Acteurs et actrices « féministes » togolais.es : un clivage générationnel marqué par les réseaux sociaux
Acteurs et actrices « féministes » togolais.es : un clivage générationnel marqué par les réseaux sociaux
Auteur(s) : Jodoin Léveillée Maude ;
À l’automne 2018, plusieurs associations de la société civile togolaise se sont regroupées au sein du Collectif « Non, c’est non » pour dénoncer les violences sexuelles perpétrées à l’égard des femmes. Les réseaux sociaux ont constitué un canal de communication de prédilection emprunté par ce mouvement. Un an après le mouvement #Metoo, ce collectif togolais s’inscrit dans une vague de revendications féministes et transnationales particulièrement d’actualité qui démontre que les associations féminines constituent un lieu propice où observer différentes formes d’action collective. Ce collectif s’insère néanmoins dans un réseau d’acteurs togolais beaucoup plus large qui englobe plusieurs générations d’individus et d’organisations ayant chacune leurs spécificités. Cette communication traitera des spécificités propres à chaque génération en se demandant en quoi les réseaux sociaux constituent un marqueur de différenciation entre les différentes générations d’acteurs présents dans l’espace de la cause des femmes togolais. Une telle interrogation s’inscrit dans la lignée des travaux portant sur le féminisme digital. Les générations d’acteurs se définissent ici en fonction des pratiques et des caractéristiques de leur engagement collectif, une définition qui s’étend ainsi au-delà de l’âge des acteurs. Les résultats présentés lors de cette communication proviennent d’une enquête ethnographique de 8 mois réalisée à Atakpamé, Kpalimé, Lomé et Tsévié, combinant des observations ainsi que des entretiens semi-directifs et informels. Comment l’émergence des réseaux sociaux auprès des militantes « féministes » togolaises transforme-t-elle les modalités d’action collective au sein de l’espace de la cause des femmes au Togo ? Voilà une question à laquelle on peut répondre en trois points. Premièrement, il apparaît que les différentes générations d’acteurs usent des mêmes moyens d’action collective, mais à travers des canaux de diffusion différents. Alors que les anciennes générations priorisaient les rencontres physiques, les campagnes digitales deviennent le point focal de la stratégie de sensibilisation de la nouvelle génération. Deuxièmement, le recours aux réseaux sociaux permet d’accroitre la dimension transnationale des thématiques priorisées et des messages véhiculés, s’accompagnant ainsi d’une influence internationale plus marquée et de relations plus étroites entre les militantes au point de vue national, régional voire international. L’accès à la toile web accroit ainsi les échanges entre les militantes, mais demeure toutefois limité à cette génération d’individus connectés. Un écart de plus en plus important se forme alors entre la génération plus ancienne, présente exclusivement sur le terrain, et la nouvelle génération présente davantage sur le web. Finalement, le caractère virtuel des canaux de diffusion utilisés par la nouvelle génération influence également la nature des structures empruntées par cette nouvelle génération de militantes. Elles oeuvrent dans des « organisations » plus flexibles et informelles.Par exemple, elles parlent de « mouvements » plutôt que de « réseaux » et elles priorisent les rencontres virtuelles aux formalités allégées.Bref, le recours plus ou moins important aux réseaux sociaux constitue un marqueur de différenciation entre les générations de féministes togolaises.C’est l’étude de ces différentes générations qui permettra d’analyser l’évolution des formes prises par l’action collective « féministe » au Togo.
Mot-clé : générations de militantes; féminisme digital ; action collective transnationale
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