Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Research pure and consultancy. How to deal with them through an anthropological approach? Some self-reflections based on fieldworks in sub-Saharan Africa

Research pure and consultancy. How to deal with them through an anthropological approach? Some self-reflections based on fieldworks in sub-Saharan Africa

Auteur(s) : Colosio Valerio ;

How can we navigate from our work as researcher on anthropology and consultancies activities such as impact or project evaluation? How to combine the anthropology need of long fieldworks and the effort to understand and use emic categories and frame the research according to local agendas and meanings with the strict requirements and aims of consultancies with NGOs? How anthropological skills and experiences can be valued and used in very short evaluation mission? In this paper, I explore my own experience as PhD researcher in Social Anthropology and consultant for various NGOs projects, in Chad and Zambia. I conducted my PhD research in Central Chad between 2014 and 2018, funded by an ERC grant; and I realized 4 different consultancies in Chad (3) and Zambia (1) aimed to evaluate different NGOs projects and their impacts. In the paper, I first summarize the need and challenges of the two different typologies of research, focusing on the meaning of Anthropology and the basic requirement to do a proper anthropological research. I then describe the practice implementation of an impact evaluation and a project evaluation, exploring the difficulties for me, as anthropology, to respect the ethical and qualitative standards of an anthropological research and, at the same time, fulfill the request of the NGOs in term of specific data and evaluation. Moving from this, I critically reflect on the effective capacity of an anthropological analysis to grasp and represent the point of views of the different local actors; and on the different constraint I encountered, as a consultant and as a researcher. Are these two activities totally unrelated and radically different or structure of some grants and the progressively tighter timetables to finalize researches are making these two activities more similar, reducing the capacity to really implement an emic approach and develop original theories? How can my competencies as Doctor in Anthropology critically enrich activities like the project evaluation where the room of agency of the consultant is deeply constrained by the requirements of the donors? Through this paper, I try to critically assess both academic anthropological research and consultancies aimed to assess development projects; and to open a dialogue between two activities that are becoming progressively more entrenched for young, precarious researcher who need to find practical applications in order to fund their own researches.


Mot-clé : Anthropology - Project evaluation - Impact - Qualitative methods

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« Mailler » un secteur-pays : éthos professionnel et stratégie des consultants qui dominent la fabrique transnationale de la décentralisation-malgache

« Mailler » un secteur-pays : éthos professionnel et stratégie des consultants qui dominent la fabrique transnationale de la décentralisation-malgache

Auteur(s) : Al Dabaghy Camille ;

Au fil des années 1990 et 2000, la politique de décentralisation malgache est devenue exemplaire de l’enchevêtrement des interventions et des organisations de l’aide et des États Sud [Whitfield, 2009]. La tendance globalisée à l’externalisation de l’action publique, la survalorisation globalisée de l’expertise privée et la multiplication des banques et agences d’aide dans ce secteur d’intervention ont produit une démultiplication des différents contrats d’expertise (études de faisabilité, étude d’impact, dispositifs de suivi-évaluation…).

En analysant 67 rapports d’expertise produits dans le secteur-pays de la décentralisation-malgache dans les années 1990 et 2000, on constate que parmi la quarantaine de consultants qui sont intervenus, se sont progressivement imposés trois consultants professionnels européens. Ils ont gagné des marchés pour les différents bailleurs du secteur, à toutes les étapes de leurs interventions, se sont assuré une présence régulière sur la Grande Île et parviennent à durer dans ce secteur-pays plus que tous les autres cadres étrangers de l’aide. Ils sont devenus des acteurs clefs de la fabrique transnationalisée de la décentralisation malgache.

Ces constats renvoient à deux questions de recherche : quels sont les effets de l’externalisation et de la mise en marché de l’expertise publique sur le profil et les pratiques des experts en développement ? Comment se structure l’offre d’expertise internationale en matière de réforme de l’État au Sud à l’échelle d’un secteur-pays ? Cette communication vise à répondre à ces questions à partir du cas de la décentralisation malgache. J’y répondrai à trois questions : qui sont des consultants étrangers qui parviennent à dominer la fabrique transnationale de la décentralisation malgache dans les années 2000 ? Quel est leur éthos professionnel ? Et comment ont-ils construit leur position d’intermédiaires Nord-Sud multipositionnés et dominants ? Je le ferai sur la base d’entretiens, d’archives et d’observation ethnographique.

Après avoir présenté le parcours professionnel de ces consultants et leurs positions dans le secteur,  j’analyserai leurs pratiques de l’expertise et le discours qu’ils tiennent sur leurs pratiques. Je montrerai que ces consultants ne collent pas au modèle des consultants qui « ne font que passer », ne connaissent pas le terrain, ne seraient que des « passeurs » déresponsabilisés de modèles standardisés de réformes et d’instruments d’intervention défendant strictement des intérêts particuliers. Ce sont au contraire des consultants qui ont intégré à leurs pratiques du conseil des valeurs et des croyances auxquelles ils ont été socialisés comme assistants techniques : « culte du terrain » [Meimon, 2010] et de l’expérimentation, « professionnalisme engagé » [Dauvin, 2004]. Enfin, je montrerai qu’ils ont mis en œuvre une stratégie consciente de « maillage » le secteur-pays visant à construire leur carrière, certes, mais aussi à faire prévaloir les « solutions » d’action publique qui leur paraissent les plus pertinentes.

Dauvin Pascal, 2004, « Être un professionnel de l’humanitaire ou comment composer avec le cadre imposé », Revue Tiers-Monde, vol. 4, n° 180 : 825‑840.

Meimon Julien, 2010, « Culte du terrain à la rue Monsieur. Les fonctionnaires de la France d’outre-mer et de la coopération », Afrique contemporaine, vol. 4, n° 236 : 53‑65.

Whitfield Lindsay (dir.), The Politics of Aid: African Strategies for Dealing with Donors, Oxford UP.


Mot-clé : circulations de politiques publiques, consultants, décentralisation, et Madagascar

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Le “rôle” des consultants dans les programmes du fonds européen de développement : le cas des cellules d’appui à l’ordonnateur national

Le “rôle” des consultants dans les programmes du fonds européen de développement : le cas des cellules d’appui à l’ordonnateur national

Auteur(s) : courtin Christophe ;

Le mot atelier dérive de astelle,un petit morceau de bois qui a aussi donné attelle. Par métonymie, le lieu de travail des artisans menuisiers a très vite désigné les premières écoles de théâtre. Aujourd’hui l’atelier signifie groupe de travail chargé de produire des résolutions ou des recommandations et pas mal de langue de bois, ce qui le fait revenir à son sens d’origine. Le vocabulaire du théâtre imprègne la configuration développementiste : ateliers participatifs, rôle des populations, rôle des acteurs (de la société civile, « non étatiques », du développement, institutionnels). Parmi tous les acteurs du développement des autres, le rôle de l’expert (on dira aussi le consultant l’assistance technique) est particulier. Comme l’Arlequin de la Commedia d’el Arte et son habit fait de pièces de tissus colorées, il doit déployer un registre de compétences larges. Son rôle est central dans le projet de développement où il intervient mais où il n’est jamais le personnage principal et on lui fait souvent jouer le mauvais rôle.

L’Union Européenne (UE) au travers du Fonds Européen de Développement (FED) est au niveau mondial le premier pourvoyeur de consultants internationaux en ingénierie sociale au travers de tous les dispositifs d’appui aux bénéficiaires de son aide. Le 11eFED (2014-2020) est doté de 30,5 milliards d’euros et concerne le développement local, l’humanitaire, la citoyenneté, les droits de l’homme et la coopération au développement. En 2020, l’Union Européenne finance près de 500 projets en Afrique dont plus de la moitié en Afrique Subsaharienne francophone et mobilise environ 1200 experts long terme (plus d’une année à temps plein). De l’expertise court terme (quelques semaines) est également mobilisée en permanence, elle triple ce chiffre d’experts engagés.

La communication se concentrera sur le rôle des experts long terme de l’UE dans les projets. Engagés sur contrat de travailleur indépendant via une quinzaine de bureaux d’études privés européens du secteur marchand, les consultants travaillent aussi bien auprès des bénéficiaires étatiques de l’aide européenne (les ministères) que des bénéficiaires finaux (« les populations »). Leur rôle est d’abord d’être un interface entre les exigences procédurales et financières de la Commission Européenne et ce que l’on appelle communément les « réalités de terrain », c’est-à-dire les contextes politiques, sociaux et culturels que les outils de gestion de projet sous estiment quand ils ne les ignorent pas. Leur apport technique dans le domaine spécifique de leur projet est secondaire. On privilégiera leurs compétences dans les procédures et surtout leur capacité à assurer l’appropriation de ces dernières par les « acteurs » bénéficiaires. Le cas de l’assistance technique auprès des services des Ordonnateurs Nationaux (c’est-à-dire les services des ministères locaux chargés de la gestion financière des projets subventionnés par l’UE) sera étudié plus spécifiquement.

La consultance dans l’aide au développement est aussi une filière professionnelle qui s’internationalise et qui est en crise. En France une soixantaine de masters universitaires en coopération, développement ou humanitaire, forment par an environ 1500 spécialistes autour des méthodes de conduite de projet en développement, le marché ne peut pas absorber ce nombre croissant, la profession s’africanise et les prix sont tirés vers le bas.


Mot-clé : assistant technique Fonds Européen de Développement, consultant, expert, et Unio européenne

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L’évaluation des projets de Plan International Togo dans la lutte contre les violences de genre en milieu scolaire : Forces et faiblesses du métier de consultant dans un contexte de production de résultats négociables

L’évaluation des projets de Plan International Togo dans la lutte contre les violences de genre en milieu scolaire : Forces et faiblesses du métier de consultant dans un contexte de production de résultats négociables

Auteur(s) : Amouzou-Glikpa Amévor ;

Les études et évaluations des projets de développement devraient constituer, ensemble avec les travaux de recherche, une double restitution de la réalité scientifique des faits. Or, l’expérience des chercheurs qui s’aventurent dans le métier de la consultance démontre plutôt souvent une autre réalité liée à ce métier, à savoir l’exigence de production de résultats conformes aux attentes des bailleurs. En s’appuyant sur l’exemple de deux projets éducatifs de l’ONG Plan international au Togo, notamment les projets « Education Sensible au Genre et Sans Violence » et « Renforcement de la Société Civile dans la Lutte contre les Violences de Genre au Togo », la présente contribution essaye de décrire et d’analyser les forces et les faiblesses du métier de consultant dans la restitution de la réalité empirique du terrain.

En effet, parce qu’imposée par le bailleur, la consultance intervient souvent dans une phase ponctuelle du processus d’exécution des projets en vue de leur évaluation. Les ONG de pilotage ont donc une parfaite connaissance des indicateurs de résultats devant être mobilisés et pour lesquelles les travaux de consultant sont sollicités.

Il s’ensuit que des techniques et procédures d’enquêtes réellement déployées pour un travail scientifique, restent parfois stériles ou font l’objet de négociations, de gestions et d’arbitrage d’informations pour la production de rapports d’études de satisfaction.

Le métier de consultant devient, de ce fait, un travail plein de contraintes et qui s’exercent autour des conflits d’intérêts conduisant parfois à de vises tensions, mais aussi de négociations.

Sont ici décrites et analysées, les différentes postures du chercheur-consultant, partagé entre la défense des techniques et méthodes des sciences sociales et la souplesse dans la restitution des résultats d’enquêtes sociales pour la satisfaction des bailleurs. L’usage de diverses normes pratiques est à cet effet relevé.

Les réflexions se posent sur les marges de manœuvre dont ils disposent dans leur mission de restitution de la réalité des faits scientifiques pourtant nécessaire dans les actions et processus de développement.


Mot-clé : conflits d'intérêts, consultance, contraintes, négociations, normes pratiques., projets de développement, et Recherche

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Poids autorisé du registre emic dans les bagages des modèles voyageurs.

Poids autorisé du registre emic dans les bagages des modèles voyageurs.

Auteur(s) : BOUTINOT Laurence ;

Les demandes d’expertise en sciences sociales dans le domaine du développement et peuvent émaner de bailleurs de fonds soucieux d’évaluer la faisabilité environnementale, économique et sociale d’une filière de production, ou d’entreprises privées transnationales répondant aux nécessités des certifications de qualité. Les motivations pour y répondre de la part du chercheur ou de son établissement employeur, sont de plusieurs ordres et de natures différentes. La circulation du chercheur lui-même entre plusieurs types d’expertise, sa marge de manœuvre et ses dispositions à naviguer d’un champ ou d’un pays à l’autre, entrent dans des critères plus ou moins stabilisés. Nous évoquerons deux cas d’expertise en sciences sociales, leur mise en œuvre, leur contenu, leurs contraintes, les connaissances produites et leur légitimité, au travers de l’expérience vécue par la consultante.

Selon la définition des ‘modèles voyageurs’ (Olivier de Sardan 2018), les normes de certification des producteurs de palmiers à huile (Roundtable on Sustainable Palm Oil- RSPO) entrent dans ce champs d’analyse. Nous voudrions y ajouter un cadre d’étude systématisé par le département coopération de l’Union Européenne (DEVCO) à travers un programme développé par AGRINATURA (un groupe d’organisations de recherche et d’université européen) intitulé VCA4D ou Value Chain Analysis For Dévelopment, dont l’objectif est de conseiller les décideurs politiques dans leur choix de soutenir et/ou de transformer des filières agricoles.

Ces deux dispositifs normatifs relèvent de ‘modèles voyageurs’ propres à cadrer les expertises que nous avons pu réaliser en tant que chercheure en sciences sociales ; l’une en République Démocratique du Congo pour le compte d’une entreprise privée, la seconde au Cameroun pour l’étude sociale de la filière de cacao financée par l’Union Européenne.

Rendre compte de la déclinaison des normes internationales dans les contextes socio-culturels et politiques locaux est le mandat attribué à l’expert en sciences sociales. Il apparaît que les normes, telles celles du RSPO, sont des cadres dont les entrepreneurs privés craignent la rigidité et envers lesquels ils souhaitent que l’expert se distancie en faisant appel, de façon souple et contextualisée, à la spécificité du local. En revanche, les cadres d’études systématisées du VCA4D exigent du consultant de s’y référer de façon la plus normative possible (droit des travailleurs, travail des enfants, égalité de genre, etc.). Nous constatons que la dimension emic des propos tenus par les acteurs locaux et restitués par l’expert, n’endosse pas, dans les deux cas, la même légitimité et ne tient pas la même place dans le rapport de restitution final. Ce dernier entre, en effet, dans des rhétoriques, elles aussi cadrées, qui donnent lieu à des révisions multiples et parfois à des censures. Si dans certains cas, la censure peut renvoyer à un problème déontologique, les corrections relèvent souvent d’une mise en forme diplomatique ou « a partisane » dont la définition reste relative à la doxa dominante. A partir de ces deux expériences, nous donnerons à lire à la fois les contraintes de l’expert en sciences sociales, ainsi que les ‘ficelles du métier’ qu’il doit mobiliser, depuis l’amont jusqu’à la restitution finale du travail aux commanditaires.

 


Mot-clé : certification, expertise, modèles voyageurs, et registre emic

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