Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Migration transfrontalière, transport de marchandises et flux économiques autour de la filière fripes : cas des marchés de Kantamanto (Accra) et de Black market (Abidjan).

Migration transfrontalière, transport de marchandises et flux économiques autour de la filière fripes : cas des marchés de Kantamanto (Accra) et de Black market (Abidjan).

Auteur(s) : Koffi Léopold KOUAKOU ;

De récentes données montrent que 61% des émigrés Ouest Africains circuleraient au sein de la sous-région (Beauchemin et Lessault, 2014). Cette migration sous régionale s’inscrit dans le cadre des accords de libre circulation conclus par la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest).

Le Ghana et la Côte d’Ivoire, deux pays frontaliers d’Afrique de l’Ouest ayant des histoires politiques et économiques différentes sont parvenus à polariser l’espace migratoire et commercial Ouest Africain. Eberhardt et Teal (2010). La présence des ports maritimes d’Accra et d’Abidjan auxquels s’ajoute un réseau routier Ivoiro-Ghanéen dense ont permis de développer des activités marchandes renforcées par une intensification des circulations migratoires entre ces deux pays.

La sous-préfecture de Noé, frontière Ivoiro-Ghanéenne est un important espace de transit de marchandises qui sert de voie de passage de marchandises entre ces deux pays et à destination des pays situés de part et d’autre de la Côte d’Ivoire et du Ghana. À l’échelle des frontières, des espaces se connectent et des dynamiques économiques, sociales et spatiales se mettent en place. (Bennafla K.,1999 ; Hamez G., 2004 ; Mohamadou, 2016).

Les marchés, lieux de stockage et de distributions dans les zones urbaines constituent des points de repères et de départ de réseaux marchands qui se déploient à des échelles transfrontalières et aussi transcontinentales avec des acteurs multisitués que sont les migrants. (Poyau A., 2008 ; Sangvatanachai D., 2012 ; Mahamet, Garnier, 2012 ; Weber, 2009).

Les formes organisationnelles des acteurs qu’ils soient importateurs, transporteurs, grossistes, semi-grossistes ou détaillants, les liens socio – communautaires entre eux, leurs capacités de circuler en dehors des frontières donnent une spécificité aux circulations commerciales dans la plupart des villes africaines. (Mahaman M., 2015 ; Nassa, 2005)

Pris comme objet d’étude, Le commerce des fripes au sein des marchés de Shopping Abrogoua à Abidjan et de Katamanto à Accra présente des points fédérateurs qui allient des dynamiques transfrontalières dans les activités marchandes d’entrepreneurs migrants.  (Hansen ,2000 ; Bredeloup ,2016 ; de Haas ,2006). Totalisant 185.000 tonnes de fripes en 2017, Ces deux marchés d’ampleur sous régionale entretiennent entre eux d’importantes circulations de marchandises de fripes qui alimentent à leur tour d’autres marchés sous régionaux.

Nos enquêtes1 de terrains à Accra et à Abidjan basés sur des entretiens semi directifs auprès d’acteurs de la chaine de commercialisation et de transports des fripes et l’analyse  de données statistiques en lien avec cette activité nous permettent de développer deux idées principales :   la première présente les marchés urbains comme points de départ des circulations marchandes transfrontalières et transnationales  et la seconde présente des entrepreneurs migrants comme principaux acteurs des circulations marchandes au sein de l’espace Ouest Africain .

Notre étude porte sur l’interaction entre circulation commerciale de marchandises et dynamiques migratoires avec comme entrée les marchés de fripes Katamanto (Accra) et d’Adjamé (Abidjan).  La particularité de ce travail est de montrer le rôle d’acteurs migrants Ouest africains dans la consolidation et l’essor des échanges frontaliers.


Mot-clé : " marchés de fripes", "échanges", "entrepreneurs migrants", "réseaux commerciaux", "transfrontalier", "urbain", circulations, Frontière, et migration

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“Hoje não saio daqui” : mise en récit dialogique de la migration angolaise dans une favela de Rio de Janeiro

“Hoje não saio daqui” : mise en récit dialogique de la migration angolaise dans une favela de Rio de Janeiro

Auteur(s) : Quirion Nicolas ;

En 2020, la compagnie « Cia Marginal », œuvrant au sein des favelas de Maré, à Rio de Janeiro, a présenté sa nouvelle création. La pièce aborde la migration angolaise dans cet espace urbain. Des questions ayant trait aux frontières urbaines et au racisme y sont notamment soulevées.

L’immigration angolaise représente, depuis les années 1970, le principal flux de personnes en provenance d’Afrique vers le Brésil. Le mouvement le plus important a ainsi eu lieu entre les années 1990 et le début des années 2000, lorsqu’une importante population de jeunes hommes fuyant les rusgas (recrutement militaire obligatoire) s’est établie dans la ville de Rio de Janeiro. Pour diverses raisons, ces individus — généralement issus des classes populaires et anciens résidents des musseques (quartiers informels et précaires de Luanda) — se sont concentrés dans une série de favelas appartenant au complexe de Maré, dans la zone nord de Rio de Janeiro. Cependant, dès la fin des années 1990, ces immigrants ayant fui de la guerre civile se sont retrouvés ciblés par des rumeurs les associant à la criminalité violente.

Dans la nouvelle pièce de la compagnie « Marginal », l’environnement de la favela est utilisé comme support dramatique. Au cours du spectacle, un dialogue s’opère entre les intégrants à part entière de la compagnie et un groupe de jeunes acteurs angolais recrutés pour l’occasion. Les idéalisations et préjugés qui caractérisent les perceptions mutuelles entre les deux pays — Angola et Brésil — sont mobilisés comme ressort afin de provoquer une réflexion concernant, principalement, les discriminations raciales et les frontières urbaines. Une analyse des choix de mise en scène permettra de discuter la possibilité de représentation politique pour les migrants africains au Brésil, ainsi que de penser critiquement l’apparition du multiculturalisme et du cosmopolitisme dans une périphérie urbaine dégradée de Rio de Janeiro.


Mot-clé : Angola, Brésil, favela, Frontière, racisme, segrégation, et théâtre

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Dire la frontière en contexte d’insécurités. A partir du cas de Diffa (Est du Niger)

Dire la frontière en contexte d’insécurités. A partir du cas de Diffa (Est du Niger)

Auteur(s) : HAMANI Oumarou ;

Depuis près d’une décennie, le Niger fait face à une insécurité transfrontalière multiforme: attaques djihadistes par la secte Boko Haram dans ses frontières Sud et Est, attaques du MUJAO à sa frontière avec le Mali, trafics et migrations illégales vers le Nord…Cette insécurité transformes les rapports, la signification et les pratiques de frontière, en même temps qu’elle modifie également les relations à l’Autre vivant au niveau des frontières.

Le corpus de la présente communication provient d’une étude réalisée dans la région orientale du Niger, théâtre depuis 2015  d’attaques du groupe terroriste Boko Haram. A Diffa, la frontière fait sens dans son acception plurielle (Anderson, 2001; Bennafla, 2002) parce qu’elle renvoie tout à la fois à un processus social, économique, politique, anthropologique. Diffa se caractérise par deux types de frontières, les unes tournées vers l’extérieur et les autres sont de type intérieur. Le territoire est occupé par divers groupes ethnolinguistiques séparés par des frontières sociales elles-mêmes prolongées dans des systèmes de production différenciés.

La présente communication tente de saisir comment à Diffa l’on désigne et pense la frontière en contexte d’insécurité. La frontière, avant tout, est un discours construit par les circonstances, reproduit et diffusé pour ensuite être reapproprié par les communautés. Aussi, lorsque les populations de Diffa évoquent la frontière, de quoi parlent-elles concrètement et quels référents mettent-elles en avant? L’analyse du sens qu’en donnent les populations locales aide à une meilleure compréhension de l’insécurité telle qu’évoquée par les populations autochtones et les communautés ayant fui l’insécurité au Nigeria. On peut aussi aisément saisir les pratiques de frontières à l’oeuvre en situation d’insécurité. L’analyse est ici organisée autour des “en gudun hijira” ( ceux qui ont fui la guerre). Dans leur fuite, ils ont des rapports bien particuliers à la frontière physique qu’ils ont été amenés à franchir pour avoir la vie sauve, mais aussi en occupant des lieux nouveaux (sites d’installation ou camps de réfugiés), ils y inscrivent des relations de type nouveau entre eux (puisqu’ils sont originaires de localités différentes), mais aussi avec les communautés autochtones structurées dans des frontières sociales de type ethnique, religieux, économique, politique, etc.

L’analyse développée ici s’appuie sur un corpus  d’entretiens et d’observation réalisées en 2015 par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs du LASDEL. Menée dans quatre localités de la région de Diffa, la recherche a révélé un discours très ambivalent sur la frontière en temps d’insécurité; elle est tantôt un espace de sécurité et un lieu d’insécurité.


Mot-clé : Diffa, Frontière, Insécurité, et Niger

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Les limites de l’hospitalité dans les sociétés rurales forestières ivoiriennes

Les limites de l’hospitalité dans les sociétés rurales forestières ivoiriennes

Auteur(s) : Kouassi Koffi Noël ;

L’étranger à la barrière est une réflexion sur les pratiques d’hospitalité dans les sociétés rurales en Côte d’Ivoire en temps de guerre. A partir de la situation de dérèglement politique national et local, on analyse comment l’agir politique, visant à surveiller les villages contre les ennemis, remet fondamentalement en cause les pratiques de l’hospitalité qui structurent les rapports d’altérité entre les tuteurs autochtones et leurs étrangers. L’enquête ethnographique a été réalisée pendant la guerre que vient de traverser la Côte d’Ivoire. Cette période a été marquée aussi bien au niveau national que dans les milieux ruraux par un débordement du social et du politique, par des discours de délégitimation des étrangers, en raison de leur proximité supposée avec les rebelles. A partir des données produites dans ce contexte, nous questionnons principalement le lien entre le politique, l’identité, la reconnaissance et l’indifférence. L’objectif est d’étudier dans les interactions à la barrière, les formes d’expression du mépris de la figure de l’étranger et les effets de l’indifférence des pouvoirs coutumiers dans la régulation des interactions.  La barrière est envisagée comme une injonction à la rupture, à la distanciation et surtout comme un espace de perte des référents identitaires communautaires pour les étrangers, conduisant ainsi au renouvellement de leur figure dans les interactions.


Mot-clé : Côte d'Ivoire, Etranger, Frontière, Guerre, et identité

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L’exclusion ordinaire : une politique humanitaire à la frontière colombo-vénézuélienne ?

L’exclusion ordinaire : une politique humanitaire à la frontière colombo-vénézuélienne ?

Auteur(s) : GARLIN POLITIS Fernando ;

Depuis la crise migratoire des Vénézuéliens en 2016, plusieurs gouvernements d’Amérique Latine ont mis en place des mesures afin de « contrôler » et « gérer » les flux des personnes migrantes arrivant dans leurs pays. Des « visas humanitaires » ont été émis avec le but de « réguler » la situation des Vénézuéliens en Équateur, au Chili et au Pérou. Pourtant, le pays qui reçoit le plus grand nombre de migrants Vénézuéliens, la Colombie, n’a pas suivi cette démarche, en gardant une politique d’ouverture qui contraste avec ces mécanismes de triage. En effet, le gouvernement colombien a mis en place un programme de légalisation du statut de tous les migrants, permettant leur accès au marché de travail. Pourtant, le choix de « normalisation » du statut des Vénézuéliens en Colombie se heurte à la dynamique actuelle à la frontière. 

Tout autour des municipalités frontalières, des groupes armés et paramilitaires se livrent régulièrement à des pratiques telles que le trafic d’armes et de personnes, la contrebande d’essence, ainsi que le narcotrafic. Ces structures paramilitaires réglementent le transit des personnes et pratiquent des extorsions régulières que la population migrante comprend comme des impôts. Face à cette dynamique, la réponse de l’État en matière d’« inclusion » des migrants semble une stratégie pour maintenir une politique de l’« ordinaire » dans des situations de « crise ». Cette normalité se construit sur un récit de migrants ayant besoin de solidarité et d’aide humanitaire, mais sans les mesures sociales ou politiques qui auraient un impact sur un pays souffrant du plus grand déplacement interne au monde. De ce fait, les migrants à la frontière dépendent principalement des économies informelles, illégales ou humanitaires comme autant de formes ordinaires de survie. La mobilité offerte par une politique libérale d’intégration est donc entravée par la précarité de l’emploi et l’exploitation. Comme l’a observé Sandro Mezzadra (2017) à partir d’autres terrains, ces tensions et conflits ne sont pas seulement visibles aux frontières, mais aussi dans d’autres régions et avec d’autres populations en Colombie.

À partir d’une ethnographie réalisée à Bogotá, la capitale de la Colombie, et à Cúcuta et La Guajira, villes frontalières, je cherche à comprendre comment l’aide humanitaire s’articule avec une supposée politique d’inclusion dans des territoires frontaliers marqués par la violence, la discrimination et la précarité


Mot-clé : Colombie, exclusion, Frontière, migration, et Venezuela

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