Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Aux limites de la mobilité Pour quelles circulations en Afrique les infrastructures de transport sont-elles modernisées ? / At the frontier of mobility For which African circulations are transport infrastructures modernized?

Aux limites de la mobilité Pour quelles circulations en Afrique les infrastructures de transport sont-elles modernisées ?

At the frontier of mobility For which African circulations are transport infrastructures modernized?

Auteur(s) : LOMBARD Jérôme ; MAREÏ Nora ;

Résumé en Français

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English summary

This workshop aims to ask the following question: how populations, which are moving in Africa, tradesmen and actors of transport sector consider the movement of people and goods, while public policies promote investments in the modernization of major infrastructures? Papers will focus on the evolution of liberal policies underlying the development of transport infrastructure, the degree of autonomy of populations and tradesmen with regard to the routes imposed by major infrastructure, and changes observed in border areas and checkpoint zones. Questions of scale relevant to the understanding of circulations and mobility, the issues of public policies and the concordance/divergence between ter


Argumentaire en Français

Il y a une quinzaine d’années, les lieux de transport dans les Suds avaient été pris comme objet d’étude d’un numéro de la revue Autrepart (https://www.cairn.info/revue-autrepart-2004-4.htm) ; plus tard, en 2012, un numéro de la revue EchoGéo avait rapproché les systèmes de transport en Afrique de l’Ouest des mobilités des personnes (https://www.cairn.info/revue-autrepart-2004-4.htm). Ici, nous souhaitons revisiter les enseignements de ces précédents numéros autour de la problématique suivante : de quelle manière les populations qui circulent (voyageurs, étudiants, migrants, commerçants,…), mais aussi les acteurs du transport, à quelque distance que ce soit (du local au transnational), envisagent-ils en Afrique les déplacements de personnes et de biens, alors même que les politiques publiques soutiennent d’abord les investissements privilégiant la modernisation des grandes infrastructures ? Autrement dit, l’image d’une Afrique moderne et branchée sur les flux mondiaux, qui s’impose dans les agendas des États africains et des bailleurs de fonds internationaux, se déploie-t-elle également dans l’imaginaire des populations et des acteurs locaux ? La figure emblématique de la « métropole des infrastructures » fascine les esprits autant, sinon plus, qu’elle aide à résoudre les problèmes de déplacements quotidiens. Les effets pour les populations sont majeurs : survalorisation des grands axes d’échanges qui ont pour objectif de fluidifier la mobilité des personnes et de faire circuler plus vite les marchandises ; restructuration des itinéraires pour accéder aux services de transport (notamment en ville) ; croissance du numérique pour surmonter les difficultés de déplacement ; visibilité accrue des populations qui se déplacent. Mais plusieurs questions se posent :

  • De quelle manière les populations qui voyagent, les acteurs des filières marchandes, les opérateurs de transport s’approprient-ils ces grandes infrastructures de transport modernisées, que ce soit les corridors, les plates-formes aéroportuaires, les gares routières, les terminaux portuaires ?
  • Alors même qu’elles sont censées fluidifier les circulations, ces grandes infrastructures ne sont-elles pas au contraire source de nouvelles contraintes, de nouvelles inquiétudes, voire de nouveaux contrôles ?
  • Devenues le lieu de la consolidation des frontières (par l’érection de péages, de dispositifs de contrôles, de sas), les grandes infrastructures ne fragilisent-elles pas des portions de territoires enclavés, des groupes de populations reléguées, des filières de produits ?
  • Plus spécifiquement, de quelle manière les filières marchandes s’adaptent-elles à la modernisation des infrastructures de transport ? Que deviennent les filières discrètes (au sens de Armelle Choplin et Olivier Pliez) ou clandestines ?
  • La multiplication des possibles permise par les technologies de la communication facilite-t-elle l’appropriation des infrastructures et de leurs dispositifs de circulation ou bien accentue-t-elle les moyens de surveillance des déplacements et les inégalités ?

L’atelier acceptera des communications présentant l’évolution des politiques libérales sous-jacentes au développement des infrastructures de transport, la marge d’autonomie des populations et des marchands vis-à-vis des itinéraires imposés par les grandes infrastructures (notamment les personnes migrantes voyageant en Afrique et qui empruntent les infrastructures, mais aussi les acteurs du transport qui doivent composer avec l’injonction des politiques publiques à se professionnaliser), les changements observés dans les espaces frontaliers (zones de péages, postes de police ou douaniers), les pratiques de déplacement des populations dans les zones de check-points, l’évolution des filières marchandes dont les itinéraires évoluent selon les types de biens et les dispositifs de transport et de contrôle. Les questions d’échelles pertinentes pour appréhender les circulations et mobilités, les enjeux des politiques publiques et les concordances/divergences entre territoires des populations et territoires des projets seront débattues.

Bibliographie indicative

CHOPLIN A., PLIEZ O., « Des mondialisations plus discrètes. Vers une nouvelle géographie des échanges mondiaux », La vie des idées, 2016

http://www.laviedesidees.fr/Des-mondialisations-plus-discretes.html

JAGLIN S., DIDIER S., DUBRESSON A., « Métropolisations en Afrique subsaharienne : au menu ou à la carte ? », Métropoles, 2018

http://journals.openedition.org/metropoles/6065.

LOMBARD J., NINOT O. (coord.), « Des mobilités aux transports. Regards croisés en Afrique de l’Ouest », EchoGéo, 2012, 20.

LOMBARD J., STECK B. (coord.), « Transports aux Suds. Pouvoirs, lieux et liens », Autrepart, 2004/4 (n° 32).

MAREÏ N., DEBRIE J., LOMBARD J., « Sur la route des métropoles logistiques du Sud. L’exemple de Casablanca », Urbanités, 11, 2019

#11 / Sur la route des métropoles logistiques du Sud. L’exemple de Casablanca.

PRELORENZO C., ROUILLARD D. (éd.), La métropole des infrastructures, Paris, Picard, 2009.


English argumentary

15 years ago, transport places in the Global South were the subject of an issue of the French journal Autrepart (https://www.cairn.info/revue-autrepart-2004-4.htm); later, in 2012, an issue of the other French journal EchoGéo linked transport systems in West Africa and people’s mobility (https://journals.openedition.org/echogeo/13036). Here, we would like to revisit the lessons of these previous issues around the following question: how do travelers, students, migrants, traders, transport actors, at whatever distance (from local to transnational), move in Africa and organize the movements of goods, even though public policies support investments in the modernization of major infrastructures? In other words, is connected Africa, which is on the agendas of African States and international agencies, also being projected in the imaginations of local populations and actors? The emblematic figure of the “infrastructure metropolis” fascinates people’s minds more than it helps solve the problems of daily travel. The effects for populations are significant: a higher value is placed on the main trade routes which aim to simplify people’s mobility and faster goods movement; routes are restructured to provide access to transport services (particularly in cities); digital growth is used to help overcome the difficulties of travel; increased visibility of populations on the move. But several questions remain:

  • How travelers, actors of the commercial sectors, transport operators appropriate the major modernized transport infrastructures, like corridors, airport platforms, bus stations, port terminals?
  • Even if they are supposed to improve traffic flow, are major infrastructures a source of new constraints, new concerns and even new controls?
  • Becoming the place where borders are consolidated (with tolls, control systems, transfer airlocks), do major infrastructures weaken certain parts of territories, population groups, product chains?
  • More specifically, how do merchant sectors adapt to the modernization of transport infrastructures? What happens to discreet networks (in the sense of Armelle Choplin and Olivier Pliez) or informal ones?
  • Does the multiplication of opportunities made possible by communication technologies facilitate the appropriation of infrastructures and their circulation schemes or does it accentuate the ways of monitoring movements and disparities.

Papers will focus on the evolution of liberal policies underlying the development of transport infrastructure, the degree of autonomy of populations and tradesmen with regard to the routes imposed by major infrastructure, and changes observed in border areas and checkpoint zones. Questions of scale relevant to the understanding of circulations and mobility, the issues of public policies and the concordance/divergence between territories of populations and territories of projects will be discussed.

Short list of references

CHOPLIN A., PLIEZ O., « Des mondialisations plus discrètes. Vers une nouvelle géographie des échanges mondiaux », La vie des idées, 2016, http://www.laviedesidees.fr/Des-mondialisations-plus-discretes.html

JAGLIN S., DIDIER S., DUBRESSON A., « Métropolisations en Afrique subsaharienne : au menu ou à la carte ? », Métropoles, 2018, http://journals.openedition.org/metropoles/6065.

LOMBARD J., NINOT O. (coord.), « Des mobilités aux transports. Regards croisés en Afrique de l’Ouest », EchoGéo, 2012, 20, https://journals.openedition.org/echogeo/13036.

LOMBARD J., STECK B. (coord.), « Transports aux Suds. Pouvoirs, lieux et liens », Autrepart, 2004/4, n° 32, https://www.cairn.info/revue-autrepart-2004-4.htm

MAREÏ N., DEBRIE J., LOMBARD J., « Sur la route des métropoles logistiques du Sud. L’exemple de Casablanca », Urbanités, 11, 2019, http://www.revue-urbanites.fr/11-marei-debrie-lombard/#identifier_2_10798

PRELORENZO C., ROUILLARD D. (éd.), La métropole des infrastructures, Paris, Picard, 2009.


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Consultants et bureaux d’études : une profession mondialisée à l’épreuve des contextes locaux / Consultants and consultancy firms: a globalized profession confronted to local contexts

Consultants et bureaux d’études : une profession mondialisée à l’épreuve des contextes locaux

Consultants and consultancy firms: a globalized profession confronted to local contexts

Auteur(s) : OLIVIER de SARDAN Jean-Pierre ;

Résumé en Français

Ce panel porte sur la profession de consultant pour les institutions de développement, qui d’un côté est mondialisée, formatée et standardisée, et de l’autre côté doit rendre compte des contextes locaux de mise en œuvre des interventions. Les propositions pourront décrire les contraintes qui pèsent sur ce métier, et comment les consultants s’y adaptent ou les contournent, les pratiques quotidiennes des consultants, leur rôle dans la mise en forme et la mise en œuvre des modèles voyageurs, les conflits d’intérêt auxquels ils sont exposés, leurs liens avec le monde de la recherche ou le monde de la décision.

English summary

This panel focuses on the consulting profession for development institutions, which on the one hand is globalized, formatted and standardized, and on the other hand has to report on the local contexts in which interventions are implemented. Proposals may describe the constraints that weigh on this profession, and how consultants adapt to or circumvent them, the daily practices of consultants, their role in the formatting and implementation of traveling models, the conflicts of interest to which they are exposed, their links with the world of research or the world of decision making.


Argumentaire en Français

Nous ne prendrons ici en compte que les consultants et bureaux d’études intervenant dans le domaine de l’ingéniérie sociale (et qui utilisent souvent à cet effet des méthodes issues des sciences sociales) et non tous ceux qui relèvent de l’ingéniérie technique proprement dite.

Dans le monde du développement international, les bureaux d’études et les consultants tiennent désormais un rôle majeur, à différents niveaux, que ce soit pour des études ou du suivi des programmes (études préalables, enquêtes diverses, évaluations, études d’impact), ou au niveau opérationnel (mise en œuvre des programmes).

Il s’agit d’un milieu professionnel particulièrement mondialisé, dans ses personnels (consultants nationaux et consultants internationaux, cabinets et réseaux transnationaux), dans ses champs d’intervention (circulations entre Nord et Sud, intervention dans des pays variés, spécialisations régionales ou thématiques), dans ses compétences (les cadres d’analyse, procédures, outils et méthodes sont souvent standardisés), dans ses financements (par des banques et des agences de développement ou des organisations internationales), dans son langage (la rhétorique universelle des appels d’offre et des soumissions, des termes de référence, des « executive summary », des rapports et des « policy briefs »).

Mais cette profession est en même temps sollicitée pour rendre compte de contextes socio-culturels et politiques particuliers, pour servir de médiation avec des terrains peu connus des décideurs du développement, pour donner accès à des pratiques, des perceptions et des connaissances situées dans des espaces circonscrits très spécifiques, pour négocier avec des acteurs locaux ou même tenter de changer leurs comportements.

Cette inscription des consultants dans les contextes de mise en œuvre des programmes d’ingéniérie sociale, leur rôle majeur dans la confrontation entre les programmes et les contextes locaux, est soumise à de fortes contraintes de temps, de budget et de règles du jeu. Les temps impartis sont souvent très courts, les budgets ne permettent pas des enquêtes en profondeur. Il faut nécessairement « bricoler », se débrouiller, pour produire malgré tout de la connaissance et/ou de l’action, tout en respectant les termes de référence imposés par le bailleur de fonds, qui est ultime maître du jeu.

Comment les consultants (qui sont parfois aussi des chercheurs) gèrent-ils ces contraintes ? Quels types de connaissance produisent-ils ? Comment gèrent-ils leur permanente circulation entre des univers de références très divers ? Comment passent-ils d’un appel d’offre à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un thème à l’autre ? Quelles sont leurs relations effectives avec le monde de la recherche, avec les institutions locales ? Quelles sont les « ficelles » du métier ? Quelle marge de manœuvre ont-ils par rapport à leurs commanditaires, et comment s’en servent-ils ? Dans quels conflits d’intérêt peuvent-ils être impliqués ? Comment vivent-ils la tension entre les exigences internationales de leur métier et les configurations locales qu’ils doivent prendre en compte ? De qui se font-ils (éventuellement) les porte-paroles ? Sont-ils en mesure de documenter les effets inattendus ou pervers d’une intervention ?

Ce panel sera, dans l’esprit du colloque, centré sur une approche ethnographique du métier de consultant, son quotidien, ses routines, ses interactions, ses difficultés, ses normes pratiques.


English argumentary

Only consultants working in the field of social engineering (often using social science methods) will be considered here, and not all those involved in technical engineering proper.

In the world of international development, consultancy firms and consultants now play a major role at various levels, whether for studies or programme monitoring (preliminary studies, various surveys, evaluations, impact studies) or at the operational level (programme implementation).

It is a particularly globalized profession, in its staff (national and international consultants, transnational firms and networks), in its fields of intervention (movements between North and South, interventions in various countries, regional or thematic specializations), in its skills (analytical frameworks, methods, procedures are standardized), in its financing (by banks and development agencies or international organisations), in its language (the universal rhetoric of calls for tenders and bids, terms of reference, logical frameworks, executive summaries, reports, recommendations and policy briefs).

At the same time, however, this profession is also called upon to report on particular socio-cultural and political contexts, to provide practical knowledge on areas little known by development decision-makers, to negotiate with local actors or even to try to change their behaviour.

The major role of consultants in the confrontation between programmes and local contexts, is subject to strong constraints of time, budget and rules of the game. Time constraints are often very short, and budgets do not allow for in-depth investigations. It is necessary to “tinker”, to get by, to produce knowledge and/or action in spite of everything, while respecting the terms of reference imposed by the donor, who is the ultimate master of the game.

How do consultants (who are sometimes also researchers) deal with these constraints? What types of knowledge do they produce? How do they manage their permanent circulation  from one call for tenders to another, from one country to another, from one theme to another? What are their effective relations with the world of research, with local institutions? What are the “tricks” of the trade?  What room for manoeuvre do they have in relation to their funders, and how do they use it? What conflicts of interest can they be involved in? How do they experience the tension between the international requirements of their profession and the local configurations they have to take into account? Who do they speak for ? Are they able to document the unexpected or perverse effects of an intervention?

This panel will, in the spirit of the conference, focus on an ethnographic approach to the profession of consultant, its daily life, routines, interactions, difficulties and practical norms.


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Discours, pratiques et outils de la relation migrations/développement : circulations, innovations et résistances au Sud Global / Narratives, practices and tools of the migration-development nexus: circulations, innovations and resistances in the Global South

Discours, pratiques et outils de la relation migrations/développement : circulations, innovations et résistances au Sud Global

Narratives, practices and tools of the migration-development nexus: circulations, innovations and resistances in the Global South

Auteur(s) : Vincent-Mory Claire ; Breda Giulia ;

Résumé en Français

Comment circulent les textes, pratiques et outils de la relation entre migrations et développement ? Ce panel propose d’analyser les processus d’imposition, de traduction ou d’hybridation, des « modèles voyageurs », mais aussi les expériences d’appropriation ou de résistance, vécus par toutes les catégories d’acteurs impliqués dans la gouvernance de la relation migrations/développement, particulièrement au Sud Global. Il examine la circulation transnationale des textes et des propos de référence pour les praticiens du développement du Sud global ; la performation des outils techniques et gestionnaire, des modèles et des « bonnes pratiques » ; les transformations des catégories de passeurs.

English summary

How do texts, practices and tools related to the “migration and development” debate circulate? This panel offers to analyse the processes of imposition, translation or hybridization, along with “travelling models”, and the appropriation or resistance experiences of the different categories of actors involved in migration/development governance. We examine the transnational circulation of texts and narratives that have become references for development practitioners in the Global South; the performativity of technical and managerial instruments, case models and “good practices”; the changes in the intermediaries and brokers categories.


Argumentaire en Français

La relation entre migrations et développement est un objet de débat qui a fait carrière dans les champs académiques, institutionnels et associatifs. Entre « Nord » et « Sud », aux échelons locaux, nationaux et supranationaux, la circulation de différentes expressions en témoigne, comme le (co)développement, le migration and development nexus, le modèle triple win, les remises ou transferts des diasporas… Chacun à leur manière, ces éléments de langage désignent des pratiques transnationales impliquant, d’une manière ou d’une autre, des personnes migrantes ou des initiatives politico-institutionnelles dont elles sont la cible. Depuis 20 ans, des rapports d’experts, des travaux académiques et des politiques publiques ont mis en place des dispositifs et des outils spécifiques (appels à projets dédiés, lignes de financements, documents de référence, instruments bancaires, etc.), mais aussi sélectionné et promu des « bonnes pratiques » et des success stories. Ce faisant, ils favorisent la circulation d’une série de modèles, normes et répertoires d’action encadrant la bonne façon d’entretenir des liens transnationaux, pour les acteurs identifiés comme « migrants » ou « de la diaspora ». Cette circulation joue enfin un rôle décisif dans la régulation multi-niveaux de la coopération au développement.

Comment circulent les textes, pratiques et outils de la relation entre migrations et développement ? Ce panel invite les enquêtes ethnographiques analysant des processus d’imposition, de traduction ou d’hybridation, des « modèles voyageurs », mais aussi des expériences d’appropriation ou de résistance, vécus par toutes les catégories d’acteurs impliqués dans la gouvernance de la relation migrations/développement : acteurs inter-étatiques, étatiques, élus ou agents publics locaux, acteurs privés (chercheurs, experts, acteurs associatifs – de la diaspora ou non – entrepreneurs, courtiers, etc.). Nous sommes particulièrement intéressées par des recherches qui s’éloignent d’une lecture économiciste de la relation migrations/développement. Les analyses de cas de circulations à l’intérieur du Sud Global, ou de cas de contre-discours ou discours alternatifs en matière de migrations et développement, ou encore de recompositions de l’articulation entre acteurs étatiques et non-étatiques, seront privilégiées.

Un premier axe s’intéresse à la circulation des travaux scientifiques, des expertises institutionnelles et des discours politiques promouvant la relation entre migrations et développement. Pour les praticiens du développement au Sud global, quels textes et quels propos font référence ? Les études empiriques analysant la carrière transnationale de ces références, y compris dans une perspective historique, ont ici toute leur place. L’introduction et les formes d’appropriation de nouvelles références, les opérations de transcodage, comme les mises à l’écart et les abandons de références, sont autant de processus sociaux décisifs dans la fabrique concrète, locale et située d’un « développement porté par les migrants ».

Un deuxième axe est centré sur la circulation des pratiques auprès des acteurs du champ de la migration et du développement. Nous accueillons les ethnographies observant comment les outils (appels à projets, supports techniques et gestionnaires, outils TIC, etc.), les modèles et les « bonnes pratiques » circulent et sont performées sur différents terrains. Il s’agira ainsi de contribuer à l’examen du processus de bureaucratisation globale des opérations de coopération au développement, en interrogeant à la fois ses effets sur les pratiques identifiées comme relevant de la relation entre migrations et développement, mais aussi ses déclinaisons concrètes et situées, par exemple dans des arènes politiques locales, des réseaux associatifs territoriaux ou des cas concrets de projets de coopération au développement.

Un troisième axe aborde la question des passeurs : qui fait usage et qui fait circuler les normes, les rhétoriques et les outils du codéveloppement ? Qui autorise, interdit, sélectionne ce qui circule ? Des travaux ont étudié le rôle des migrants et des diasporas, mais aussi celui des courtiers du développement, essentiellement dans une relation de face-à face entre des Nords Occidentaux et des Suds Africains. Dans le contexte actuel de renforcement des partenariats publics et privés entre pays du Sud, qui sont les nouveaux courtiers, et comment font-ils usage des outils et des discours du codéveloppement développés dans d’autres espaces ? Quelles continuités, différences ou concurrences peut-on observer entre passeurs Nord-Sud et passeurs Sud-Sud ? Enfin, d’autres catégories de passeurs mériteraient d’être étudiés davantage, comme les agents publics des collectivités territoriales, les agents bancaires, mais aussi les formateurs aux techniques et aux métiers du développement (dans les espaces associatifs, administratifs ou académiques), aux Suds en particulier.


English argumentary

The relationship between migration and development is a topic of debate that has made its way in the academic, institutional and associative fields. As a result, we can observe the circulation of different expressions between “North” and “South”, at the local, national and supra-national levels, such as (co-)development, migration and development nexus, the triple win model, remittances or transfers of diasporas. These expressions designate transnational socio-economic practices involving, in one way or another, migrants or political and institutional initiatives targeting them. Over the past 20 years, expert reports, academic work and public policies have set up specific mechanisms and tools (dedicated calls for projects, financing lines, reference documents, banking instruments, etc.), but they also selected and promoted “good practices” and success stories. In doing so, they have produced and supported the circulation of a series of models, norms and action directories framing the right way to maintain transnational ties, for actors identified as “migrants” or “diaspora”. Eventually, they play a decisive part in the multi-level governance of development cooperation.

How do texts, practices and tools related to the “migration and development” debate circulate? This panel invites ethnographic surveys analysing processes of imposition, translation or hybridization, along with “travelling models”. We seek to analyse appropriation or resistance experiences of the different categories of actors involved in the migration/development governance, such as state actors, inter-governmental bodies, local elected officials or public officers, private and civil society actors (researchers, experts, associative actors – diasporic or not – entrepreneurs, brokers, etc.). Contrasting with migration and development studies generally focusing on economic remittances and caught up in a political-institutional and academic mix up, we are particularly interested in researches focusing on the circulations within the Global South, or highlighting counter-discourses and alternative discourses of the migration and development nexus, or examining the changes and adjustments of the articulations between state and non-state actors.

A first axis concerns the diffusion of academic studies, institutional expertise and political discourses promoting the migration-development relationship. Which texts and narratives have become references for development practitioners in the Global South? Empirical studies analysing the transnational carriers of these references, including historical perspectives, will be examined with particular attention. The introduction and appropriation of new references, the transcoding operations, along with the distancing or abandonment of references, are all highly relevant and decisive social processes in the practical and locally-based “migrant-led development”.

A second axis discusses the circulation of the working practices of “codevelopment” actors. We welcome ethnographies on tools (call for projects, technical and managerial instruments, ICT equipments, etc.), models and « good practices », that are disseminated and performed in various fields and situations. Such researches could contribute to the understanding of the global bureaucratisation process of the cooperation for development, by interrogating its implementation and effects on social and historical facts falling into the migration and development nexus. Local political arenas, territorial associative networks, or specific development projects could be relevant case studies.

A third axis addresses the subject of intermediaries: who uses and passes on the migration and development norms, rhetorics and instruments? Who sanctions, forbids or picks what circulates? The growing literature on that matter usually focuses on the participation of migrants and diasporas, along with the development brokers’ one, and mostly considers the Western-North/African-South face-to-face relationship. In the current context of reinforcement of public-private partnerships between Southern countries, who are the new brokers, and how do they use the codevelopment tools and narratives? What continuities, differences or competition can be identified between North-South and South-South intermediaries? Finally, other categories of intermediaries would benefit from greater scientific attention, such as public officers in local administrations and governmental bodies, banking officers, but also trainers and instructors for development techniques, skills and trades (in the voluntary, administrative or academic sectors), particularly in the Global South.


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Circulation et enjeux culturels et politiques des objets ethnographiques, le cas de la photographie coloniale / “Circulation and cultural and political challenges of ethnographic objects, the case of colonial photography”

Circulation et enjeux culturels et politiques des objets ethnographiques, le cas de la photographie coloniale

“Circulation and cultural and political challenges of ethnographic objects, the case of colonial photography”

Auteur(s) : Azamede Kokou ; HAHN Hans Peter ;

Résumé en Français

Lorsque la circulation des objets culturels dans des espaces étrangers conduit à diverses perceptions culturelles et politiques, la confusion s’instaure dans les esprits des spectateurs en compromettant le dialogue entre les cultures. La circulation des images coloniales en particulier semble susciter beaucoup plus de controverses que d’ententes vu leurs dimensions idéologiques issues du passé colonial. Ces images présentant des dimensions anthropométriques et anthropomorphiques circulent dans des milieux hostiles ou peu réceptifs qui trainent les séquelles d’un passé colonial, sont susceptibles de provoquer rejet et/ou négation de soi. Tandis que dans d’autres milieux, les mêmes images renvoient à des stéréotypes liés aux préjugés culturels. Le présent panel a l’intention de réfléchir sur la problématique de la circulation des photographies prises dans des contextes de domination et ayant servi à des fins idéologiques. Il s’interroge sur les implications culturelles, sociales et politiques des images historiques qui circulent dans les sociétés postcoloniales.

English summary

When the circulation of cultural objects in foreign spaces leads to diverse cultural and political perceptions, confusion is created in the minds of the spectators, compromising the dialogue between cultures. The circulation of colonial images in particular seems to generate much more controversy than agreement, given their ideological dimensions stemming from the colonial past. These images, which sometimes have anthropometric and anthropomorphic dimensions, circulate in hostile or unresponsive environments that carry the after-effects of a colonial past, are likely to provoke rejection and/or self-denial. While in other environments, the same images are associated with stereotypes linked to cultural prejudices. The present panel intends to reflect on the problem of the circulation of photographs taken in contexts of domination and having served ideological purposes. It questions the cultural, social and political implications of historical images circulating in postcolonial societies.


Argumentaire en Français

La circulation des objets culturels dans différents espaces suscite toujours des réactions diverses selon le milieu de réception, les informations que les objets transmettent et les acteurs socio-culturels au centre de la communication. Les objets peuvent ainsi être perçus sous des perspectives tant variées que diverses dont les interprétations prêteraient à des confusions qui mettent quelques fois en mal des objectifs de la globalisation et du dialogue culturel entre les peuples. La circulation de certains genres d’objets ethnographiques tels les images coloniales semble susciter beaucoup plus de controverses que d’ententes vu leurs dimensions idéologiques issues du passé colonial. Ces images présentant des dimensions anthropométriques et anthropomorphiques circulent (avec des lacunes dans les annotations et explications) dans des milieux hostiles ou peu réceptifs qui trainent les séquelles d’un passé colonial sont susceptibles de provoquer rejet et/ou négation de soi. Tandis que dans d’autres
milieux, les mêmes images renvoient à des stéréotypes liés aux préjugés culturels. La circulation des images coloniales devient alors une source de tension sociale, car elle réveille des sentiments de discrimination et de racisme, d’une part, et des sentiments de révolte et de haine d’autre part entre les peuples. Des sentiments sociaux se transforment en conflits politiques sous forme de récupération et d’instrumentalisation. La photographie comme genre postcoloniale se place au centre du débat anthropologique tant dans les sociétés des puissances coloniales que dans celles des colonisés. Le présent panel a l’intention de réfléchir sur la problématique de la circulation des photographies prises dans des contextes de domination culturelle, politique et économique et ayant servi à des fins idéologiques et impérialistes. Il s’interroge sur les implications culturelles, sociales et politiques des images historiques qui circulent dans les sociétés postcoloniales. Dans le même temps, il est à constater que les mêmes images, vues d’une autre perspective, peuvent servir à des fins didactiques et pédagogiques dans le souci de contribuer à une éducation en manque de repère dans les sociétés autrefois colonisées, et à une historiographie des peuples africains. Il est alors impérieux de réfléchir sur la portée des images coloniales en considérant entre autres des axes tels que :
– La circulation des images coloniales face aux défis de la globalisation
– La circulation des images coloniales et la récupération politique
– La perception des images coloniales dans les sociétés postcoloniales
– La circulation des images coloniales et le malentendu culturel.
– La construction des stéréotypes et des préjugés entre les peuples à travers la circulation de photographies coloniales?
– La circulation des images coloniales et l’historiographie des sociétés africaines
– La portée didactique et pédagogique de la circulation des images coloniales

Ou en se penchant sur des questions suivantes :
– Quelles photographies doit-elle circuler dans quelles sociétés ?
– Quelles réalités les images coloniales reflètent-elles dans les sociétés postcoloniales ?
– Quels enjeux politiques et culturels les images coloniales ont-elles de nos jours ?
– Que faire des images coloniales marquées par l’idéologie colonialiste ?
– Dans quelles mesures la circulation des images coloniales peut-elle contribuer à un dialogue
des cultures ?


English argumentary

The circulation of cultural objects in different spaces always raises different reactions depending on the receiving environment, the information that the objects transmit and the socio-cultural actors at the centre of the communication. Objects can thus be perceived from a variety of different perspectives, whose interpretations could lead to confusion, sometimes undermining the objectives of globalization and cultural dialogue between peoples. The circulation of certain types of ethnographic objects such as colonial images seems to generate much more controversy than agreement, given their ideological dimensions stemming from the colonial past. These images with anthropometric and anthropomorphic dimensions circulating (with gaps in the annotations and explanations) in hostile or unresponsive environments that carry the after-effects of a colonial past are likely to provoke rejection and/or self-negation. Whereas in other environments, the same images refer to stereotypes linked to cultural prejudices. The circulation of colonial images then becomes a source of social tension, as it awakens feelings of discrimination and racism on the one hand, and feelings of revolt and hatred on the other between peoples. Social feelings turn into political conflicts in the form of recuperation and instrumentalization. Photography as a postcolonial genre is at the centre of the anthropological debate both in the societies of the colonial powers and in those of the colonized. The present panel intends to reflect on the problematic of the circulation of photographs taken in contexts of cultural, political and economic domination and having served ideological and imperialist purposes. It questions the cultural, social and political implications of historical images circulating in postcolonial societies. At the same time, it is noted that the same images, seen from another perspective, can be used for didactic and pedagogical purposes in order to contribute to an education that is lacking in reference points in formerly colonized societies, and to a historiography of the African peoples. It is therefore imperative to reflect on the significance of colonial images by considering, among other things, such axes as:

– The circulation of colonial images in the face of the challenges of globalization.
– The Circulation of Colonial Images in the Face of the Challenges of Globalization.
– The Perception of Colonial Images in Post-Colonial Societies
– The circulation of colonial images and cultural misunderstanding.
– The construction of stereotypes and prejudices between peoples through the circulation of colonial photography?
– The circulation of colonial images and the historiography of African societies.                                                                                                                             – The didactic and pedagogical implications of the circulation of colonial images

Or by looking at the following questions:
– Which photographs should circulate in which societies?
– What realities do colonial images reflect in postcolonial societies?
– What political and cultural issues do colonial images have today?
– What to do with colonial images marked by colonialist ideology?
– To what extent can the circulation of colonial images contribute to a dialogue of cultures?

 


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Les médias chinois en Afrique : circulation, production, réception / African uses of Chinese media

Les médias chinois en Afrique : circulation, production, réception

African uses of Chinese media

Auteur(s) : Jedlowski Alessandro ;

Résumé en Français

Ce panel analyse l’expansion des médias chinois en Afrique. La plupart des études existantes examinent ce phénomène à travers le prisme de la théorie du soft power et se concentrent principalement sur l’analyse des motivations du gouvernement chinois à soutenir l’expansion des médias en Afrique. Ce panel développe une perspective différente et interroge la manière dont l’expansion de la présence des médias chinois en Afrique a un impact sur la vie quotidienne des publics, des producteurs et des distributeurs de médias africains. Il le fait en se concentrant sur des études ethnographiques des engagements des publics et des producteurs culturels africains avec les médias chinois, et une analyse empirique des itinéraires et des biographies de la circulation et de la réception des médias chinois en
Afrique.

English summary

This panel looks at the expansion of Chinese media in Africa. Most existing studies look at this phenomenon through the prism of soft power theory, and focus mostly on the analysis of the Chinese government’s motivations for sponsoring media expansion. This panel develops a different perspective and interrogates the way in which the expansion of Chinese media presence in Africa is impacting on the everyday life of African audiences, media producers and distributors. It does so by focusing on ethnographic studies of audiences and cultural producers’ engagements with Chinese media, and empirical analysis of the itineraries and biographies of media circulation and reception.


Argumentaire en Français

Au cours des deux dernières décennies, les compagnies de médias chinoises ont considérablement étendu leur présence à travers l’Afrique, mettant en place des infrastructures, formant des journalistes et des producteurs de médias locaux, doublant des programmes chinois en langues africaines et produisant localement des informations et des contenus de divertissement. La plupart des études existantes examinent ce phénomène à travers le prisme de la théorie du soft power et se concentrent principalement sur l’analyse des motivations du gouvernement chinois à soutenir l’expansion des médias en Afrique. Cependant, le paradigme du soft power ne semble pas suffisant pour saisir la complexité des interactions existantes entre l’Afrique et la Chine en termes de médias, car il favorise une approche par le haut qui ne peut pas mettre en lumière de manière adéquate la variété des stratégies adoptées par les différents acteurs sur le terrain. Ce panel entend détourner l’attention de l’analyse des intentions (présumées ou réelles) du gouvernement chinois, pour se concentrer sur les publics, les producteurs et les distributeurs de médias africains, afin d’interroger la manière dont l’expansion de la présence des médias chinois en Afrique a un impact sur leur vie quotidienne. Dans ce contexte, les études ethnographiques des engagements des publics et des producteurs culturels africains avec les médias chinois, et l’analyse empirique des itinéraires et des biographies de la circulation et de la réception des médias chinois en Afrique seront particulièrement bienvenues, ainsi qu’une analyse fondée sur l’histoire des interactions à plus long terme entre les médias chinois et les publics africains (comme la réception de films de kung-fu), qui peuvent enrichir notre compréhension des dynamiques contemporaines.


English argumentary

Over the past two decades, Chinese media companies have significantly expanded their presence across Africa, setting up large infrastructures, training local journalists and media producers, dubbing Chinese programs in African languages, and locally producing news and entertainment contents. Most existing studies look at this phenomenon through the prism of soft power theory, and focus mostly on the analysis of the Chinese government’s motivations for sponsoring media expansion. However, the soft power model does not seem to be sufficient to capture the complexity of the existing interactions between Africa and China in terms of media, as it favours a top-down approach that cannot adequately bring to light the variety of strategies adopted by the different actors on the ground. This panel intends to shift the focus away from the analysis of the (presumed or real) intentions of Chinese officials, to concentrate on African audiences, media producers and distributors, in order to interrogate the way in which the expansion of Chinese media presence in Africa is impacting on their everyday life. Within this context, ethnographic studies of audiences and cultural producers’ engagements with Chinese media, and empirical analysis of the itineraries and biographies of media circulation and reception will be particularly welcome, as well as historically grounded analysis of longer-term interactions between Chinese media and African audiences (such as the reception of kung fu films), which can enrich our understanding of contemporary dynamics.


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