Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
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Les infrastructures africaines de demain seront chinoises : la contribution chinoise au financement et à la réalisation des infrastructures en Afrique

Les infrastructures africaines de demain seront chinoises : la contribution chinoise au financement et à la réalisation des infrastructures en Afrique

Auteur(s) : Aurégan Xavier ;

En Afrique, les multiples carences infrastructurelles forment l’un des facteurs impactant la transformation économique du continent, si ce n’est son sous-développement, et sous-tendraient, par voie de conséquence, son difficile arrimage à la mondialisation. Partiellement occultées par des États endettés et soumis aux programmes d’ajustement structurel (PAS) à partir des crises économiques et financières induites par les chocs pétroliers des années 1970, de moins en moins financées par les partenaires bi- et multilatéraux qui y voyaient une source de mauvaise gouvernance, les infrastructures, qu’elles soient de communication, de production ou encore énergétiques, sont revenues au premier plan des politiques de développement dans la décennie 2000 du fait de la présence et du financement croissants chinois.

Dans ce contexte, le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) est la dernière stratégie adoptée par l’Union africaine pour améliorer l’accès aux réseaux et aux services d’une part, et développer un maillage intégré d’infrastructures régionales et continentales d’autre part. Si les besoins en infrastructures sont incommensurables, les besoins de financement aussi. Parmi les principaux bailleurs de fonds, la Chine a la particularité de pouvoir construire en Afrique les infrastructures qu’elle finance. Appliquant à l’étranger son modèle de développement éprouvé à l’échelle nationale, la Chine a effectivement comme priorité de financer et de faire construire, par ses entreprises à capitaux publics notamment, ces infrastructures qui, en Afrique, pourraient permettre de – mieux – faire circuler les capitaux, les hommes et les marchandises.

Cette proposition de communication explore plusieurs sources statistiques nationales, régionales et internationales pour évaluer la contribution de la Chine au financement des infrastructures africaines. Notre étude montre que le financement chinois n’est pas différent des autres bailleurs de fonds, et qu’il est principalement orienté vers l’Afrique de l’Ouest et les transports. A travers la comparaison des cas ivoirien et djiboutien, cette proposition démontre l’influence croissante de la Chine dans le financement et la construction d’infrastructures. Pour l’instant, en Côte d’Ivoire, ces financements n’ont pas d’impact significatif sur la dette publique extérieure, ce qui n’est pas le cas de Djibouti. En définitive, ces infrastructures africaines sont avant tout pensées et souhaitées par les élites dirigeantes africaines. Dans ce cadre, la Chine reproduit-elle, avec ses caractéristiques et sur commande, un modèle de développement inégal qui ne diffère que marginalement de l’intervention occidentale post-coloniale ? Par voie de conséquence, engendre-elle, par le biais de ses acteurs à capitaux publics, de nouveaux rapports inégaux aux territoires et à l ‘espace ?


Mot-clé : Afrique, Chine, Enjeux, Inégalités, et Infrastructures

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Le numérique, entre optimisation et contrôle des circulations urbaines – L’exemple de Kigali au Rwanda

Le numérique, entre optimisation et contrôle des circulations urbaines – L’exemple de Kigali au Rwanda

Auteur(s) : LESTEVEN Gaele ; BOUTUEIL Virginie ;

Le monde des transports urbains en Afrique connaît des changements importants avec le développement de grandes infrastructures (BRT, LRT, métro, tramway), soutenues par les autorités en place et les bailleurs de fonds internationaux, alors qu’en parallèle les opérateurs de transport locaux sont amenés à se professionnaliser sous l’injonction de politiques publiques de modernisation de l’offre de transport. Le développement du numérique joue un rôle de facilitateur dans la mise en œuvre de cette modernisation. Pour autant, ce développement facilite-t-il l’appropriation des infrastructures et de leurs dispositifs de circulation ? Ou bien accentue-t-il les moyens de surveillance, renforçant les inégalités d’accès au transport comme au numérique ?

Nous nous proposons d’analyser cette tension à l’aune d’une étude de cas menée à Kigali au Rwanda. Depuis le début des années 2010, le gouvernement rwandais mène une politique volontariste de modernisation de l’offre en transports en commun dans la capitale. Une première vague de modernisation en 2013 a interdit aux minibus de circuler dans la ville. La réforme s’est matérialisée par l’achat de bus neufs équipés du wifi, par la restructuration des gares routières et l’installation d’arrêts de bus et par l’utilisation de cartes de transport en remplacement des tickets de bus. Aujourd’hui, les habitants de Kigali se déplacent majoritairement en bus ou en moto-taxi. Une deuxième vague de réformes en cours a pour but d’équiper les taxis et les moto-taxis de traceurs GPS, permettant de suivre les déplacements des véhicules, de leurs chauffeurs mais également des usagers. Une troisième vague de modernisation par l’électrification est annoncée.

Peut-on parler d’un « modèle Kigali » ? Présenté par les médias comme la « smart city » de l’Afrique des Grands Lacs, s’appuyant sur des contrats de performance loués par les bailleurs, ce modèle questionne les effets de telles mesures sur l’organisation et la performance du système de mobilité urbaine, mais aussi les risques de dérive qui leur sont associés (contrôle policier des mouvements de la population, atteintes au respect de la vie privée). Les solutions qu’il promeut sont différentes de ce qui s’observe dans d’autres villes africaines – comme à Nairobi ou Accra par exemple – où émergent de nouveaux acteurs issus de la société civile, producteurs de communs numériques appliqués au transport. La portée et les limites de deux modèles très contrastés de transformation par le numérique de la mobilité méritent d’être discutées.

L’analyse s’appuie sur 26 entretiens semi-directifs que nous avons menés auprès d’acteurs locaux et internationaux : pouvoirs publics, opérateurs, start-ups, bailleurs, ONG et consultants internationaux lors d’une mission de terrain réalisée à Kigali en mars 2019. A ces entretiens, s’ajoutent une analyse de la littérature grise et une observation participante (visite des gares routières, test des applications de mobilité, utilisation des différents modes de transport disponibles en ville).


Mot-clé : Kigali, mobilité urbaine, modernisation des transports, Rwanda, et transformation numérique

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Infrastructures de transports urbains de Lomé à l’épreuve des pratiques locales de mobilité

Infrastructures de transports urbains de Lomé à l’épreuve des pratiques locales de mobilité

Auteur(s) : SAGNA Yao ;

Lomé a connu ces dernières décennies une croissance démographique sans précédent, entraînant des besoins grandissants au rang desquels  le transport occupe une place majeure. De par sa configuration, elle présente un noyau ancien autour duquel se développent des activités du tertiaire à fortes intensité et attractivité. Ce qui implique des déplacements journaliers pendulaires reliant les périphéries, résidentielles en général, au centre-ville .

Pour s’y déplacer, mis à part les modes de transports individuels, des offres diversifiées de transports collectifs  se présentent et constituent un secteur dit artisanal parallèle à celui qu’on qualifie de moderne ou conventionnel . Indéniablement, il a été prouvé par plusieurs recherches que ces types de transports  (artisanaux) marginalisés possèdent pourtant des avantages considérables dont le caractère flexible dans les parcours et les prix, l’accessibilité à des zones difficiles, l’ubiquité et une sorte de réponse à la crise du chômage . Ces différents avantages semblent constituer une réponse à la demande de mobilité à Lomé , une réponse « par le bas » ingénieuse de par ses caractéristiques et son organisation que les sociétés de transports publics n’arrivent pas à satisfaire pleinement.

Dans le même temps, la ville de Lomé, dont le développement économique est lié à son port en eau profonde, se fait remarquer dans la desserte des pays enclavés du Sahel. Sa situation géographique sur la dorsale littorale du Golfe de Guinée avec un grand marché international sur la côte lui confère une position stratégique dans le réseau UEMOA. Pour consolider ces atouts, la ville a investi de lourds fonds dans la reconstruction de la quasi-totalité de son réseau viaire transnational et intra-urbain entre 2010 et 2015 aux fins d’améliorer la qualité de la circulation en transit et locale . Ce renouvellement des infrastructures routières s’est fait suivant des modèles de grandes voies mais où les modes alternatifs à l’automobile semblent être moins considérés. L’usage de ces nouvelles infrastructures devient alors contrasté par la réalité de la composition du trafic urbain dominée par les transports artisanaux.

Des scènes qu’on y voit s’apparentent à un fourre-tout du qui mieux mieux où les transports artisanaux, surtout les deux-roues,  brusquent pour s’approprier l’espace suivant leur propre logique de fonctionnement sinon guidés par l’intérêt pécuniaire. Les piétons quant à eux disputent le trottoir avec les étalages de commerces de rues. Il est fréquent d’assister à des violations du « code de la route » dont on ne sait finalement à qui et à quoi il est destiné. En conséquence le taux d’accident  n’est pas en passe de baisser ni la fluidité du trafic voulue des politiques ni la belle image « moderne » qu’ils espéraient observer depuis l’arrière des vitres de leurs voitures. Malgré des représailles orchestrés souvent par les forces de l’ordre ou des agents municipaux pour recadrer ces pratiques supposées déviantes à leurs yeux, tout ressurgit comme pour dire « chassez le naturel, il revient au galop ».

Notre communication vise à mettre en question les modes d’aménagement d’infrastructures de transports urbains en Afrique au prisme des pratiques locales de mobilité à partir du cas de Lomé.  Notre démarche d’analyse se fondera sur nos observations de terrains et entretiens  effectués auprès des différents acteurs de la mobilité et des politiques d’infrastructures routières de Lomé


Mot-clé : Infrastructures, Lomé, mobilité, et transports urbains

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De Lomé à Ouagadougou, le Poste de Contrôle Juxtaposé (PCJ) de Cinkassé (Nord-Togo) facilite-t-il les échanges entre les deux pays de l’UEMOA ?

De Lomé à Ouagadougou, le Poste de Contrôle Juxtaposé (PCJ) de Cinkassé (Nord-Togo) facilite-t-il les échanges entre les deux pays de l’UEMOA ?

Auteur(s) : AGBAMARO Méyébinesso ; NOYOULEWA Tchoou Adong ; NANOINI Damitonou ;

Le 26 novembre 2001, le Conseil des Ministres de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a adopté la Décision N°08/2001/CM/UEMOA portant modalités de financement d’un Programme communautaire de construction des Postes de Contrôle Juxtaposés (PCJ) aux frontières des Etats membres. Ces infrastructures visent à faciliter les échanges par le regroupement des formalités (transit, dédouanement, immigration, santé, phytosanitaire, etc.) à la frontière en un seul lieu. Près de vingt ans après, le concept s’est étendu à la CEDEAO. Plusieurs PCJ sont apparus sur les espaces transfrontaliers de plusieurs pays en Afrique de l’Ouest : Boundou-Fourdou (Sénégal/Guinée), Malanville (Bénin/Burkina Faso), Noèpé (Togo/Ghana), Sèmé-Kraké (Bénin/Nigeria), Laréraba (Côte d’Ivoire/Burkina Faso/Mali), etc. Ce papier entend montrer la contribution de ces ouvrages dans la facilitation des échanges en Afrique de l’Ouest à partir de l’exemple du PCJ de Cinkassé entre le Togo et le Burkina Faso. La méthodologie repose sur la recherche documentaire et les travaux de terrain. Une approche chronologique est volontairement adoptée pour mieux apprécier la situation avant et après la construction du PCJ. Il ressort de l’analyse des données collectées que le PCJ de Cinkassé mis en service en 2010 apparaît, pour les acteurs clés du transport routier sur le corridor Lomé-Ouagadougou, plutôt comme une « institutionnalisation » des pratiques anormales sur la route. La lenteur des formalités et le prélèvement des « faux frais » restent toujours d’actualité en dépit de l’interconnexion des administrations douanières des deux pays. L’objectif de 1 à 2 heures d’attente au lieu de 2 à 3 jours n’est pas encore atteint et 2 000 à 7 000 F CFA peuvent encore être versés illégalement par les transporteurs. Autant dire que des défis doivent être relevés par l’opérateur désigné Scanning System, la Commission de l’UEMOA et les autorités locales pour l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays voisins appartenant aux espaces UEMOA.


Mot-clé : facilitation des échanges – PCJ – libre circulation – pratiques anormales – UEMOA.

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« Circulez, il y a tout à voir ». Suivre la piste des motos entre la Chine et l’Afrique

« Circulez, il y a tout à voir ». Suivre la piste des motos entre la Chine et l’Afrique

Auteur(s) : Blundo Giorgio ;

Mon intervention s’appuie sur une recherche en cours sur la circulation entre la Chine et l’Afrique de l’Ouest d’une marchandise peu étudiée à ce jour, à savoir les motos et les tricycles, produits dont la Chine dispute à l’Inde la place de premier fabricant mondial.

A travers une étude « biographique » de cette marchandise, connectant des espaces politiques et économiques lointains, j’analyse sa circulation, ses usages, ses modes de régulation, ainsi que les effets politiques et sociaux engendrés par l’articulation de ces différentes dimensions.

Cette ethnographie globale concentre ses observations sur les lieux jouant le rôle de hubs, de nœuds de confluence et de rayonnement de flux de marchandises, savoirs technologiques, visions entrepreneuriales, collaborations durables ou plus éphémères : les districts industriels chinois de Chongqing et de Guangzhou, où se concentrent des centaines de fabricants de motos ; Lomé et son port en eaux profondes, qui reçoit annuellement un demi-million de motos chinoises, faisant du Togo la principale porte d’entrée des motocyclettes de fabrication chinoise en Afrique de l’Ouest ; la ville-frontière de Cinkassé, important marché ouest-africain hors douane, par lequel les motos, à la fois marchandise et vecteur de marchandises exportées frauduleusement, alimentent des circuits transfrontaliers complexes.

J’étudie de ce fait les itinéraires et les routes de ces circulations, les configurations d’acteurs qui les font circuler, les infrastructures et les moyens de transport, les formes de régulation (sur le plan fiscal, douanier, etc.) qui les encadrent et leurs contournements.

Par un retour sur un terrain multisitué et intensif de quatre ans et une mise en perspective avec d’autres ethnographies récentes sur la circulation des marchandises, j’esquisserai les problèmes, surmontés ou irrésolus, ainsi que les potentialités et les ouvertures d’une enquête anthropologique qui vise à embrasser la totalité d’une chaine globale d’approvisionnement et de valeur.


Mot-clé : chaine globale d'approvisionnement, Chine, circulation, ethnographie, Moto, et Togo

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Voir le panel Analyser les circulations commerciales dans les Suds de manière frontale. Essais ethnographiques et théoriques / Analyzing the complexity and variability of commercial circulations in the South. Ethnographic and theoretical experiments

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