Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
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Construction d’une idéologique islamique dans les campus de Point-G et de Badalabougou à Bamako (Mali)

Construction d’une idéologique islamique dans les campus de Point-G et de Badalabougou à Bamako (Mali)

Auteur(s) : TIMBELY SEKOU SALA ;

 

Le milieu universitaire offre aux jeunes étudiants l’occasion d’acquérir des connaissances livresques mais aussi de prendre position par rapport aux grandes idées qui gouvernent le monde. L’idéologie marxiste-léniniste a eu du succès auprès des mouvements estudiantins africains, à côté de cette idéologie politique athéiste des idéologies religieuses sont en train d’émerger dans les campus ouest africains, le pentecôtisme et le salafisme/wahhabisme en sont des exemples (Lebeau, 1997 ; Camara, 2016 ; Sounaye, 2017). Cependant ni l’idéologie marxiste-léniniste, ni les idéologies pentecôtiste et salafiste/wahhabite ne sont des créations exclusivement africaines. Le marxisme-léninisme et le pentecôtisme sont d’émanation occidentale alors que le salafisme/wahhabisme vient du monde arabe. Il serait intéressant de documenter les dynamiques pouvant naître des manifestations de ces différentes idéologies dans un même espace universitaire.

Les campus universitaires de Point-G et de Badalabougou à Bamako connaissent les manifestations de l’idéologie marxiste-léniniste à travers les actions de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM). Les dits campus sont également investis par des associations estudiantines religieuses dont la Ligue Islamique des Elèves et Etudiants du Mali (LIEEMA) qui poursuit une idéologie d’orientation salafiste/wahhabite. La spécificité de la LIEEMA en tant qu’organisation d’orientation salafiste/wahhabite vient du fait qu’elle se construit une idéologie à partir des valeurs occidentales et des valeurs arabo islamiques (Camara, 2015).

Par quels processus l’idéologie salafiste/wahhabite circule vers le milieu universitaire ? Qui sont les acteurs impliqués dans le processus de circulation ? En quoi l’idéologie lieemiste emprunte aux « valeurs occidentales » ? Comment les acteurs perçoivent les emprunts aux « valeurs occidentales » ? En quoi les manifestations de l’idéologie lieemiste influencent le fonctionnement des institutions universitaires de Point-G et de Badalabougou à Bamako.

Ces questions représentent autant de pistes à approfondir au moyen d’enquêtes de terrain de type qualitatif. Les données produites serviront de matériaux pour finaliser la présente proposition de communication. La proposition s’inscrit en droite ligne de l’axe de réflexion : « que fait la circulation aux choses ? » puisqu’il s’agit de rendre compte du processus d’hybridation débouchant sur un modèle idéologique inédit.

Reference bibliographique

Camara, E. H. M. S., & Bodian, M. (2016). Islam in the academic sphere in Senegal : The case of Cheikh Anta Diop University in Dakar (UCAD). Contemporary Islam, 10(3), 379‑398. https://doi.org/10.1007/s11562-016-0360-8

Camara, S. (2015). Réislamisation et services publics au Mali : Le cas des universités de Bamako [Master 2 « Ethnologie et anthropologie sociale – Mention Anthropologie »]. École des Hautes Études en Sciences Sociales.

Lebeau, Y. (1997). Etudiants et campus du Nigeria : Recomposition du champ universitaire et sociabilités étudiantes. Karthala.

Sounaye, A. (2017). Salafi Youth on Campus in Niamey, Niger : Moral Motives, Political Ends. In E. Oinas, H. Onodera, & L. Suurpää (Éd.), What Politics? (p. 209‑229). Brill. https://doi.org/10.1163/9789004356368_014


Mot-clé : campus, idéologie islamique, LIEEMA, et Mali

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« Protéines alternatives, économie circulaire et souveraineté alimentaire : L’émergence de la mouche soldat noire comme ressource alimentaire pour l’élevage en Afrique de l’Ouest »

« Protéines alternatives, économie circulaire et souveraineté alimentaire : L’émergence de la mouche soldat noire comme ressource alimentaire pour l’élevage en Afrique de l’Ouest »

Auteur(s) : Mégret Quentin ;

En 2013, la FAO publie le document “Edible insects: future prospects for food and feed security”. Ce document problématise l’importante croissance démographique à venir sur la planète avec la difficulté de nourrir l’ensemble de la population mondiale dans de bonnes conditions. Pour y répondre, la FAO recommande de trouver urgemment de nouvelles sources de « protéines alternatives » pour l’alimentation des hommes et des animaux domestiques.

C’est en tant que solution potentielle à cette projection globale inquiétante que certains insectes dits comestibles sont mis à l’agenda international de l’organisation. Hermetia illucens est l’un de ces protagonistes non-humains. Plus connue sous son nom anglais de « black soldier fly » ou mouche soldat noire, ce diptère connaît depuis quelques années un succès certain auprès des entomologistes. Cet insecte concentre en effet un ensemble de propriétés biologiques qui en font une figure de proue pour le développement d’un nouveau champ de réflexion scientifique et d’innovation où l’entomologie croise la zootechnie.

Cette présentation s’appuie sur des données ethnographiques recueillies depuis 2017 en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Ghana) à l’occasion de plusieurs séjours de recherche dans le cadre d’un postdoctorat au sein du projet « Insects as feed in West Africa » du programme suisse  de recherche pour le développement R4D. A partir des recherches scientifiques réalisées, ce projet interdisciplinaire entend promouvoir et optimiser, à différentes échelles potentielles de production et de commercialisation, l’élevage de larves de mouche ainsi que la collecte de termites, à des fins d’élevage de volailles et de poissons. A partir des atouts que leur biologie particulière leur confère — et les modalités potentielles d’exploitation que celle-ci laisse entrevoir —, les insectes jouent dans ce projet un rôle inédit de connecteur entre différentes disciplines d’une part, entre un ensemble de pratiques zootechniques et de réflexions en matière de développement d’autre part.

Dans un premier temps, la communication présentera les éléments centraux des discours (écrits comme oraux) qui sont systématiquement énoncés par les chercheurs du programme pour justifier leur travail et l’ancrer dans des enjeux sociaux, économiques, politiques et écologiques. Les arguments avancés reposent sur des concepts clés qui permettent de légitimer le recours aux insectes dans l’alimentation des animaux d’élevage : économie circulaire, intensification écologique, sécurité ou souveraineté alimentaire.

Dans un second temps, et à partir du cas particulier de la mouche soldat noire, nous verrons comment les équipes de chercheurs collaborent, définissent et s’emparent de cet objet/sujet de recherche en le déclinant et en le contextualisant suivant leurs contraintes et leurs stratégies respectives. Face à l’engouement et à la circulation internationale des recherches à propos des insectes comestibles, il s’agira finalement de retracer des grandes lignes de la trajectoire de ce projet. Depuis la réponse à un appel à financement en Suisse pointant la problématique d’un déficit global en protéines à venir jusqu’aux opérations locales de traduction qui découlent de la « mise à l’épreuve » de ce projet et de ces acteurs sur le terrain, nous chercherons à rendre compte des opérations de requalification des insectes qui sont en jeu, comme de celles et ceux qui les étudient et s’en font les porte-parole.


Mot-clé : Afrique de l’Ouest, alimentation, élevage, entomologie, insectes, et protéines

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Alcool et stupéfiants sans frontières. Perceptions citoyennes de la circulation des produits prohibés entre le Burkina Faso et ses pays voisins du Togo et du Ghana

Alcool et stupéfiants sans frontières. Perceptions citoyennes de la circulation des produits prohibés entre le Burkina Faso et ses pays voisins du Togo et du Ghana

Auteur(s) : Cissao Yacouba ; Kibora Ludovic ;

Le Burkina Faso, pays sahélien d’Afrique de l’Ouest partage ses frontières avec d’autres pays sahéliens comme le Mali et le Niger, mais également avec des pays côtiers comme le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire. En termes d’échanges commerciaux, le Burkina Faso, compte tenu de son enclavement enregistre un flux important de marchandises provenant de ces pays voisins qui ont un accès à la mer. Les localités frontalières du pays demeurent ainsi les principales portes d’entrée de marchandises ou de produits de tout ordre qui circulent ensuite à l’intérieur du pays suivant le circuit de la commercialisation. La légalité ou l’illégalité en termes de circulation ou de consommation de ces produits est fonction du circuit utilisé pour leur entrée sur le territoire national ou de la nature même des produits. Dans les communes frontalières du sud et de l’est du pays comme celles Pô, de Bittou ou de Tenkodogo, le constat est que des produits prohibés tels que l’alcool frelaté, la drogue et les produits pharmaceutiques, ont une présence remarquable sur le marché local en raison de la ‘’porosité des frontières’’ avec le Togo et le Ghana. La consommation de ces produits est perçue par les populations de ces zones frontalières comme un facteur favorable au développement de l’insécurité. Dans la conception locale, les pratiques de consommation de ces produits observées au sein de la frange jeune induisent des comportements déviants qui se traduisent souvent par des actes de vol, de braquage ou par des violences dans le cadre familial ou scolaire.

L’ampleur en termes de circulation et de consommation de ces produits dans les espaces frontaliers et à l’intérieur du pays indique qu’en marge de l’ordre public, ces pratiques gagnent progressivement du terrain compte tenu du fait qu’elles sont partie intégrante d’une économie informelle qui est largement investie par les populations confrontées au chômage et à la pauvreté. Ces espaces frontaliers apparaissent le plus souvent comme des zones de non-droit en raison de l’absence relative de l’Etat, ce qui en définitive facilite la circulation des produits prohibés entre le Burkina et ses pays voisins. A travers la pensée collective émerge l’idée d’une division du travail accordant à des pays comme le Togo et le Ghana, le rôle de fournisseurs du marché local en alcool et en stupéfiants. La consommation de l’alcool frelaté et des stupéfiants est par conséquent vue comme un mal venu de l’autre côté de la frontière.

L’objectif de cette communication est d’analyser les perceptions que se font les populations de la circulation de produits prohibés comme l’alcool et les stupéfiants issus du trafic transfrontalier entre le Burkina et des pays voisins comme le Togo et le Ghana. Elle se fonde sur des observations et des entretiens réalisés auprès de différentes composantes de la population dans les communes de Pô, de Bittou et de Tenkodogo dans le cadre d’une recherche socio-anthropologique conduite en 2018 qui questionnait les perceptions et les perspectives citoyennes des défis de sécurité au Burkina Faso. En plus de ces données de terrain, les sources écrites seront également mobilisées.


Mot-clé : Alcool, circulation, espaces frontaliers, perceptions, et stupéfiants

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Entre microbe et éléphant – le trope animalier dans la circulation malienne

Entre microbe et éléphant – le trope animalier dans la circulation malienne

Auteur(s) : Monz Katharina ;

Arrêtons-nous à un carrefour bamakois ou un poste de contrôle malien tout court et contemplons le mouvement.

Au bout de quelques minutes seulement, l’observateur gagne un bon aperçu sur le marché du bétail de la région. Tout mélangé, l’on y trouve moutons, chèvres, ânes, vaches, de temps en temps des chevaux et des chameaux et bien sûr toute sorte de volailles : poules, pigeons et pintades. S’attardant quelques minutes de plus, l’œil favorable aux découvertes tombe également sur des éléphants, beaucoup de chevaux blancs et même des lions. Ajoutant maintenant encore l’oreille du bambarophone – le bambara étant la langue la plus utilisée au Mali –, la ménagerie s’élargit encore plus, ajoutant à la liste des microbes, des chats, des fourmis, des crevettes, des vautours, des poussins et si l’on a de la chance, un chimpanzé.

D’où viennent tous ces animaux ?

La provenance de cette ménagerie diffère. Quelques-uns des termes nommés ne font que désigner tout simplement l’animal en question. D’autres par contre, sont des surnoms donnés à certains acteurs de et dans la circulation. Justement, en réponse à l‘appel à contribution, j’apporte une extension linguistique à une des questions y posées : « Quels sont les acteurs de ces circulations, aussi bien ceux qui les animent que ceux qui les alimentent ou tentent de les contrôler, de les réguler ou de s’y opposer ? ». Je propose d’ajouter à cette question sur l’identité des acteurs de la circulation l’aspect de leur désignation. Y répondant pour le cas Malien, je montre que la désignation se concentre sur le champ lexical de la faune.

La poule essayant d’attraper le chat, le lion fâché transportant des moutons ; la circulation malienne ressemble parfois à un parc zoologique sans pourtant respecter les lois naturelles. En même temps, cette animalisation linguistique, dont font objet beaucoup d’acteurs du domaine de la circulation, ne s’arrête pas devant les frontières du vivant. Ainsi, peu importe s’il s’agit d’une personne ou d’un moyen de transport, tout (le monde) peut finir par obtenir une appellation du domaine de la faune.

Qui sont ces animaux et que font-ils dans la circulation ?

Pour citer encore une fois la question d’en haut, entre l’animation et l’opposition en passant par l’alimentation, le contrôle et la régulation de la circulation, toute tâche et toute entité l’exécutant peut être objet à une appellation animalière. Ainsi, toute tâche mélangée, le policier, le marchant-trafiquant, le chauffeur de taxi ou de car aussi bien que certains types de véhicules ont leur surnom ; parfois communément utilisé, parfois connu seulement par les chauffeurs.

Pour notre colloque international, je prends à la lettre le titre des circulations. Me basant sur le contexte malien, je propose une vue d’ensemble de ce qui y est touché par le champ lexical animalier, m’intéressant aussi bien à la provenance des termes, qu’à leur lecture par la population.


Mot-clé : circulation, linguistique, Mali, et trope animalier

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Remembering the German ancestor: Colonial photographs as part of Togolese families’ private collective memory

Remembering the German ancestor: Colonial photographs as part of Togolese families’ private collective memory

Auteur(s) : Logossou Ursula ;

 

Photographs of German colonizers can still be found in postcolonial Togolese families’ private homes. More precisely, the families in question are descendants from German colonizers. As illustrated by several historians, a great number of colonizers in German colonial time had relationships with African women. There existed different forms of relationships ranging from marriages according to local customary law, concubinages, short term relationships, prostitution and forced sexual encounters. Out of these relationships were born children that were denominated as ‘mixed race children’ by the German colonial regime and classified among the ‘autochtonous’ population. In so doing, these children were deprived of German civil rights that were restricted to the white population in German colonial Togo. Although some colonizers lived indeed with their African partners and children, most of the children rarely saw their fathers. By the end of German colonialism, German colonizers left Togo and, in most cases, they interrupted the contact with their African children at the time of their departure.

The current generation, the third or even fourth generation, is still aware of their family’s colonial legacy, the descendance from a German colonizer. Most of the families are easily recognizable by their German name. As already mentioned above, photographs of the colonial ancestor, mostly official portraits, are being kept by the respective families along with other material objects.

Recent postcolonial research already made a link between memory and photography

(c. Helff/Michels, 2018). This communication is based on Britta Schilling’s thesis (Schilling, 2014) that not just oral memory in forms of narratives but also material objects are part of a families’ private collective memory that Schilling refers to as the ‘family archive’.

With reference to Halbwachs, families constitute the smallest unit in which collective memory is passed from one generation to another while at the same time taking into consideration that memory is always a reconstruction from the present situation. In this way, memory can be considered as changing and fragmentary, including ruptures and forgetting.

In this communication, the interest in photographs will be threefold. Firstly, I would like to illustrate in what way the photographs can be regarded as a trigger for family members’ oral memory about the ancestor. What narratives evolve around the photographs?

Secondly, attention will be paid to photographs as being not just images but material objects  (c. Edwards, 2004) and therefore their being part of the families’ private domestic environment. More precisely, the focus will be on their visibility and arrangement in the families’ home. How does their mise en scène refer to the families’ remembering and/or forgetting of the colonial ancestor? How is the colonizer by the arrangement with other photographs integrated into a broader family history?

Thirdly, the photographs will be regarded as part of an entangled history. How is the families’ private collective memory connected to the public collective memory of colonialism in Togo and the world?


Mot-clé : colonial ancestor, entangled history, family, material objects, et memory

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Voir le panel Circulation et enjeux culturels et politiques des objets ethnographiques, le cas de la photographie coloniale / “Circulation and cultural and political challenges of ethnographic objects, the case of colonial photography”

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