Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Les contrats de ville en Afrique, une dynamique d’appropriation institutionnelle des capacités en décentralisation

Les contrats de ville en Afrique, une dynamique d’appropriation institutionnelle des capacités en décentralisation

Auteur(s) : NDJEMBE DOKALI Jerfrey ; Yves-Patrick Mbangue Nkomba ;

Depuis l’avènement de la décentralisation dans les années 1990, les contrats de ville prennent de nos jours de l’ampleur au sein des pays africains. Le phénomène émerge après la Seconde Guerre mondiale suite aux expériences de jumelages-coopérations nouées avec les pays du nord. Ces expériences ont permis aux pays africains de se lancer dans des contrats de ville et dont les représentations sont observables lors du sommet panafricain « Africités » avec pour objectif d’impulser le développement local participatif, de partager les expériences en matière de décentralisation. Cette dynamique de solidarité internationale dans l’action publique des villes africaines nous plonge dans la définition d’un nouveau mode de comportement des collectivités infra-étatiques. Si de nombreux travaux en la matière ont privilégié une approche juridique de cette réalité, comme cela peut être observable dans les travaux des auteurs comme Gérard Marcou et Jean-Louis Thiébault, il convient pour nous de relever que l’approche s’avère incomplète pour une meilleure perception de l’ensemble du phénomène. Dès lors les contrats de ville soulèvent une problématique de circulation des ressources diverses, digne d’être prise en compte, non pas du fait du jeu des rapports de force ou du rapport de puissance entre États, mais du fait du partage d’expérience de la décentralisation et de l’appropriation institutionnelle. La présente proposition s’intéresse à la question du comment les communes africaines s’approprient les expériences de décentralisation, ailleurs, dans leurs échanges avec leurs homologues pour assumer leurs compétences et responsabilités. Le matériau permettant la fécondité d’une telle réflexion est tiré des expériences empiriques menées entre les acteurs infra-étatiques sur la réalisation du projet de captage d’eau potable dans l’arrondissement de Yaoundé 2.


Mot-clé : appropriation institutionnelle, contrat de ville, décentralisation, développement local., et échange

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Une communauté, un faisceau de droits et la diversité cultivée : réflexions autour du concept de Commun

Une communauté, un faisceau de droits et la diversité cultivée : réflexions autour du concept de Commun

Auteur(s) : Leclercq Morgane ; Louafi Selim ;

Nous nous intéressons dans cette communication à la pertinence du cadre conceptuel des communs pour penser une gouvernance de la diversité cultivée mieux adaptée à ses caractéristiques sociales et biologiques.

 

Dans son ouvrage pionnier Governing the Commons (1990), Elinor Ostrom a démontré que, dans des situations d’usage de ressources communes, les individus tendent à mettre en place des dispositifs qui leur permettent d’atteindre une auto-gouvernance raisonnée et durable des ressources, sans intervention de l’État ou du marché. Depuis ce travail précurseur, l’approche d’Ostrom a maintes fois été reprise et/ou étoffée, si bien qu’il existe aujourd’hui une littérature foisonnante traitant des Communs. Ceux-ci sont tantôt qualifiés de matériels (forêts, rivières, etc.), ou d’immatériels (savoirs, informations, etc.), de locaux ou de globaux, de naturels ou de culturels, etc. Repris par un grand nombre d’auteurs pour le cas des semences (Girard, 2019; Frison, 2018; Thomas, 2015), ces distinctions sont toutefois problématiques à plusieurs égards. En effet, les semences et variétés utilisées par les agriculteurs font partie intégrante d’un système socio-écologique qui intègre les différentes composantes de l’agrobiodiversité, de la diversité génétique à la diversité des espèces et des agrosystèmes, en passant par la diversité socio-culturelle. Lorsqu’elles ne se chevauchent pas, les différentes composantes de ce système socio-écologique sont fortement interconnectées. Pourtant, ces composantes sont souvent gérées de manière isolée, dans le cadre d’approches de gouvernance et d’instruments juridiques conçus, pour la plupart, pour réglementer un ou deux éléments du système seulement. Cette contribution fait valoir que l’absence d’une approche de gouvernance globale pour l’ensemble du système socio-écologique et de stratégies de coordination pour gérer les liens entre ses différentes composantes compromet sérieusement la gestion efficace et durable de la diversité cultivée.

 

En partant du cadre IAD d’Ostrom et de son adaptation aux biens communs de la connaissance (Hess et al., 2008, Frischmann et al., 2014), la présente contribution décrit la nature hétérogène des communautés concernées (qui vont des communautés d’agriculteurs locales échangeant des semences aux communautés bioinformatiques mondiales échangeant des données génomiques) et l’éventail des règles d’utilisation qui régissent l’utilisation et les échanges de la diversité cultivée (qui vont des règles d’accès et d’échange très locales aux réglementations intergouvernementales mondiales). La notion de faisceaux de droits nous permettra finalement de discuter des questions juridiques que soulèvent les nouveaux lieux et liens de la diffusion variétale en Afrique subsaharienne.


Mot-clé : communs, diversité cultivée, faisceau de droits, gouvernance, et semences

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Production de summer flowers pour les marchés d’exportation au Kenya

Production de summer flowers pour les marchés d’exportation au Kenya

Auteur(s) : BENOIT Léa ;

Le Kenya est le principal fournisseur de l’Union européenne en fleurs coupées. Ce sont majoritairement des roses produites sous serres mais pas seulement. Ainsi, le pays est également exportateur de summer flowers. Les définitions varient suivant les interlocuteurs, mais tous s’accordent pour dire que ce sont des fleurs qu’il est possible de produire toute l’année et en plein air au Kenya. Cela exclut donc les roses qui sont produites sous serres et les œillets sous tunnels. Les summer flowers peuvent être produites toute l’année ou seulement sur quelques mois (pour des évènements ou en contre-saison par rapport aux productions tempérées).

Produire en plein air nécessite à priori moins d’investissement que de cultiver des fleurs sous serres. Cela rend les summer flowers accessibles à de petits producteurs kenyans qui commercialisent leurs fleurs sur le marché local ou à l’export via des entreprises d’exportation ou en s’associant pour obtenir une licence.

Cependant, à l’instar des roses, les summer flowers sont aussi produites sur des exploitations d’importants investisseurs étrangers et kenyans, qui sont soit des producteurs de roses désireux d’élargir leur gamme soit des spécialistes des summer flowers. Ces investisseurs possèdent souvent plusieurs exploitations au Kenya, à différentes altitudes et avec des conditions pédoclimatiques différentes, ce qui leur permet d’avoir une gamme variée. Ils semblent de plus avoir accès à des fleurs que les petits producteurs ne peuvent produire car elles nécessitent davantage d’investissements. Ce sont le cas de fleurs d’origine tempérée qui sont produites pendant l’été en Europe où les journées sont plus longues qu’au Kenya. Pour certaines espèces, il est nécessaire de prolonger la durée du jour par un éclairage artificiel pour pallier le manque de luminosité. Cela nécessite donc un investissement et cantonne ses fleurs aux plus importants producteurs. Ces derniers vendent ensuite leurs fleurs via des exportateurs, ou via les enchères hollandaises ou en direct par des contrats…ou sur le marché local lorsqu’elles sont rejetées pour l’export. Vendre en direct est également un avantage puisque cela permet de savoir quelles fleurs sont demandées sur le marché et de les produire. Les plus importants exploitants bénéficient également de leurs liens avec les obtenteurs qui testent des variétés directement sur leurs parcelles.

La communication portera sur ces fleurs, objets de circulations dans une économie globalisée, mais plus particulièrement sur les circulations induites par la culture de ces fleurs : d’espèces et de variétés, de pratiques agricoles, entrepreunariales, commerciales, de normes etc. entre les pays consommateurs et le Kenya et entre les acteurs eux-mêmes au Kenya.

Comment les producteurs se partagent-ils la production et le marché ? Quelles espèces/variétés produisent-ils ? Qui choisit ces fleurs et sur quels critères? Par qui les variétés sont-elles créées ? Sont-elles créées pour et dans la zone intertropicale ? Les producteurs doivent-ils se réapprovisionner chaque année en variétés ? La mise en place de certifications est-elle indispensable pour exporter ? Si oui, comment les petits producteurs qui n’ont pas les moyens de payer les audits individuellement se regroupent-ils et comment les coûts sont-ils répartis ? Les producteurs doivent-ils cultiver les mêmes fleurs et exporter sous le même non et/ou via le même exportateur pour être certifiés ?


Mot-clé : certification, commerce, exportation, fleurs coupées, et Kenya

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Une ferme chinoise en Côte d’Ivoire : le cas de Guiguidou

Une ferme chinoise en Côte d’Ivoire : le cas de Guiguidou

Auteur(s) : Aurégan Xavier ;

Jusqu’à récemment, l’agriculture, souvent citée, fut laissée pour compte dans les interventions chinoises en Afrique. Lors du troisième Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) de 2006 néanmoins, Pékin prend acte des besoins endogènes et actualise son principal levier agricole : les fermes. Elles deviennent des centres de démonstration agricole et ces derniers figurent, depuis 2006, en tête des plans d’action des FOCAC. Avec des moyens substantiels et renouvelés, de nouvelles générations d’experts, un meilleur suivi et la volonté de rentabiliser ces centres avant de les transférer aux États impétrants, la Chine peut dorénavant contribuer à l’autosuffisance alimentaire, rizicole spécifiquement.

Dans un premier temps, ce focus met en perspective, d’un point de vue historique notamment, la coopération chinoise dans le domaine agricole africain. Les centres de démonstration agricoles chinois en Afrique, leur localisation, leur fonctionnement et leur évolution sont abordés dans un deuxième temps. Enfin, un regard particulier sera porté sur la Mission d’assistance technique agricole chinoise (MATAC) de Guiguidou, un aménagement hydro-agricole se trouvant au cœur des rapports, des négociations et des relations sino-ivoiriennes. Hier exclusivement financées et gérées par le gouvernement chinois, ces coopérations agricoles sont aujourd’hui majoritairement assurées par des entreprises provinciales à capitaux publics. À l’échelle des relations sino-africaines, c’est un changement de paradigme qui traduit les évolutions endogènes chinoises.

Ainsi, le village ivoirien de Guiguidou se trouve connecté à Divo, à Abidjan, mais peut-être davantage encore à Shenyang et au Liaoning, au Nord-Est de la Chine. La raison de cette relation privilégiée, comprimant les frontières nationales et internationales, réside dans les flux de l’aide au développement chinoise attribuée à l’Afrique, dont la Côte d’Ivoire. À Guiguidou se trouve effectivement l’un des 29 centres de démonstration agricoles chinois en Afrique, versions contemporaines des fermes d’État traditionnelles des décennies 1960 à 1980. L’équipe chinoise de Guiguidou est composée de sept employés d’une entreprise publique qui se trouve sous la tutelle de la province du Liaoning. De ce fait, pour ces hommes, pour leurs familles, pour les agriculteurs ivoiriens de Guiguidou et les populations vivant autour du périmètre rizicole de 442 hectares – centre le plus vaste d’Afrique –, la notion de périphérie est toute relative, tout comme les distances séparant la Chine de cette région ivoirienne. C’est, à l’avenant, le cas pour les fonctionnaires des deux ministères de l’Agriculture (ivoirien et chinois), et d’autant plus pour les ingénieurs et représentants de l’Office national de développement de la riziculture (ONDR) ivoirien, dont plusieurs membres se déplacent fréquemment sur le terrain. Les représentations de ces différents acteurs sont essentielles, tant en termes d’espace, que de temps et de pouvoir. L’historicité de ce centre, avec ses anecdotes, les enjeux socio-économiques et politiques ainsi que la mise en perspective de la MATAC dans la stratégie agricole nationale ivoirienne seront les principaux prismes analytiques présentés dans cette troisième partie. Sera également mentionnée l’utilisation, sur le territoire ivoirien et par la partie ivoirienne, des semences hybrides développées par l’équipe technique chinoise.


Mot-clé : Afrique, Agriculture, Chine, Coopération, et Côte d'Ivoire

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Les riz entre périmètres irrigués et bas-fonds : des circulations multiples aux échelles familiales, locales et régionales (région des Cascades, Burkina Faso)

Les riz entre périmètres irrigués et bas-fonds : des circulations multiples aux échelles familiales, locales et régionales (région des Cascades, Burkina Faso)

Auteur(s) : PEMOU Biokasambani Catherine ;

Le Burkina Faso dans sa politique agricole et de sécurisation alimentaire procède à l’aménagement des bas-fonds en milieu rural pour la production des céréales, principalement du riz. Ces aménagements induisent des changements sur le système de production rizicole et surtout la confrontation entre semences anciennes et celles améliorées issues de la recherche agronomique. L’objectif de ce travail est de montrer l’impact des politiques publiques d’aménagement sur l’utilisation des semences traditionnelles de riz.

Des travaux d’enquêtes ont été réalisés entre janvier et juin 2019 dans le village de Douna où se localisent plusieurs bas-fonds et l’un des plus grands périmètres irrigués du Burkina Faso qui valorise la filière riz. Des données sur les pratiques agricoles, les choix de production, et les valeurs associées aux semences de riz ont été collectées auprès des exploitants familiaux ayant des parcelles dans l’un et/ou l’autre modèle d’aménagement.

Les résultats montrent la coexistence de deux systèmes de production rizicole à Douna à travers les différents types d’aménagement réalisés par les producteurs : le système de production de riz de bas-fond et celui moderne dans le périmètre irrigué. Ces deux types d’aménagement ne conditionnent toutefois pas exclusivement l’usage des semences locales ou issues de la recherche agronomique.

Dans les bas-fonds, un aménagement léger et individuel est réalisé par les agriculteurs pour organiser une maîtrise partielle de l’eau: dans ces espaces des semences d’anciennes variétés de riz sont utilisées car elles sont mieux adaptées à la culture de décrue, mais on y trouve aussi une grande diversité d’autres semences, dont celles issues de la recherche, qui sont semées en association dans les parcelles. Elles sont donc caractérisées par une grande diversité variétale et biologique. Au contraire, l’itinéraire technique imposé par l’encadrement agricole dans le périmètre irrigué repose sur l’utilisation de semences à haut potentiel de rendement en réponse aux engrais et à l’irrigation: ces parcelles sont ensemencées avec une seule variété diffusée dans le cadre de la filière rizicole moderne. Le périmètre rizicole est globalement caractérisé par une plus faible diversité variétale.

A Douna, le riz est traditionnellement produit par les femmes dans les bas-fonds.  tout comme les hommes dans les périmètres irriguées, les femmes sont aussi de véritables actrices dans la filière riz car elles participent à la circulation et la diversité variétale. Elles introduisent dans les bas-fonds cultivés, les variétés vulgarisées dans le périmètre irrigué. Ainsi, leurs choix variétaux ne dépendent pas seulement des critères agronomiques mais aussi des valeurs culturelles associées aux riz, dont le riz rouge africain qui entre dans les rites d’initiation et de mariage. Nous montrons ainsi qu’en passant des femmes aux hommes, des bas-fonds au périmètre irrigué, le riz change de fonction et de valeur dans l’agrosystème tout en perdant sa diversité.

Ces deux systèmes de production répondent à des logiques différentes. Le système de production traditionnelle en plus de répondre aux besoins alimentaire, répond aussi aux besoins culturels et patrimoniaux tout en cherchant à minimiser les pertes de production à l’échelle des exploitations familiales et à gérer les ressources hydriques à l’échelle du bas-fond. Tandis que celui moderne répond à l’objectif de sécurisation alimentaire à l’échelle nationale.


Mot-clé : bas-fonds, Burkina Faso, Douna, périmètres irrigués, Riz, variétés améliorées, et variétés anciennes

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