Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

The Perks of Being a Borderland. Trajectories of Migration in Niger

The Perks of Being a Borderland. Trajectories of Migration in Niger

Auteur(s) : Iocchi Alessio ;

Historiquement les migrations de la sous-région ouest-africaine ont été caractérisées par des mouvements saisonniers des espaces ruraux vers les conglomérations urbaines plus florissantes. Jusqu’à ce jour, l’absence relatif d’activités de courtage et d’intermédiation dans l’espace CEDEAO a été compensé par des migrations souvent basées sur l’existence d’institutions culturelles, tel que les liens familiaux et de parenté, et linguistiques. L’apparition à une époque relativement récente de passeurs en milieu sahélo-saharien a coïncidé avec l’établissement de structures de contrôle et de gestion de la mobilité transsaharienne, et l’externalisation de la frontière de l’Union Européenne à travers des accords bilatéraux. Ces processus soulignent la transformation des réseaux sociaux proprement dits en réseaux commerciaux qui offrent des services de ‘facilitation’ de la mobilité. La présence de contraintes à la mobilité transfrontalière se heurte au principe de libre circulation affirmé par la CEDEAO et les pratiques de régionalisation par le bas mises en œuvre par les travailleurs et les voyageurs, qui ont développé des pratiques de commerce illicite et ‘parallèles’. Le travail informel est associé au statut de contrats éphémères, identités professionnelles changeantes, et aux formes de précarité et de sous-occupation. Cela engendre une certaine vulnérabilité mais laisse place à la formulation de stratégies d’adaptation et d’agencement par les travailleurs. Les pratiques économiques informelles sont tolérées dans le cadre de la mobilité régionale trans-sahélienne mais elles sont criminalisées dans le cas de la migration vers l’Europe. Cette duplicité d’égard provient d’une lecture normative des pratiques informelles et cela influence fortement les stratégies d’emploi et de vie de milliers de migrants ouest-africains qui traversent le Niger pour rejoindre les routes sahariennes qui mènent vers les ports libyens. Cette duplicité impose aux travailleurs un arrêt forcé dans un pays dont le marché du travail est saturé et dépourvu d’attractivité économique. Souvent ces travailleurs refoulés et démunis de liquidité retrouvent dans l’infrastructure constituée par les liens sociaux et culturels la voie de l’intégration dans le marché du travail nigérien. Cette forme d’emploi subalterne freine la formulation de stratégies à long terme mais nourrit l’aspiration au succès des travailleurs qui sont soutenus très souvent par le cercle familial et amical. Une aspiration qui se heurte à la militarisation de la migration à la frontière nigéro-libyenne et aux activités de refoulement, rapatriement et réinsertion gérées par les agences internationales (OIM, HCR). À partir d’une étude de terrain conduite à Niamey en 2018, cette contribution vise à discuter la nature politique de « l’infrastructure migratoire » et, plus spécifiquement, « l’infrastructure sociale » d’un cercle de jeunes ressortissant ouest-africaines (Mali, Togo, Nigeria, Burkina Faso) bloqués dans la capitale du Niger, Niamey, après l’introduction de la loi 36/2015 visant à lutter contre le trafic des personnes. En discutant la multiplicité des pratiques qui caractérisent le niveau matériel et immatériel de la mobilité en Afrique de l’Ouest, ce travail se concentre sur les pratiques de solidarité et d’agencement (tactique ou stratégique) produites par le groupe des travailleurs par rapport au (dis)fonctionnement des structures de gouvernance transfrontalière.


Mot-clé : migration, Niger, pratiques sociales, et repertoires de resistance

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Diaspora et développement au Bénin. Acteurs, normes internationales de \”bonne gouvernance\” et innovations locales

Diaspora et développement au Bénin. Acteurs, normes internationales de \”bonne gouvernance\” et innovations locales

Auteur(s) : Vigne Christophe ;

Le mot diaspora a longtemps été utilisé pour décrire la dispersion du peuple juif de par le monde. Il est d’origine grecque mais c’est une notion religieuse juive trouvant ses racines étymologiques dans le mot « disséminer ». À la fin des années 1960, ce terme n’est plus exclusivement réservé au cas juif et perd son sens originel. Diaspora est alors employé pour désigner toute population établie en dehors de son pays d’origine. Dans les années 1990, historiens, géographes et sociologues repensent ce terme en fonction de la globalisation et procèdent à sa théorisation. En dehors de ce cadre théorique, le contenu du mot diaspora varie et évolue selon la personne ou l’institution qui l’utilise. Par exemple, l’ONU considère la diaspora comme un acteur majeur du développement et comme une opportunité pour le pays dont elle est issue. Elle encourage donc les gouvernements des pays en développement à prendre des mesures pour mobiliser les ressources de “leur diaspora”. Cela est le cas au Bénin où, depuis les années 1990, le gouvernement s’efforce d’associer la diaspora (environ 4 millions de personnes) au développement du pays. Pour ce faire, l’état béninois s’est doté d’institutions dédiées à la diaspora tels que le Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur et l’Agence Nationale des Béninois de l’Extérieur. En 2013, sous le second mandat de Boni Yayi, le gouvernement publiait, en coopération avec le PNUD, un programme d’action intitulé “Pacte de développement du Bénin avec la diaspora” indiquant l’urgence de mobiliser les capitaux et les cerveaux de la diaspora. Le Bénin importait ainsi des normes et des techniques de gouvernances préconisées par les Nations Unies. En parallèle de celles-ci, des acteurs locaux du développement promeuvent une autre approche de la diaspora. Fondé en 2012, sous l’impulsion de jeunes diplômés ayant étudié à l’étranger, l’Observatoire Africain pour le Développement Endogène (OADE) propose un modèle alternatif aux normes véhiculées par l’aide internationale. Ainsi, cette ONG s’attache à sensibiliser les Africains à des pratiques endogènes pour répondre aux enjeux de développement. En outre, elle estime qu’un retour à l’endogénéité pourrait s’avérer être une solution aux déséquilibres traversées par des sociétés parfois en déficit de repères en contexte post-colonial. Appréhendant la diaspora comme la garante de savoirs endogènes ancestraux, l’OADE la considère comme le catalyseur d’un développement auto-centré. Tourné vers la diaspora et possédant des ramifications dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Togo, Niger, Burkina Faso et Mali), l’Observatoire s’inscrit dans une perspective transnationale teintée de panafricanisme. Cette communication s’attachera à analyser comment des techniques de gouvernances dans la gestion des diasporas (également en vigueur dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et en Asie) se sont imposées à l’état béninois. Elle exposera quelles sont les principales mesures préconisées par le PNUD et comment elles se concrétisent. En dernier lieu, elle montrera dans quelle mesure ces pratiques importées divergent ou convergent avec le modèle innovant proposé par l’OADE. Cette communication aura recours à des matériaux issus d’une recherche effectuée à Cotonou. En outre, elle s’appuiera sur un cadre théorique et empirique acquis lors d’une thèse d’histoire portant sur les politiques du Vietnam vis-à-vis de sa diaspora.


Mot-clé : Bénin, bonne gouvernance, développement endogène, Diaspora, normes, ONG, et ONU

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Quand le « Sud » investit au « Sud » : les investissements agricoles chinois en Côte d’Ivoire

Quand le « Sud » investit au « Sud » : les investissements agricoles chinois en Côte d’Ivoire

Auteur(s) : Aurégan Xavier ;

Cette proposition de communication issue d’une expertise menée pour le Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) traite de certaines interventions chinoises dans le secteur agricole ivoirien. Les principaux résultats obtenus sont essentiellement empiriques et de première main.

Cette recherche propose dans un premier temps un état des lieux analytique des différents investissements publics qui sont fréquemment assimilés à la « coopération » bilatérale, soit à l’aide publique octroyée par la Chine populaire. En filigrane, l’aide chinoise étant liée, les investissements et les stratégies commerciales ne sont jamais éloignés de l’aide à proprement parler. Il convient pourtant d’isoler ces différentes composantes des relations économiques sino-africaines pour mieux appréhender les différents enjeux afférents. Ces investissements peuvent conséquemment être appréhendés en tant que mobilités et/ou circulations, tant « matérielles » qu’« immatérielles ».

Ainsi, dans le secteur agricole ivoirien, les capitaux publics chinois investis concernent uniquement deux filières : l’hévéa et le cacao. Ces interventions corroborent les réformes endogènes chinoises et l’internationalisation des puissants groupes afférents. In situ, ces deux investissements chinois sont (in)directement liés à des conflits socio-économiques. Par conséquent, plusieurs questions se posent. Qui sont ces groupes publics chinois ? Quelle est leur histoire et comment sont-ils parvenus – ou été invités – à sortir du territoire chinois pour finalement investir dans des filières agricoles, ivoiriennes en l’occurrence, qui sont accaparées par les nationaux d’une part, et occidentaux d’autre part ? Possèdent-ils et mettent-ils en œuvre leurs propres stratégies (commerciales et de diversification) ou sont-ils assujettis aux politiques étatiques, voire de plus en plus, provinciales ? Enfin, pour quelle raison ces investissements sont encore largement méconnus, y compris en Côte d’Ivoire où les médias ne les mentionnent jamais.

Parfois accusée de néocolonialisme, d’être parmi les principaux accapareurs de terre en Afrique subsaharienne, la Chine populaire intervient pourtant via différents canaux, acteurs, institutions et modalités. Cette proposition de communication s’intéresse donc spécifiquement à cette pluralité d’acteurs chinois présente dans l’agriculture ivoirienne, les acteurs à capitaux publics chinois n’étant pas les seuls à s’intéresser aux sols africains : les « privés », ces « migrants-investisseurs » investissent également « par le bas » dans ce secteur.

Partant, des migrants chinois ont investi à Abidjan dans plusieurs filières, dont les ressources halieutiques et le bois. Conflits et critiques rythment les investissements de ces migrants-investisseurs, qu’il convient également d’inclure et d’analyser afin de proposer une vue circulaire de ces interventions agricoles du “Sud” au “Sud”, de la Chine en Côte d’Ivoire.

En définitive, cette proposition de communication tend à mettre en perspective deux des quatre formes d’intervention chinoises en Afrique (investissements privés et publics), en Côte d’Ivoire et dans l’agriculture spécifiquement, et en prenant pour chacune d’elles des études de cas permettant d’évaluer leurs spécificités, leurs moyens et les enjeux induits.


Mot-clé : Afrique, Agriculture, Chine, Côte d'Ivoire, et Investissement

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Le Maroc, un archipel bureaucratique de la migration africaine.

Le Maroc, un archipel bureaucratique de la migration africaine.

Auteur(s) : Diallo Mamadou Alimou ;

 « Il y a maintenant des syndicats, des associations, des administrations publiques marocaines, des ONG internationales, des églises, des bailleurs de fonds (…) qui s’intéressent aux migrants subsahariens. Tout le monde s’y intéresse maintenant. Tout ça, c’est grâce à Sa Majesté le roi Mohamed VI. En 2005, je n’aurais jamais imaginé un tel engouement envers les Subsahariens[1]

          Cette ONGisation de la gestion de l’immigration a transformé le Maroc en un véritable « archipel bureaucratique[2]» qui, en ralliant des experts spécialistes de la question subsaharienne et des courtiers spécialisés dans la fabrication de programmes d’aides et d’assistance destinés aux migrants, a entrainé l’émergence d’un ensemble d’acteurs privés chargés de la mise en œuvre quotidienne de toute sorte de programmes d’aides destinés aux migrants. Qu’y a-t-il donc de commun entre un fonctionnaire marocain; un militant associatif qui défend la cause des migrants; un expert européen; un employé de l’OIM qui aide des migrants dans leurs démarches pour se retourner dans leurs pays d’origine; un professeur de langue arabe qui dispense aux migrants des cours du soir; un clerc de l’Église qui apporte assistance aux migrants; un vendeur de tickets de bus qui contrôle l’identité des “migrants-voyageurs”; un migrant qui joue le rôle d’intermédiaire entre l’État marocain et d’autres migrants; un syndicaliste qui défend des femmes de ménage migrantes en situation irrégulière; des propriétaires (logeurs et hôteliers) qui enregistrent l’identité des étrangers dans leurs fichiers privés ? Tous s’intéressent au sort des « migrants »: ils assurent, d’une part, l’interaction entre l’État marocain et certains acteurs transnationaux et, de l’autre, ils sont tous à l’interstice entre l’administration marocaine et les migrants. Tous peuvent aussi être considérés comme étant des intermédiaires jouant le rôle de courtiers de la migration[3] : un groupe au contour sociologique flou certes, mais dont l’existence n’est plus discutable et dont l’importance ne cesse de croitre ces dernières années au Maroc.

A partir donc d’une enquête ethnographique, cette communication se propose d’ouvrir un double dossier.  L’un a pour but d’analyser cet « archipel bureaucratique » comme une forme de transnationalisation par le bas de la gestion de l’immigration au Maroc, impliquant une pluralité d’acteurs ayant une autorité (fonctionnaires, experts, associatifs, ONG, religieux, etc.) et des subalternes (sous-traitant, messagers de l’État, médiateurs sociaux, commerçants, etc.) qui font fonctionner ce système bureaucratique, mais aussi en observant les espaces où se manifeste et s’exerce ce pouvoir transnational par le bas (guichets administratifs, sièges des ONG, rue, marchés, guichets des associations, églises, campements de fortune, gare routière, etc.). L’autre dossier s’intéressera enfin à un ensemble de fichiers et d’infrastructures informatiques mis en place par ces acteurs pour enregistrer et ficher les migrants au Maroc.

[1] Entretien n°22, Frank, secrétaire général de l’ODT-I, Rabat, le 28 janvier 2018.

[2] Le mot « archipel bureaucratique » s’inspire du terme « archipel de police » conceptualisé par Didier Bigo (1996).

[3] Du mot « courtier du développement » pour désigner les intermédiaires entre les développeurs et les bénéficiaires de programmes de développement (Olivier de Sardan et Bierschenk,1993)


Mot-clé : biométrisation des fichiers, bureaucratie, courtiers de la migration, Maroc, Subsahariens, et transnationalisation par le bas

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Le commerce des boissons alcoolisées à Kyé-Ossi: un instrument des échanges informels à la frontière Cameroun-Guinée équatoriale.

Le commerce des boissons alcoolisées à Kyé-Ossi: un instrument des échanges informels à la frontière Cameroun-Guinée équatoriale.

Auteur(s) : Michel Bertin Medjo Medjo ;

Une petite ville camerounaise, également ville-carrefour et tremplin, Kyé-Ossi est distant de trois kilomètres de la frontière gabonaise, dont le rond-point se dresse juste à proximité du poste frontière d’Ebibeyin, ville Équato-guinéenne. Ce carrefour des trois nations constitue de ce fait la porte d’entrée et de sortie des marchandises par voie terrestre entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Équatoriale. Avec son statut de centre urbain et sa position géostratégique, Kyé-Ossi joue le rôle transitaire d’écoulement des produits agricoles et manufacturés à destination de ces deux pays. Ces activités économiques attrayantes à Kyé-Ossi dépendent surtout de la richesse des Équato-guinéens émanant de la découverte du pétrole en 1992 et de l’accessibilité des produits manufacturés d’origine espagnole à l’instar des boissons alcooliques. Cette localité est donc le lieu par excellence pour jouir de cette prospérité voisine du fait de sa position géographique. À cause de la bonne qualité et de l’acquisition des boissons alcooliques à des prix dérisoires en Guinée, le commerce informel avec le Cameroun s’est accru de ce côté de la frontière. Les populations venant de l’hinterland s’en approvisionnent souvent clandestinement à la fois à Kyé-ossi et en Guinée Équatoriale pour revendre à des prix meilleurs dans les villes camerounaises. Dans leurs mobilités les passeurs empruntent les chemins de brousse, les voies fluviales pour rallier la Guinée Équatoriale d’une part et camouflent les boissons sous les sièges des véhicules, dans les valises souvent en complicité avec les acteurs institutionnels pour desservir les villes camerounaises d’autre part. La présente communication ambitionne questionner le fonctionnement de ce commerce informel des boissons alcooliques d’origine espagnoles dans la « dyade » Cameroun-Guinée Équatoriale tout en insistant sur les motivations des différents acteurs de ce phénomène considéré comme déviant par l’État. Pour épuiser la question, les informations collectées dans les livres, les archives et lors des entrevues individuelles sur le terrain constitueront un fond de données qualitatives importantes donnant une dimension empirique à cette étude.


Mot-clé : boissons alcooliques, Cameroun, contrebande., Guinée-Équatoriale, et Kyé-ossi

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