Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

« Made in China » dans les ménages africains : valorisations sociales ambivalentes et pratiques de consommation innovantes / « Made in China » in African households: differing social valuations and innovative consumption practices

« Made in China » dans les ménages africains : valorisations sociales ambivalentes et pratiques de consommation innovantes

« Made in China » in African households: differing social valuations and innovative consumption practices

Auteur(s) : HAHN Hans Peter ;

Résumé en Français

L’afflux massif de produits industriels provenant de la Chine ne change pas seulement la vie des ménages ouest-africains de manière matérielle. La grande disponibilité, l’acquisition en masse et, par conséquence, la nécessité de l’appropriation au niveau des pratiques quotidiennes et des modes de consommation locaux entraîne également des transformations sociales et culturels fondamentales. Ce panel se concentrera sur ces nouvelles ambivalences : L’accessibilité de ces biens conduit-elle à une amélioration de la vie, ou est-ce que des nouvelles inégalités et de nouveaux préjugés sont-ils au premier plan ?

English summary

The massive influx of industrially produced commodities from China is not only materially changing the lives in most West African households. The wide availability, mass acquisition and, consequently, the need for appropriation in terms of daily practices and local consumption patterns also bring about fundamental social and cultural transformations. This panel will focus on these new ambivalences: Does the accessibility of these goods lead to an improvement in life, or are new inequalities and prejudices the dominant effects?


Argumentaire en Français

Au cours des vingt dernières années, les pays africains ont connu un afflux massif de produits fabriqués en Chine. Ces marchandises sont désormais visibles dans les grandes villes ainsi que dans les villages les plus reculés du continent. Malgré leur omniprésence dans la vie quotidienne de millions d’Africains, l’impact social et culturel de ces biens au niveau des ménages reste peu étudié. De prime abord, ces objets donnent lieu à des évaluations assez contradictoires. Alors que certains soulignent l’accessibilité et la valeur pratique de ces « nouveautés », d’autres mettent en évidence leur « vil prix » et leur « mauvaise qualité ». Selon nous, il est crucial d’étudier l’arrivée des produits chinois en Afrique, non seulement pour démêler ces ambivalences, mais aussi parce qu’une telle étude peut fournir des indications décisives sur les nombreuses façons dont l’augmentation des flux mondiaux en général, et du commerce afro-chinois en particulier, contribue à remodeler l’Afrique « par le bas ».

En effet, la réorientation des chaînes d’approvisionnement africaines vers la Chine est singulière dans la mesure où elle offre un accès sans précédent à une grande diversité de produits manufacturés, nouveaux et sans cesse renouvelés, et ce à des prix sans équivalent, que cela soit à l’échelle du commerce mondial, comme sur une base historique. Cet afflux a en effet permis aux consommateurs d’accéder à une incroyable variété de produits : vêtements, chaussures, équipements électroniques et informatiques, appareils ménagers, cosmétiques et produits de beauté, médicaments, mobilier et décoration, etc. Dans ce contexte la question s’impose, quelles transformations sociales et économiques l’arrivée massive de ces produits et leur appropriation a engendré ?

Ainsi nous souhaitons discuter, si effectivement le prix bas des produits « fabriqués en Chine » a contribué à ouvrir de nouvelles opportunités de consommation pour de nombreux consommateurs africains ? Cela implique la question suivante : Quelles sont les nouvelles ambivalences de cette nouvelle accessibilité en termes de transformation des pratiques et logiques de consommation ?

D’une part, l’arrivée des produits chinois en Afrique a contribué à démocratiser l’accès aux produits manufacturés pour un nombre toujours croissant de consommateurs à faible revenu, ce qui a conduit à des processus complexes d’appropriation de nouveaux modes de vie. Alors que ces nombreux nouveaux consommateurs, composé également de « nouvelles figures de la réussite », mettent en scène leur prospérité par l’achat de produits chinois, une telle « démocratisation » de l’accès à la consommation semble s’être accompagnée d’une complexité croissante des pratiques des consommateurs et de nouveaux modes de distinction. Les marchandises chinoises se voient parfois attribuer une valeur symbolique qui dépasse leur valeur financière. D’autre part, l’arrivée des produits chinois en Afrique a participé à la transformation de la demande locale, au détriment de la production africaine, conduisant à un phénomène de substitution des produits locaux.

Cela étant, nous invitons les chercheuses et chercheurs en sciences sociales à soumettre des communications basées sur des recherches originales. Nous serions intéressés par des contributions décortiquant les pratiques, que cela soit au niveau des gens de métier ainsi qu’à celui des ménages. Nous apprécierions particulièrement les contributions qui mettraient l’accent sur les processus de transformation et qui aborderaient la question des différences d’évaluation, voire des controverses en ce qui concerne la réception faite des produits chinois en Afrique.


English argumentary

Over the past twenty years, African countries have experienced a massive influx of Chinese-made goods. These goods can now be seen in major cities as well as in the most remote villages across the continent. In spite of their ubiquitous presence in the daily lives of millions of Africans, there is little understanding about the social and cultural impact of this arrival at household level. Even at a first glance, one can receive quite contradictory evaluations. Whereas some will underline the accessibility and practical value of these “novelties” others emphasize their ‘low price’ and ‘poor quality’. In our opinion, a focus on the arrival of Chinese goods in Africa is crucial, not only in order to disentangle such ambivalences, but also as it can provide decisive insights into the many ways in which increased global flows in general, and African-Chinese trade in particular, contributes to reshaping Africa ‘from below’.

Indeed, the reorientation of the African supply chains towards China has that of particular that it offers an unprecedented access to a large diversity of manufactured goods, new and renewed constantly, and this at prices without equivalent either at a global scale market or in a historical perspective. This influx has thus granted consumers access to an unprecedented variety of products: clothing, shoes, electronic and computer equipment, household appliances, cosmetics and beauty products, medicines, furniture and decorations, etc. In this context the question arises, what social and economic transformations has the massive arrival of these products and their appropriation engendered?

Thus we wish to discuss, if indeed the low price of products “made in China” has contributed to open new consumption opportunities for many African consumers? This implies the following question:  What are the ambivalent consequences of this new access in terms of transformation of the consumption practices and logics.

On one hand, the arrival of Chinese goods in Africa has contributed to democratized access to manufactured goods to an ever-increasing number of low-income consumers, leading to complex processes of appropriation of new lifestyle. As these many new consumers, including new figures of success”, displayed their wealth by buying Chinese goods, such a ‘democratization’ in the access to consumption seems to have been accompanied by a growing complexity of consumer practices and new modes of distinction. Chinese goods are sometimes given a symbolic value that exceeds their financial value. On the other hand, the arrival of Chinese goods in Africa has participated to transform the local demand, at the expense of Africa-based production, leading to a phenomenon of substitution of local products.

We warmly invite social sciences researchers to submit communications based on in-depth fieldwork. We are interested in papers that address the practices on the level of tradespeople as well as on household level. We especially appreciate contributions that focus on transformation process and that tackle the issue of differing valuations, eventually controversies with regard to Chinese goods.


Communications du panel

Proposer une communication dans ce panel / Submit a proposal in this panel

Contacter les responsables du panel par email / Contact the panel conveyor by email


Voir tous les panels du colloque Apad colloque 2020

Les circulations des référentiels et des instruments d’action publique / Circulation of policy frames and tools

Les circulations des référentiels et des instruments d’action publique

Circulation of policy frames and tools

Auteur(s) : Lavigne Delville Philippe ; Al Dabaghy Camille ;

Résumé en Français

Une politique publique repose sur une représentation de la réalité qui constitue le référentiel de cette politique. Les référentiels circulent d’un pays à l’autre, ou sont produits à des échelons transnationaux. Ce panel invite à interroger la circulation – tant horizontale que verticale – des référentiels et des instruments d’action publique, en analysant les réseaux d’acteurs au sein desquels ils sont élaborés, et les acteurs qui jouent un rôle de médiateurs. Des communications portant sur des secteurs différents d’action publique permettra une approche comparative sur les modes de circulation en fonction de l’enjeu du secteur pour les structures de l’aide.

English summary

A public policy is based on a representation of reality which constitutes the frame of reference for this policy. The policy frames circulate from one country to another, or are produced at transnational levels. This panel invites us to question the circulation – both horizontal and vertical – of policy frames and tools, by analysing the networks of actors within which they are developed and the actors who play a role as mediators. Papers on different sectors of public policy or public action will allow for a comparative approach to the diverse modes of circulation according to the stakes of the sector for aid structures.


Argumentaire en Français

Une politique publique repose sur une représentation de la réalité qui constitue le référentiel de cette politique (Muller, 2010). De plus en plus, les référentiels et les instruments circulent d’un pays à l’autre, ou sont produits à des échelons transnationaux. Dans les pays où l’aide internationale est présente, les réformes successives des politiques sectorielles sont fortement liées aux évolutions des paradigmes de l’aide et aux référentiels sectoriels définis au sommet des organisations d’aide et dans les réseaux transnationaux reliant ces organisations (Darbon, 2009). Pour autant, ces modèles ne percolent pas mécaniquement, du haut vers le bas. Ils sont aussi issus d’expériences de terrain, et remontent « du bas » vers le « haut » ; ils diffusent horizontalement, à travers expertises régionales, ateliers, visites d’échange, etc. De plus, la circulation des référentiels passe par des réinterprétations, des adaptations (Delpeuch, 2009). Enfin, les décalages entre référentiels et instruments sont peut-être plus forts dans les
pays du Sud qu’ailleurs. En matière de politiques publiques, le « courant des problèmes » et le « courant des solutions » sont portées par des acteurs différents (Kingdon et Thurber, 1984). Le jeu de l’expertise, la reproduction des solutions par les experts, concourent à des disjonctions
parfois fortes entre référentiels et instruments, voire à des politiques où le référentiel est formulé en fonction des « solutions » disponibles. C’est souvent dans le choix – ou les réinterprétations – des instruments et des dispositifs, plus que dans la contestation des référentiels que les autorités nationales (re)trouvent une marge d’autonomie leur permettant d’orienter les politiques dans le sens de leurs priorités.

Ce panel souhaite rassembler des travaux empiriques approfondis sur la circulation – tant horizontale que verticale – des référentiels et des instruments d’action publique, sur différents secteurs. Chaque secteur a en effet sa propre histoire, ses propres réseaux d’acteurs et de professions, et est pris en charge différemment par les institutions d’aide. Sur les thèmes considérés comme des enjeux globaux par les structures de l’aide, on trouvera une institution transnationale dominante qui organise autour d’elle des constellations d’organisations internationales et nationales (Eboko, 2015). Dans d’autres, les configurations institutionnelles sont plus fluides, voire structurées autour de réseaux transnationalisés en concurrence (Lavigne Delville, 2018). Là où les « modèles voyageurs » (Olivier de Sardan, 2018) constituent un package verrouillé, les référentiels sont à la fois plus généraux et plus lâches, moins orientés sur la mise en oeuvre.

La circulation des référentiels et des instruments – ou le refus de certains transferts, également intéressant à investiguer – est le fait d’acteurs variés, experts internationaux, mais aussi chercheurs, hauts fonctionnaires nationaux, cadres nationaux des structures de l’aide, consultants nationaux, etc., reliés entre eux par de nombreux liens : des formations communes, la participation à des ateliers ou colloques, nationaux ou internationaux, à des contrats d’expertises, etc. Aux affinités personnelles et politiques s’ajoutent des asymétries de savoirs, et des conflits de vision politique ou des rivalités institutionnelles. Suivre la circulation – ou la non circulation – des référentiels, c’est aussi et en même temps suivre les réseaux d’action publique qui se constituent, et situer les acteurs clés, les médiateurs, dans leur trajectoire et leurs expériences.

Les communications pourront porter sur des thèmes variés, et porter tant sur les circulations d’idées et de dispositifs sur des objets classiques de l’aide (les référentiels de l’eau potable, la lutte contre le VIH Sida, par ex.) que sur l’émergence de thématiques nouvelles comme la santé sexuelle et reproductive des jeunes filles, ou l’insertion socio-professionnelle des jeunes. Elles pourront aussi porter sur la circulation d’instruments entre secteurs, sur la façon dont les stratégies d’action sur un secteur donné, en émergence ou dont le référentiel a changé, empruntent des instruments à d’autres secteurs.


English argumentary

A public policy is based on a representation of reality, which constitutes its frame of reference (Muller, 2010; Fischer, 2003). Increasingly, benchmarks and instruments circulate from one country to another, or are produced at transnational levels. In countries where international aid is present, successive reforms of sectoral policies are strongly linked to changes in aid paradigms which themselves frame the sectoral policy frames defined at the top of aid organizations and in the transnational networks linking these organizations (Darbon, 2009). However, these models do not percolate mechanically from top to bottom. They are also the result of field experiences, and go “from the bottom” to the “top”; they disseminate horizontally, through regional expertise, workshops, exchange visits, etc. Much more, the circulation of policy frames requires reinterpretations and adaptations (Delpeuch, 2009).

Finally, the discrepancies between policy frames and tools are perhaps greater in the countries of the South than elsewhere. In terms of public policy, the “problem stream ” and the “solution stream ” are carried by different actors (Kingdon and Thurber, 1984). The interplay of expertise and the reproduction of solutions by experts contribute to the sometimes strong disjunctions between policy frames and tools, or even to policies where the frame is formulated according to the available “solution”. Often, the choice – or the reinterpretations – of tools and mechanisms, rather than the contestation of reference frameworks, offers national authorities room for manoeuvre enabling them to orient policies in their own priorities.

This panel wishes to gather in-depth empirical work on the circulation – both horizontal and vertical – of policy frames and tools in different sectors. Indeed, each sector has its own history, its own networks of actors and professions, and is handled differently by aid institutions. On issues considered as global by aid structures, one will find a dominant transnational institution that organizes constellations of international and national organizations around it (Eboko, 2015). In others, institutional configurations are more fluid, or even structured around competing transnational networks (Lavigne Delville, 2018). Where “traveller models” (Olivier de Sardan, 2018) constitute a locked package, the policy frames are both more general and looser, less oriented towards implementation.

The circulation of policy frames and tools – or the refusal of certain transfers, which is also worth investigating – is the work of a variety of actors, international experts, but also researchers, senior national civil servants, national executives from aid structures, national consultants, etc., linked together by numerous links: joint training, participation in national or international workshops or symposiums, expert appraisal contracts, etc. In addition to personal and political affinities, there are asymmetries of knowledge, conflicts of political vision or institutional rivalries. Analysing the circulation – or non-circulation – of frames also means analysing the public policy networks, and at the same time situating the key players, the mediators, in their trajectory and experiences.

Communications will deal with a variety of issues, and cover both the circulation of ideas and mechanisms on traditional aid objects (e.g. drinking water systems, the fight against HIV/AIDS) and the emergence of new themes such as the sexual and reproductive health of young girls, or the socio-professional integration of young people. They may also deal with the circulation of instruments between sectors, the way in which the implementation strategies in a given sector, whether emerging or whose frame of reference has changed, borrow tools from other sectors.


Communications du panel

Proposer une communication dans ce panel / Submit a proposal in this panel

Contacter les responsables du panel par email / Contact the panel conveyor by email


Voir tous les panels du colloque Apad colloque 2020