Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Défi de la globalisation de la recherche sociale en environnement dans les universités africaines: Cas de l’Université de Korhogo en Côte d’Ivoire au regard du paradigme du Grand Partage convoqué par Claude Abe

Défi de la globalisation de la recherche sociale en environnement dans les universités africaines: Cas de l’Université de Korhogo en Côte d’Ivoire au regard du paradigme du Grand Partage convoqué par Claude Abe

Auteur(s) : DJANE Kabran Aristide ;

Claude Abe s’appuyant sur les travaux de Bruno Latour a exposé la particularité que présente la globalisation de la sociologie en contexte africain. Non seulement, cette sociologie globalisée recommande une dichotomie des approches de recherche, par une rupture épistémique ou méthodologique qui vise une « résistance qui mise sur l’hypostase du temps local » mais qui s’enrichie également « l’interaction et l’interdépendance des sites de production du savoir sociologique dans le monde ». Aussi, le dilemme de ce que Samir Amin appelle la déconnexion, amène le chercheur africain à faire apparaitre, une sociologie de la passerelle entre la déconstruction, l’articulation et la réappropriation. Aussi ces trois dimensions en distance du paradigme du grand partage de Claude Abe sont observées à travers le mécanisme de recherche sociale en environnement construite à l’Université de Korhogo en Côte d’Ivoire. Aussi, notre contribution s’interroge-t-elle sur la dissidence paradigmatique qui fonde les travaux de recherche sociale en environnement à Korhogo, ensuite, convoque-t-elle l’articulation à partir de son indicateur « capacité d’inventivité de la part du chercheur en situation africaine », qu’implique le décloisonnement géographique, au regard des va-et-vient de la réappropriation de l’effet de terrain au prisme de « l’articulation des spécificités de l’environnement socio-culturel et des postures analytiques communes à la communauté scientifique mondiale ». Ainsi, à partir de 97 articles de recherche sociale en environnement effectués et publiés à l’Université de Korhogo entre 2013 et 2017, une grille d’analyse de contenu matricilialisant les indicateurs des dimensions (déconstruction, articulation et réappropriation) sont conduites sur ces données secondaires (articles). Au terme, il ressort de ces travaux que seules les deux dernières dimensions à savoir l’articulation et la réappropriation transparaissent dans les travaux des chercheurs en science sociale de l’environnement de l’Université de Korhogo. La déconstruction qui milite en faveur d’une dissidence épistémique et méthodologique n’est aucunement convoquée.


Mot-clé : Claude Abe, Environnement, Globalisation, Grand Partage, et Paradigme

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Les mobilités d’étude nord-américaines à Dakar (Sénégal) : quels savoirs construits sur et depuis l’Afrique ?

Les mobilités d’étude nord-américaines à Dakar (Sénégal) : quels savoirs construits sur et depuis l’Afrique ?

Auteur(s) : HELENE QUASHIE ;

Peu de recherches en sciences sociales sur l’Afrique subsaharienne interrogent les mobilités et migrations qu’elle accueille en provenance de pays occidentaux. Cette contribution s’intéresse en particulier à des mobilités pour étude depuis les Etats-Unis (et minoritairement depuis le Canada) à destination du Sénégal. Ce pays d’Afrique de l’Ouest, habituellement étudié pour ses migrations vers l’Europe, l’Asie et les Amériques, connait de longue date de multiples circulations venues de ces mêmes continents, parmi lesquelles celles de programmes universitaires nord-américains semestriels à Dakar.

Ces programmes présentent des rhétoriques de découverte et des visites fondées sur un imaginaire favorisant l’immersion culturelle des étudiants dans la société locale. Ce processus est accompagné de cours d’histoire politique, de philosophie religieuse, d’économie du développement, de littérature africaine, de musique et danse africaines, et de langues locales. Certains programmes adoptent des enseignements décoloniaux et favorisent la venue d’étudiants afro-américains. Tous proposent des recherches exploratoires ou des stages dans des écoles, associations ou structures de développement. Enfin, loger les étudiants dans des familles d’accueil, en milieu rural et urbain, pour comprendre in situ les « valeurs » locales, complète cet apprentissage, qui reprend, selon les programmes, des pratiques de l’ethnologie africaniste.

Ce système universitaire transnational entre l’Amérique du Nord et le Sénégal imite les programmes Erasmus européens, mais n’inclut pas d’échange académique avec des institutions sénégalaises. Il prend appui sur des instituts supérieurs privés et des centres d’accueil implantés à Dakar dirigés par d’anciens membres du Peace Corps ou son personnel local, d’anciens étudiants nord-américains qui ont côtoyé ces centres, ou des universitaires sénégalais de la diaspora en poste aux Etats-Unis ou qui l’ont été. Ces lieux d’accueil sont en relation avec des universités nord-américaines, via des structures intermédiaires américaines ou françaises. Les étudiants qu’elles attirent envisagent de travailler dans l’humanitaire, le développement, les arts, le journalisme, le secteur médical, et veulent bénéficier d’une expérience culturelle forte. La majorité de leurs encadrants, enseignants et référents administratifs est aujourd’hui sénégalaise. Ils souhaitent montrer une Afrique différente des clichés médiatiques nord-américains et visent souvent une « désoccidentalisation » du regard. En outre, dans certains programmes, des étudiants sénégalais et africains sont sélectionnés et constituent des « ponts culturels » pour leurs homologues nord-américains. Ils valorisent leur participation comme une opportunité de parfaire leur anglais, de créer des contacts, de s’ouvrir à d’autres horizons et à des enseignements dont ils ne bénéficient pas dans leurs institutions locales.

Cette communication s’appuie sur une étude socio-anthropologique au long cours dans cinq programmes d’étude à Dakar. Elle interrogera ce qu’ils disent des imaginaires construits sur l’Afrique et des savoirs ainsi produits. Mais aussi la façon dont ces derniers s’appuient sur les trajectoires personnelles et professionnelles des membres des équipes de ces programmes. Enfin, il s’agira de questionner si et comment des enseignements décoloniaux reproduisent malgré tout la fracture Nord-Sud et les privilèges inhérents à ce système éducatif néolibéral.


Mot-clé : Amérique du Nord, mobilité pour étude, et Sénégal

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Les élites des marges. Mobilités étudiantes touarègues et berabish à Cuba, et dans l’ex-bloc communiste

Les élites des marges. Mobilités étudiantes touarègues et berabish à Cuba, et dans l’ex-bloc communiste

Auteur(s) : Dragani Amalia ;

Notre communication vise à explorer les mobilités qualifiantes et étudiantes d’élites sahariennes issues de groupes d’origine nomade et pastorale (Berabish et Touaregs), vers l’espace de l’ex-URSS et de Cuba et du Moyen et Proche Orient depuis les indépendances.
Comprendre ce pan d’histoire post-coloniale à partir des élites d’origine nomade et pastorale rend possible un regard sur les interactions sociales à l’œuvre dans des régions enclavées, situées dans les périphéries sociales des États dans des contextes que Veena Das définit comme étant souvent « illisibles » (Das 2004).
Basée sur des données empiriques originales et de première main, notre intervention se focalisera d’abord sur le difficile processus d’appropriation de l’institution scolaire par les nomades sahariens durant la période coloniale et post-coloniale. Ensuite, à travers une approche ethnographique et biographique qui vise à restituer le point de vue de l’étudiant, nous nous intéressons à leur expérience à dans le pays de formation à Cuba, Moscou, Kiev (Dragani 2017) et à Bagdad. Nous suivrons les étudiants dans leurs activités quotidiennes pour en décrire les conditions d’accueil et les expériences interculturelles (adaptation à la culture du pays de résidence et compréhension de nouvelles normes sociétales, expériences interculturelles, loisirs et activités extrascolaires, conditions de logement), les rapports avec les locaux (avec les étudiants « autochtones », avec d’autres étudiants étrangers, avec les enseignants et le personnel administratif, mais aussi l’état de précarité ou de « chute sociale » (mal logement, renouvellement du titre de séjour, boulots de survie). Seront touchées aussi les questions relatives à la construction de leur identité, aux intimités transnationales et aux mixités conjugales, ainsi que les dynamiques de sédentarisation et l’établissement durable des diplômés dans leurs pays de formation.
Pour terminer sera analysé à la réintégration au sein du groupe d’origine pour ceux qui, une fois obtenu le diplôme, choisissent de rentrer en Afrique : les modes de consécration, de légitimation ou de délégitimation des nouvelles élites transnationales au sein de leur même société, de l’autres les négociations et les confrontations avec les élites locales (religieuses, politiques, artistiques), aux intérêts parfois contradictoires entre elles.


Mot-clé : Mobilités étudiantes; Sahara; Touaregs-Berabish; URSS et Cuba; Moyen Orien

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Colonisation, subordination et invisibilisation du savoir et des producteurs de savoir des pays du Sud au sein du mouvement Wikimédia, quels sont les risques et enjeux ?

Colonisation, subordination et invisibilisation du savoir et des producteurs de savoir des pays du Sud au sein du mouvement Wikimédia, quels sont les risques et enjeux ?

Auteur(s) : Scheepmans Lionel ;

Tous le monde connaît Wikipédia, mais qui connaît le mouvement Wikimédia ? À vrai dire peu de gens. Même au sein de la communauté des éditeurs de Wikipédia ce mouvement n’est que partiellement connu. La rédaction d’un article à son sujet dans l’encyclopédie Wikipédia et sa candidature au label de bon article n’est qu’une manière parmi d’autres de faire apparaître les limites du mouvement au niveau de l’inclusion des connaissances et des épistémologies subalternes à celles des Euro-descendants.

En matière de circulation du savoir, l’inclusion et la participation des peuples au sein du mouvement Wikimédia, ceux d’Afrique en particulier, pourrait devenir un des enjeux majeur de cette prochaine décennie. En effet, si le plan stratégique 2020-2030 de ce mouvement arrive à son objectif, « Wikimédia deviendra la principale infrastructure de l’écosystème de la connaissance libre, et quiconque partageant [sa] vision aura la possibilité de [le] rejoindre ».

En 2018, les statistiques produites par la fondation Wikimédia montrent que la participation au mouvement est très inégale en fonction des régions du monde. L’Europe de l’Ouest y est très présente à tous les niveaux, le continent nord américain dans un moindre mesure, bien qu’il domine les autres régions du monde sur les questions de programme et d’organisation, l’Europe de l’Est, l’Asie et le Nord de l’Afrique sont nettement moins représentés. Au final, il apparait aussi que le reste de l’Afrique est pratiquement absent au niveau éditorial, alors que cette partie du monde est particulièrement friande du savoir facilement accessible distribué par Wikipédia.

Au départ de ce constat et bien d’autres observations récoltées lors d’un travail ethnographique, en ligne et hors ligne, de près de dix ans, synthétisé dans l’écriture d’une thèse de doctorat débutée en 2017, nous débattrons des risques d’une nouvelle forme de colonisation culturelle apporté par ce type de biais systémique tel qu’il vient d’être présenté. Nous nous poserons des questions sur la place du savoir orale au sein de ce projet globalisant et « uni-versalisant » que représente le mouvement Wikimédia. Nous attirerons ensuite notre attention sur les risques de voir, au sein du libre partage de la somme des connaissances promu par le mouvement Wikimédia, le maintien de la subalternité et de l’invisibilité du savoir et des producteurs de savoir des pays du Sud en général et de l’Afrique tropical et subtropicale en particulier.

Lionel Scheepmans


Mot-clé : épistémologies subalternes, Mouvement Wikimédia, Pays du Sud, révolution numérique, société globalisée, uni-versalisme, et Wikipédia

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Église, politique et société en postcolonie : les imaginaires du complot autour des assassinats des prélats au Cameroun

Église, politique et société en postcolonie : les imaginaires du complot autour des assassinats des prélats au Cameroun

Auteur(s) : Samnick Denis Augustin ;

Le 02 juin 2017, alors que les Camerounais spéculaient déjà sur une éventuel suicide,  le corps de l’évêque de Bafia (localité située dans la région du centre du Cameroun), Monseigneur Jean-Marie Benoît Balla  avait été repêché dans le fleuve Sanaga, au niveau du pont d’Ebebda1. Dans la foulée de de cette funeste trouvaille, le clergé camerounais, par la voie du président de la conférence épiscopale, Monseigneur Sammuel Cléda rejeta vertement la thèse d’une noyade volontaire du prélat telle que défendue le procureur de la république. Le 02 août 2017, lors de la messe de requiem organisée à la mémoire du défunt, le secrétaire général de la conférence épiscopale Monseigneur Joseph Akonga pointera un doigt accusateur sur « des suppôts de Satan qui tapis dans l’ombre veulent faire du mal à l’église catholique en tuant ses prêtres ». Si cette homélie du secrétaire général avait été saluée par une frange de la population camerounaise, c’est surtout parce qu’elle faisait écho à une interrogation collective sur les assassinats non élucidés des prêtres  depuis plus de trois décennies dans ce pays. La disparition de Monseigneur Benoit Balla en 2017, comme celle des prêtres Engelbert Mveng en 1995, ou  Joseph Mbassi en 1988, sont toujours vécus comme des moments de déchirure sociale, de frustration et de peur généralisée. Aussi bien dans les conversations interpersonnelles que dans les commentaires journalistiques, la mise en récit de l’assassinat des prêtres revêt toujours une part de mystère, de sacrilège, d’indignation vis-à-vis d’un régime que les Camerounais n’hésitent pas à qualifier pour l’occasion de diabolique. Le sang humain  comme celui trouvé sur la tombe de Monseigneur Benoit Balla trois semaines après son enterrement ravive la thèse des rites sacrificielles autour de la mort de ces Hommes de Dieu. De telles profanations qui s’inscrivent dans ce que Achille Mbembé nomme le pouvoir expiatoire de la mort sacrificielle, génèrent un imaginaire du complot et de la méfiance sur lequel le régime autoritaire camerounais s’appuie pour enraciner sa domination et sa durabilité. Les Hommes de pouvoir qui font l’objet de ces imaginaires du complot ne sont plus analysées dans leurs dispositions habituelles à financer l’église, à favoriser son expansion, mais sous  leurs formes prétendument monstrueuses, abjectes et pour ainsi dire sataniques. Sur fond de quels aprioris historiques, sociaux et culturels ces imaginaires du complot autour de l’assassinat des prêtres s’enracinent, s’enrichissent et se contredisent au Cameroun ? En quoi les imaginaires du complot, les polémiques et les réponses gouvernementales  autour de l’assassinat des prélats participent-elles de la domination politique du régime camerounais sur ses citoyens ? A partir des observations participantes par nous conduites en 2017, des entretiens approfondis avec les commentateurs, les journalistes et les universitaires qui ont souvent livré leurs points de vue sur la disparition des prêtres au Cameroun.  Nous analyserons par ailleurs les différentes déclinaisons de la théorie du complot qui découlent de ces assassinats, à l’aune de la théorie nécropolitique et des paradoxes épistémiques dont elle est porteuse.


Mot-clé : assassinat des prélats, Cameroun, Eglise, imaginaires du complot, et politique

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