
projette également son ombre sur de nombreuses recherches académiques qui abordent
les perspectives du capitalisme en Afrique (Amaeshi et Idemudia 2015 ;
Akinyoade, Dietz et Uche 2017). Ces travaux tendent ainsi à privilégier ce qui
est considéré comme productif, industriel, innovateur et national au détriment
de ce qui est caractérisé comme rentier, commercial, commun et étranger. Malgré
ses effets substantiels sur l’élaboration des politiques et les représentations
populaires, la notion d’entrepreneuriat prend parfois la forme d’une camisole
de force, empêchant de rendre justice aux complexités qui façonnent les
trajectoires des entreprises et des hommes d’affaires. Le risque est de se
contenter d’un compte rendu appauvri des “héritages, logiques et
logistiques” (Guyer 2016) qui façonnent les activités commerciales. Par
conséquent, nous invitons les contributeurs à adopter une lecture globale de la
complexité des trajectoires des entreprises, tout en les réinscrivant dans
leurs contextes spatio-temporels spécifiques.
L’époque où il était nécessaire de “désacraliser” les grandes entreprises
commerciales pour les traiter comme des objets ordinaires d’étude
anthropologique (Althabe 1991) est révolue depuis longtemps. Les grandes entreprises
sont devenues un lieu d’attention ethnographique bien établi, et ce, dans un
large éventail de milieux (Welker, Partridge et Hardin 2011). C’est peut-être
moins le cas pour le continent africain, où les études sur les trajectoires et
les pratiques des entreprises se sont largement limitées aux secteurs comptant
une présence importante d’acteurs multinationaux, tels que les industries
extractives (dont deux monographies récentes dignes d’être mentionnées :
Rajak 2011 et Rubbers 2013). Cette situation résulte d’une variété de facteurs,
parmi lesquels le nombre relativement faible de grandes entreprises formalisées
dans la plupart des pays africains est peut-être le plus évident. En effet,
l’informalisation des activités économiques a constitué un fil conducteur des
anthropologies africanistes, interprétée à la fois dans sa longue durée, et
comme un effet des tendances économiques mondiales et des paradigmes politiques
promus depuis les années 1970. À cet égard, il n’est guère surprenant que le
corpus anthropologique sur les réseaux et les hommes et femmes d’affaires soit
plus riche que celui sur les entreprises, comme le montrent les travaux
présentés dans les contributions visant à dresser un état de l’art de la
question au début des années 1990 (Labazée 1991 ; Copans 1991 ; voir aussi le
poids des anthropologues parmi les intervenants d’une synthèse interdisciplinaire
importante de cette période : Ellis et Fauré 1995). Cette lignée intellectuelle
se perpétue dans les recherches ethnographiques récentes : deux
monographies apparaissent à cet égard comme exemplaires dans l’effort qu’elles
déploient dans la reconstruction des choses, des personnes, des réseaux et des
entreprises qui font des produits pharmaceutiques au Nigeria (Peterson 2014) et
des pagnes au Togo (Sylvanus 2016) ce qu’ils sont.
Cette focalisation empirique sur les entrepreneurs met en lumière la
question de la classe sociale dans un sens plus large. Ce numéro ne vise pas
seulement à étudier empiriquement des entrepreneurs, mais aussi à contribuer à la
question de savoir s’ils représentent une classe “pour soi”, qui a
conscience de ses propres intérêts politiques et économiques (cette question
peut par exemple être creusée au travers d’une focalisation empirique sur les
associations d’entrepreneurs). Elle se rattache plus largement aux débats de
longue date sur l’émergence d’une classe indigène de capitalistes en Afrique et
aux questions connexes qui leur sont liées, comme celle de savoir si cette
classe a conscience de sa propre existence et si elle poursuit activement ses
intérêts. Dans les années 1980, ces questions ont joué un rôle central dans le
très polarisé “débat kenyan” relatif aux conditions du développement
économique et à la position de classe des entrepreneurs africains (Leys 1975,
Beckmann 1980, Kitching 1985). En empruntant ainsi à l’ancien vocabulaire marxiste,
il ne s’agit pas seulement de se demander combien de “classe est dans les
entrepreneurs”, mais aussi si cette classe devient, au moins à certains
endroits, une “classe à part entière” (Lukács 1923/1972 ; Badou et
Bierschenk 2019).
Les communications pourront porter sur les axes thématiques suivants, en
incluant éventuellement des aspects plus méthodologiques relatifs aux “défis”
d’une enquête ethnographique dans ces domaines :
a) Les relations entre les entreprises et les États et les associations
d’entreprises : Nous nous intéressons aux analyses qui font le point sur les
contributions produites dans le contexte du “débat kenyan” et sur les
contributions ultérieures (MacGaffey 1987 ; Boone 1992 ; Forrest 1994 ; Muñoz
2018), et qui vont au-delà des lectures grossières en termes de domination ou
d’impuissance des entreprises. Bien que la thèse selon laquelle les entreprises
jouissent d’un intérêt privilégié dans les sociétés capitalistes demeure un
point de départ des plus raisonnables, il est également évident que l’influence
des entreprises varie en fonction du contexte. Tant ce que les politologues
marxistes appelaient le pouvoir structurel de l’entreprise (en tant
qu’investisseur, contribuable et employeur) que son influence instrumentale
doivent être documentés plutôt que pris pour acquis. Les possibilités d’action
politique des entreprises (allant de la candidature à un poste politique, au
financement de partis politiques et à la création de groupes de réflexion ou
d’instituts de recherche chargés d’établir des programmes, à l’investissement
dans des associations commerciales, à l’entretien de liens personnels avec des
responsables gouvernementaux et, plus directement, à l’achat d’influence) ne
devraient pas être exclues du champ des recherches ethnographiques. Ainsi que
l’a montré Hibou (2006) pour le cas de la Tunisie sous Ben Ali, les analyses
des relations entre les entreprises et l’État s’égarent souvent dans des récits
stéréotypés d’acteurs économiques qui tantôt minimisent leur visibilité
pour se protéger des ingérences politiques, tantôt sont contraints de soutenir
le régime pour éviter le harcèlement ou l’exclusion.
b) L’expansion du développement du secteur privé (DSP) en tant que domaine
de l’aide au développement et de politique gouvernementale justifie également de
nouvelles recherches. La promotion de l’entrepreneuriat par la formation et le
soutien technique et financier a été au centre de contributions ethnographiques
bien connues (Elyachar 2005), mais ces programmes ne représentent qu’une petite
composante d’un champ d’intervention beaucoup plus vaste. Les efforts déployés
par les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux pour préconiser des
“réformes de l’environnement des entreprises” ou pour restructurer
des secteurs économiques spécifiques – souvent au moyen de la création ou du
renforcement d’associations d’entreprises – ou l’évolution des dispositions
relatives aux forums périodiques entre les gouvernements et le secteur privé
offrent des possibilités de recherche ethnographique novatrice.
c) L’attention portée à l’environnement bâti, à la technologie, au
répertoire et au rendement peut aider à comprendre l’évolution des pratiques
commerciales dans divers domaines, notamment la gestion de la main-d’œuvre, les
relations avec les fournisseurs et les clients, le financement, la comptabilité
et la fiscalité. Malgré la bureaucratisation surtout des moyens et grands
entreprises dans la plupart des pays d’Afrique, il reste beaucoup à apprendre
sur le fonctionnement quotidien de ces bureaucraties d’affaires. Comme
l’indique la référence du titre de l’appel aux acteurs de l’entreprise “au
travail”, les tensions entre normes et pratiques qui ont été explorées
dans la recherche sur l’État en Afrique et le fonctionnement quotidien des bureaucraties
(Bierschenk et Olivier de Sardan, 2014) sont particulièrement intéressantes.
d) Les trajectoires et les cycles économiques constituent un autre domaine
d’intérêt important, lié à des préoccupations de longue date relatives
notamment aux pressions sociales contre l’accumulation privée ou aux mécanismes
d’application des obligations légales et contractuelles. Le récent intérêt de
politistes et anthropologues pour la “réussite” (Rowlands 1994 ; Banégas
et Warnier 2001 ; Newell 2012) offre de nouvelles orientations prometteuses
pour la recherche sur les identités des entreprises, y compris leur dimension
de classe. Plus généralement, nous invitons les contributions qui explorent les
débuts et les fins des entreprises commerciales, la spécialisation et la
diversification, l’expansion et le déclin, le succès et l’échec dans des
contextes africains dans lesquels les conditions technologiques, juridiques et
politiques changent constamment.
Calendrier :
Les propositions d’articles sont à soumettre au
plus tard le 2 janvier 2020 à Thomas
Bierschenk (biersche@uni-mainz.de) et José Maria Muñoz (jmunoz@ed.ac.uk), ainsi
qu’à la rédaction de la revue (revue@apad-association.org).
Les propositions d’articles, d’environ 5.000
signes (espaces compris), peuvent être rédigées en français ou en anglais.
La proposition doit comprendre :
– un titre
– un résumé détaillant le thème et la
problématique de recherche, ainsi que les matériaux sur lesquels repose
l’article.
– des références bibliographiques (hors du
décompte des signes).
Chaque proposition doit inclure les noms et
prénoms des auteurs, leur statut et leur rattachement institutionnel, ainsi que
leur adresse électronique.
16
janvier 2020: Les auteurs seront
avertis des contributions présélectionnées par les coordinateurs et le comité
de rédaction de la revue.
1 mai
2020 : Soumission des premières
versions des articles, en français ou en anglais, qui devront tenir compte des consignes
de la revue pour les auteurs : https://journals.openedition.org/anthropodev/523.
Œuvres citées
Akinyoade, A., T. Dietz and C. Uche eds.
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Althabe, G. 1991. ‘Désacraliser
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des Anthropologues, 43-44: 17-21.
Amaeshi, K. and U. Idemudia. 2015.
‘Africapitalism: A management idea for business in Africa?’, Africa Journal of
Management, 1(2): 210–223.
Badou, A.-O. and T. Bierschenk. 2019. Les
entrepreneurs Béninois et leurs associations : Un capitalisme sous tutelle. Working
Papers of the Department of Anthropology and African Studies of the Johannes
Gutenberg University Mainz), No. 186. Mainz: Institut für Ethnologie und Afrikastudien
(https://www.ifeas.uni-mainz.de/files/2019/07/AP-186.pdf).
Banégas, R.
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[1] www.tonyelumelufoundation.org/, visité le 9/2019
[2] Le Monde, édition du 25.6.2019, p. 15
[3] www.tonyelumelufoundation.org/, visited 9/2019.
[4] Le Monde 25.6.2019, p. 15.
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