Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development
L’enchevêtrement des crises au Sahel. Niger, Mali, Burkina Faso

L’enchevêtrement des crises au Sahel. Niger, Mali, Burkina Faso

Olivier de Sardan J.-P., 2023, L’enchevêtrement des crises au Sahel. Niger, Mali, Burkina Faso, Paris, Karthala, 198 p.

C’est la convergence et l’enchevêtrement de multiples crises qui permettent de comprendre la situation particulièrement inquiétante que connaissent aujourd’hui le Burkina Faso, le Mali et le Niger, et dont les récents coups d’État sont un symptôme : crise agro-pastorale ; crise de l’emploi ; crise des élites politiques ; crise des services publics ; crise de l’islam ; crise de l’occidentalo-centrisme ; crise sécuritaire ; et crise des armées nationales.

Mêlant analyses rigoureuses fondées sur une connaissance en profondeur du contexte sahélien (en particulier du Niger) et prises de positions citoyennes « sahélo-centrées », cet ouvrage s’appuie sur des articles de l’auteur publiés dans la presse ces dix dernières années qui montrent que les ingrédients de l’imbroglio sahélien ne datent pas d’aujourd’hui. Ces crises sont profondes et n’ont jamais trouvé de solution ni du côté des gouvernements nationaux ni du côté de leurs partenaires occidentaux. Seules des initiatives, des réflexions, des réformes, des innovations, des solutions originales émanant de l’intérieur des trois pays concernés pourront permettre de sortir des impasses actuelles.

Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN est un anthropologue franco-nigérien, co-fondateur du LASDEL à Niamey, laboratoire de sciences sociales internationalement connu pour ses travaux sur les politiques publiques. Il est notamment l’auteur de Anthropologie et développement (Karthala, 1995), La rigueur du qualitatif (Academia-Bruylant, 2008) et La Revanche des contextes (Karthala, 2021).

Conversions ordinaires des usages des sols liées à l’urbanisation dans les Suds. Habitation, capitalisation, mutations de l’agriculture

Conversions ordinaires des usages des sols liées à l’urbanisation dans les Suds. Habitation, capitalisation, mutations de l’agriculture

Bon, B., Simonneau, C., Denis, E., Lavigne Delville, Ph. (dir.) (2023). Conversions ordinaires des usages des sols liées à l’urbanisation dans les Suds. Habitation, capitalisation, mutations de l’agriculture. Paris, Comité technique Foncier & développement, 108 p.

Cette étude porte sur les modalités de conversion des usages du sol dans les Suds en lien avec l’urbanisation. Sont analysées les différentes étapes du processus de conversion : changements de possesseurs, acquisition des droits fonciers, transactions, divisions parcellaires, valorisations
par la construction, promotion immobilière (lotissements, projets immobiliers de différentes tailles, etc.) ou mises en friche (parcelles bornées qui restent non bâties). Les conversions de grande ampleur générées par des grands projets d’aménagement, les infrastructures, l’industrie et les activités extractives, ou les accaparements à grande échelle en milieu rural ont été largement examinées cette dernière décennie.

En revanche, la manière dont les habitants, détenteurs de droits fonciers locaux, les acteurs économiques locaux, les élus locaux – en somme les acteurs ordinaires – acquièrent des parcelles et les détournent de leur usage antérieur dans une perspective de capitalisation, d’habitation ou de développement d’activités économiques n’est guère documentée. Pourtant, il s’agit d’une dynamique de grande ampleur, diversement orientée par les cadres règlementaires et les impulsions données par les acteurs publics, qui reste mal identifiée.

Ces conversions s’accélèrent sous l’influence de différents facteurs : croissance urbaine à différentes échelles, mutations des normes juridiques locales d’accès à la terre en milieu rural, poussée des marchés fonciers ruraux et urbains, montée en puissance des acteurs privés et financiers dans la production foncière et immobilière, ainsi que l’aménagement urbain. Leurs effets sont majeurs : détérioration de l’environnement, creusement des inégalités socioéconomiques, pression sur l’agriculture familiale et stérilisation de sols fertiles, risques financiers à de nombreuses échelles, poids porté sur les autorités en matière d’infrastructures et de services.

Des régulations sont nécessaires, mais compte tenu de la diversité des secteurs de politiques publiques concernés, ces régulations ne peuvent s’appuyer uniquement sur les outils classiques de planification, de zonage et de protection de périmètres agricoles. Les analyses conduites au sein du Comité technique « Foncier & Développement » proposent quelques pistes et principes pouvant guider l’action publique qui reposent notamment sur l’amélioration de la participation et de la veille citoyenne, la mise en place de mécanismes financiers et fiscaux permettant de partager la rente foncière liée aux conversions pour qu’elle contribue au financement du développement local, ou encore le soutien aux démarches de prospective territoriale et de planification

Le HCR et la crise afghane. Une bureaucratie internationale à l’épreuve

Le HCR et la crise afghane. Une bureaucratie internationale à l’épreuve

SCALETTARIS G., 2023, Le HCR et la crise afghane. Une bureaucratie internationale à l’épreuve, France, Éditions Karthala,
408 p.

Cet ouvrage propose une anthropologie politique du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Agence onusienne ayant pour mission de veiller sur la prise en charge des réfugiés, le HCR est présent dans plus de 130 pays et s’occupe de quelque 80 millions de personnes. En emmenant le lecteur à travers les bureaux chargés du dossier afghan, au cours des années 2000, à Genève comme à Kaboul, l’auteure donne à voir le fonctionnement interne de cette organisation internationale : comment se déploie-t-elle à travers le monde ? Qui sont ses agents ? Comment le HCR exerce-t-il son pouvoir ?
Ce livre montre également que la vision du monde nationale et étatocentrée de l’organisation l’amène en pratique à participer à des mécanismes de sédentarisation et d’illégalisation des personnes déplacées. Il met ainsi en lumière une impasse majeure de l’action contemporaine du HCR : l’agence s’efforce d’établir un type d’ordre – sédentaire et centré sur l’État-nation – qui est en fait à l’origine du « problème » qu’elle a pour mission de résoudre.
En étudiant la prise en charge d’une population de réfugiés emblématique à partir d’un positionnement original, l’auteure, à la fois fonctionnaire de l’agence et anthropologue, mène un travail fin et ambitieux, qui articule plusieurs niveaux d’analyse : la micropolitique des pratiques, l’institution HCR et les rapports de pouvoir multi-scalaires qui façonnent son environnement.

Giulia Scalettaris est maîtresse de conférences en science politique à l’Université de Lille. Elle travaille sur les politiques internationales d’asile, sur la base d’enquêtes ethnographiques au sein des institutions et aux interfaces institutionnelles. Parallèlement à son expérience universitaire, elle a collaboré avec plusieurs organisations internationales et ONG.

Le foncier rural dans les pays du Sud

Le foncier rural dans les pays du Sud

Colin, J.-P., Lavigne Delville, P. et Léonard, E. ed., 2022, Le foncier rural dans les pays du Sud. Enjeux et clés d’analyse, Marseille, IRD Editions/Quae.

Dans les pays du Sud, l’accès à la terre et à ses ressources, son contrôle et ses usages représentent des questions cruciales. Au cœur des défis de la construction de l’État, du développement agricole, de la sécurité alimentaire et de la durabilité environnementale, le foncier est aussi un marqueur identitaire et une source récurrente de conflits.

Depuis vingt ans, de nombreuses recherches ont renouvelé les savoirs sur ces questions. Dans une approche processuelle et pluridisciplinaire, cet ouvrage propose un état des lieux sur les dynamiques foncières rurales au Sud. S’appuyant sur une très riche bibliographie internationale, il traite des principaux thèmes liés aux questions foncières : depuis les pratiques et dynamiques locales (évolution des droits sur la terre, marchés fonciers, conflits…) jusqu’aux politiques publiques (réformes agraires, programmes de formalisation des droits sur la terre), en passant par les enjeux de méthode et d’expertise foncière. Chaque chapitre propose une mise en dialogue critique entre les questionnements, les catégories d’analyse et les résultats de la recherche.

Somme sans équivalent sur le sujet, cet ouvrage constitue un outil de référence pour tous ceux qui, étudiants, chercheurs ou praticiens du développement, souhaitent approfondir leur compréhension des dynamiques foncières dans les mondes ruraux contemporains. 

Jean-Philippe Colin, Philippe Lavigne Delville et Eric Léonard sont respectivement économiste, socio-anthropologue et géographe. Ils sont chercheurs à l’Institut de recherche pour le développement (UMR SENS, Montpellier, IRD/Cirad/Université Paul Valéry) et membres du GIS Pôle foncier de Montpellier.

Cet ouvrage peut être commandé aux Editions de l’IRD, ou consulté et téléchargé sur openedition.books.

Si belle en son miroir ? Singularités et marginalisations de l’anthropologie

Si belle en son miroir ? Singularités et marginalisations de l’anthropologie

VIDAL L., 2021, Si belle en son miroir ? Singularités et marginalisations de l’anthropologie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 174 p.

Critiquée, objets de stéréotypes, l’anthropologie doit se pencher sur l’image d’elle-même qu’elle renvoie. Cet ouvrage se consacre à ces discours sur l’anthropologie, comme aux pratiques et théories qu’elle défend. En montrant le caractère à la fois réducteur des critiques qui lui sont adressées (sur son rapport au collectif, aux publications, à l’écriture, à la méthode) et limité des réponses qu’elle leur apporte, il est impératif de proposer des voies qui permettent d’expliciter les choix de l’anthropologie. L’enjeu est de taille : éviter que les singularités de l’anthropologie ne la marginalisent.

Laurent Vidal, anthropologue, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, est l’actuel représentant de l’Institut au Mali. Il a coordonné récemment aux Editions de l’IRD Les savoirs des sciences sociales: Débats, controverses, partages, et Expériences du partenariat au Sud: le regard des sciences sociales.