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Entre microbe et éléphant – le trope animalier dans la circulation malienne

Entre microbe et éléphant – le trope animalier dans la circulation malienne

Auteur(s) : Monz Katharina ;

Arrêtons-nous à un carrefour bamakois ou un poste de contrôle malien tout court et contemplons le mouvement.

Au bout de quelques minutes seulement, l’observateur gagne un bon aperçu sur le marché du bétail de la région. Tout mélangé, l’on y trouve moutons, chèvres, ânes, vaches, de temps en temps des chevaux et des chameaux et bien sûr toute sorte de volailles : poules, pigeons et pintades. S’attardant quelques minutes de plus, l’œil favorable aux découvertes tombe également sur des éléphants, beaucoup de chevaux blancs et même des lions. Ajoutant maintenant encore l’oreille du bambarophone – le bambara étant la langue la plus utilisée au Mali –, la ménagerie s’élargit encore plus, ajoutant à la liste des microbes, des chats, des fourmis, des crevettes, des vautours, des poussins et si l’on a de la chance, un chimpanzé.

D’où viennent tous ces animaux ?

La provenance de cette ménagerie diffère. Quelques-uns des termes nommés ne font que désigner tout simplement l’animal en question. D’autres par contre, sont des surnoms donnés à certains acteurs de et dans la circulation. Justement, en réponse à l‘appel à contribution, j’apporte une extension linguistique à une des questions y posées : « Quels sont les acteurs de ces circulations, aussi bien ceux qui les animent que ceux qui les alimentent ou tentent de les contrôler, de les réguler ou de s’y opposer ? ». Je propose d’ajouter à cette question sur l’identité des acteurs de la circulation l’aspect de leur désignation. Y répondant pour le cas Malien, je montre que la désignation se concentre sur le champ lexical de la faune.

La poule essayant d’attraper le chat, le lion fâché transportant des moutons ; la circulation malienne ressemble parfois à un parc zoologique sans pourtant respecter les lois naturelles. En même temps, cette animalisation linguistique, dont font objet beaucoup d’acteurs du domaine de la circulation, ne s’arrête pas devant les frontières du vivant. Ainsi, peu importe s’il s’agit d’une personne ou d’un moyen de transport, tout (le monde) peut finir par obtenir une appellation du domaine de la faune.

Qui sont ces animaux et que font-ils dans la circulation ?

Pour citer encore une fois la question d’en haut, entre l’animation et l’opposition en passant par l’alimentation, le contrôle et la régulation de la circulation, toute tâche et toute entité l’exécutant peut être objet à une appellation animalière. Ainsi, toute tâche mélangée, le policier, le marchant-trafiquant, le chauffeur de taxi ou de car aussi bien que certains types de véhicules ont leur surnom ; parfois communément utilisé, parfois connu seulement par les chauffeurs.

Pour notre colloque international, je prends à la lettre le titre des circulations. Me basant sur le contexte malien, je propose une vue d’ensemble de ce qui y est touché par le champ lexical animalier, m’intéressant aussi bien à la provenance des termes, qu’à leur lecture par la population.


Mot-clé : circulation, linguistique, Mali, et trope animalier

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