Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Le sentiment de citoyenneté à l’épreuve des conflits agropastoraux et inter-communautaires au Bénin

Le sentiment de citoyenneté à l’épreuve des conflits agropastoraux et inter-communautaires au Bénin

Auteur(s) : ELIJAN DJAOUGA Bélou Abiguël ;

Les antagonismes inter-communautaires sur fond de conflits agropastoraux dans certaines communes au Bénin sont devenus récurrents, cycliques sous le regard impuissant des forces de sécurité publique et des autorités locales. Ces faits souvent rapportés dans les presses locales et nationales sont la partie visible de l’iceberg d’une radicalisation de certaines ethnies pouvant conduire à la défiance de l’Etat et à l’extrémisme violent. L’ethnicité a servi à analyser les systèmes politiques, les modes de gouvernance politique basés sur le tribalisme, le clientélisme et les conflits qui ont marqués et continuent de marquer l’histoire du continent africain (Kamdem & al.,2004). L’ethnicité est un paradigme scientifique pertinent et significatif dans l’analyse des conflits et stratégies politiques de développement notamment au Bénin (Elijan, 2013, 2018). Face à « la vision stéréotypée fondée d’abord sur la valorisation de l’image de soi, une démarche qui déprécie automatiquement l’autre » (Tingbé-Azalou,2011), on assiste au renforcement des groupes ethniques qui revendiquent leurs identités et droit à la différence de manière permanente, contribuant à marquer l’exclusion d’autres ethnies non adhérentes. Au-delà des facteurs socio-économiques, le citoyen est un maillon de la chaîne de valeur pouvant permettre de mesurer et d’analyser les politiques publiques, l’efficacité du processus de consolidation de l’Etat ou sa probable déstabilisation. Le sentiment de citoyenneté se construit à travers l’attachement que le citoyen a de l’Etat en tant que nation et de ceux qui le représentent, mais également de la gestion et de l’importance que ceux-ci accordent à ses besoins de survie et de sécurité. Or, le règlement des conflits fonciers dégénère souvent en tensions inter-communautaires et en défiance entre les autorités locales et les différents groupes sociaux défendant chacun ses intérêts pour sa survie. Ainsi, les communes de Ifangni, Pèrèrè et Karimama présentent des signes de radicalisation face aux réponses jugées très peu satisfaisantes que l’Etat et les collectivités locales apportent à leur problème. Pour les acteurs, le problème met la quiétude sociale en péril, radicalisant certains acteurs qui se sentent lésés par l’Etat et le système de gestion du foncier. Pour mieux appréhender les enjeux de ces contentieux sur le sentiment de citoyenneté des groupes mis souvent en cause dans ces conflits, une recherche est entreprise sur le sentiment de citoyenneté face à la gestion des conflits agropastoraux et inter-communautaires. Cette recherche a nécessité une enquête de terrain, pour la collecte des données qualitatives grâce à une approche socio-anthropologique qui a permis d’identifier les groupes stratégiques et les différentes parties prenantes. Les résultats permettent de comprendre qu’au Bénin, les facteurs de radicalisation sont principalement la vulnérabilité qui se décomposent en facteurs répulsifs de sentiments d’exclusion d’un système qui conduit à l’auto-défense. Les facteurs qui constituent des terreaux fertiles vers cette radicalisation sont multiples mais n’en demeurent pas moins la stigmatisation, la vulnérabilité face à l’accès aux services de base, le sentiment de rejet et une perception piètre de soi, l’absence de solutions convenables, le désir de se prendre en main quel que soit les moyens.


Mot-clé : Bénin, citoyenneté, conflits inter-communautaires, et radicalisation

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Seeing Fidel in the sky. Unruly affects in the making of the state in rural Cuba

Seeing Fidel in the sky. Unruly affects in the making of the state in rural Cuba

Auteur(s) : AUREILLE Marie ;

La municipalité de Sandino, où j’ai réalisé une ethnographie de 16 mois, est née dans les années 1960 dans le cadre d’un méga-projet du nouvel Etat socialiste. Des milliers d’hectares ont été défrichées et transformées en plantations fruitières pour développer l’exportation vers les pays de l’Est. Sur ce territoire, l’Etat a pris en charge les principaux aspects de la vie économique et sociale : de la production à la consommation en passant par les infrastructures, le logement, les loisirs. Sandino a été considérée comme un modèle de développement rural socialiste. A partir de la chute de l’URSS, Cuba a traversé une grave crise économique et alimentaire, la « Période Spéciale », qui s’est traduite à Sandino par la disparition progressive de la plantation et de son économie. Alors que les champs sont aujourd’hui, pour la plupart, envahis d’espèces invasives, que la plupart des infrastructures tombent en ruines où sont occupées par des squatters, et que l’Etat lui-même a perdu une partie de sa capacité de police et de contrôle effectif de la production agricole, « l’effet de l’Etat » (Mitchell, 2009) est toujours bien présent et infuse les représentations et les conduites des habitants.

A partir de l’ethnographie des politiques étatiques de contrôle des terres et de la production agricole, ce papier vise à mettre en lumière les émotions qui sous-tendent l’engagement et le travail quotidien des agents de l’Etat et celles qui animent les agriculteurs et norment leurs conduites. A Sandino, il semble que les émotions que suscite la « réalité fictive » de l’Etat compensent en partie la perte de capacité de contrôle matériel sur la population et le territoire.

Dans un premier temps, j’analyse le travail bureaucratique effectué par différents dirigeants agricoles locaux, pour contrôler la production agricole et l’usage légal des terres étatiques distribuées en usufruit à des petits agriculteurs. Ce travail quotidien s’effectue avec un manque cruel de moyens et pour un salaire dérisoire par rapport à ce que gagne aujourd’hui un agriculteur. Malgré cela, ces dirigeants, qui aussi des cadres du Parti Communistes, font leurs tournées d’inspection à pied, parfois au prix de leur santé, y consacrent leurs nuits où leurs weekend. Les émotions qui ressortent de leurs discours et des différentes situations d’observations sont avant tout l’orgueil et l’honneur d’appartenir à un groupe sélectif, les militants du parti, l’impression d’œuvre pour un intérêt supérieur – la Révolution – le sens du devoir et du sacrifice. Ces émotions et les actions qui y sont associées permettent également de mettre en scène leur masculinité et leur statut social.

En face les producteurs agricoles usufruitiers de terres perçoivent l’Etat comme une sorte de grand propriétaire terrien absent mais omnipotent qui peut leur retirer leurs parcelles à tout moment. Cette crainte, régulièrement exprimée, se double pour certains d’un sentiment d’injustice et de micro-actions qui visent à exprimer des formes de défi ou de mépris vis à vis du monopole de l’Etat sur les terres et les ressources naturelles.

Ces émotions semblent en fait renforcer l’idée que l’Etat à un pouvoir omnipotent sur ce territoire, aujourd’hui largement délaissé, où les agents de l’Etat malgré tous leurs efforts, sont impuissants à exercer un contrôle effectif sur les non-humains comme les plantes invasives où les vaches qui déambulent librement sur la route.


Mot-clé : Cuba, décollectivisation, émotions, Etat, foncier, et politiques agricoles

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Reaching ‘the vulnerable’ by working from the heart? Community Case Workers in Zimbabwe

Reaching ‘the vulnerable’ by working from the heart? Community Case Workers in Zimbabwe

Auteur(s) : Hansen Saana ;

This paper is part of my Doctoral Research that uses the return migration of undocumented migrants from South Africa to Zimbabwe as a lens to investigate what has the prolonged crisis and large-scale displacement done to the economies of care in Bulawayo, Zimbabwe. This paper asks how care givers of Zimbabwean ’posted back’ and ‘left behind’ children try to secure the state care, such as access to citizenship rights and other entitlements for the children. By looking at the everyday encounters between the care givers and the ward-level child care workers (CCWs), this paper contributes to the scholarship that brings about the creative aspects and affective entanglements of the state-citizen relations (e.g. Navaro-Yashin 2007, 2012; Laszczkowski & Reeves 2018).  The CCWs are non-paid volunteers, and the lowest stratum of the hierarchy of social welfare system, yet closest in proximity to the ordinary people. They embody state authority to intervene the sphere of the intimate with their mandate to identify ‘vulnerable families’ and ‘refer’ them to various ‘higher’ authorities. The CCWs are part of the official government policy and the social welfare relies on their volunteer labour to run the social services on the ground. In doing so, they are key figures through which the people imagine ‘the state’ and seek statutory care.

My argument draws on 9 months of multi-sited ethnographic research in the city of Bulawayo, Zimbabwe, as well as in the border-zones and the homes of transnational migrants in Johannesburg, South Africa. By looking at everyday encounters between the CCWs and the care-takers of ‘left behind’ and ‘posted back’ children, I explore how the responsibilities to care and rights to be cared for are claimed and negotiated in circumstances where ‘the state’ lacks capacity to provide adequate protection and employment to its citizenry. In these conditions, the ‘informal economies’ and a number of non-state actors, such as various ‘fixer’ and ‘brokers’ who facilitate access for instance to documents, foreign currency and cross-border transportation, occupy the ‘state space’ (Ferguson & Gupta 2002). I argue that the CCWs perform a disciplinary role by registering ‘the vulnerable’ and defining who ‘deserves’ access to the scarce statutory care, such as birth registration or school fee programmes (cf. Malkki 2015). I also show that at the heart of these claims lay questions on affective relations and entanglements. By mixing affective and biblical language of passion and love, empathy and spiritual leading with neoliberal self-responsibilization rhetoric, the CCWs make affective and moral claims on how a good citizen and a respectful (transnational) parent should behave and act. On the other hand, the care-givers of displaced children enact and claim vulnerability and citizenship via various performative acts (Butler 2009), including for instance production of legible birth stories. Paradoxically, while the encounters constitute a creative space for claim-making and a sense of hope for ‘the poor’, the volunteers also use this state space to validate their own authority and practice ukuhlanganisa (‘mixing things to make do’), which is the dominant mode of economic survival in the study area today.


Mot-clé : affects, Child care workers, Child Displacement, Documents, Economies of Care, Return Migration, State, Uncertainty, et Zimbabwe

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Emotions des soignants et fonctionnement des structures sanitaires au Togo

Emotions des soignants et fonctionnement des structures sanitaires au Togo

Auteur(s) : Kossi Mitronougna Koumi ;

Cette contribution se propose de documenter analyser la place des émotions des soignants dans la production des dysfonctionnements (difficultés de gouvernance, d’organisation, de gestion, de fonctionnement, de « difficiles » interactions soignants-soignés, de corruption ou de concussion) le plus souvent soulignés dans les recherches sur le fonctionnement des formations sanitaires des pays ouest-africains. Issue d’un des chapitres de notre thèse de doctorat en cours, cette communication analyse, dans une démarche comparative, trois formations sanitaires appartenant respectivement aux secteurs de soins privé, public et confessionnel à Lomé (Togo). Elle répond à la question : comment les vécus émotionnels des soignants structurent la configuration des formations sanitaires ? Une approche strictement qualitative de type ethnographique (entretiens, observations, procédés de recension en particulier) a permis de produire les données qui sont en train d’être analysées.


Mot-clé : ''Emotion, comparaison, Formation sanitaire, soignants, et Togo

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Les consultants camerounais entre logiques « gombotiques » et les contraintes du métier

Les consultants camerounais entre logiques « gombotiques » et les contraintes du métier

Auteur(s) : Mela Oscarine Chimène ;

Patrick 42 ans, est chercheur-consultant depuis bientôt dix ans. Il a construit sa réputation grâce à des aînés qui l’ont initié aux enquêtes de terrain alors qu’il n’était que doctorant. Titulaire d’un doctorat soutenu à l’EHESS autour de  l’ « homosexualité et le sida, à la suite duquel, il a obtenu un master professionnel en sciences de la santé publique, il est par ailleurs enseignant à l’Université de Yaoundé I et l’auteur de nombreuses publications dans des revues de renom. Contrairement aux logiques formelles qui recommandent de déposer les Cv sur les sites des cabinets d’étude, il déclare qu’il parvient à se faire recruter grâce à des réseaux, des relations construites et consolidées à la suite d’une série de missions effectuées au Burkina Faso, au Mali et au Rwanda. Il détient une expertise avérée et recherchée par les cabinets d’étude nationaux mais surtout internationaux qui le sollicitent en tant que socio-anthropologue pour conduire des missions précises. Il a pour rôle d’élaborer les protocoles d’étude, la compréhension des Termes de références sur les comportements, les pratiques et les perceptions des populations cibles. Ses mandats, il les gagne de deux manières, en s’associant aux cabinets mais aussi en négociant individuellement avec les organismes, lorsque l’appel d’offre le spécifie. Il a réalisé de nombreuses missions dont les plus significatives ont été faites avec « Onu-Sida » « Sida action ». L’objectif vise à analyser les comportements des homosexuels, travailleurs de sexe vivant avec le Vih/ Sida. Il est attendu de lui de mener des entretiens, des focus group discussions avec ce public, de produire des analyses Swot  à l’issues desquelles des rapports finaux destinés aux clients sont produits. Pour réaliser ses mandats, il développe ses stratégies, ses arrangements avec d’autres acteurs afin de donner satisfaction aux clients qui ont souvent des exigences difficiles à respecter eu égard au contexte local.

Des profils comme ceux de Patrick sont assez nombreux au Cameroun et traduisent la demande dans le domaine de la consultation en lien avec les méthodes des sciences sociales. Tous ont des expériences uniques, des pratiques de travail particulières qui renseignent sur ce que « être consultant » signifie au Cameroun.

Dans cette contribution qui s’appuie sur des données collectées dans le cadre d’une enquête qualitative, les interrogations qui nous intéressent sont les suivantes : qu’est-ce qu’un consultant ? Comment devient-on consultant ? Comment travaille-t-il ? Comment répartit-il sa triple position d’enseignant, de chercheur et de consultant ? Quelles sont les interactions qu’il développe avec ses commanditaires? Située au croisement des enjeux financiers,  de débrouillardise, et de partage scientifique et d’étiquetage, l’analyse ouvre sur une représentation déséquilibrée du métier de consultant où les commanditaires « blancs » produisent les idées pendant que les consultants « noirs » récoltent les données sur le terrain lesquelles serviront à nourrir leurs réflexions théoriques. Les retombées semblent ainsi davantage profiter aux premiers qui peuvent utiliser les résultats de la recherche pour des éventuelles publications d’articles et d’ouvrages.


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