Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Regard critique et postcolonial sur les collections d’images et d’objets ethnographiques de l’ancienne école coloniale de Witzenhausen

Regard critique et postcolonial sur les collections d’images et d’objets ethnographiques de l’ancienne école coloniale de Witzenhausen

Auteur(s) : Kabrais Komlan ;

L’école coloniale allemande de Witzenhausen, fondée en 1898, devrait former de jeunes hommes[1] pour le service colonial notamment agricole. Ils devraient être des pionniers culturels, répandant ainsi “l’honneur de l’Allemagne et au de-là de ses frontières”[2]. Peu de temps avant la Première Guerre Mondiale, environs 650 élèves avaient obtenu leur diplôme dans cette école coloniale. Parmi ces diplômés, 133 vivaient dans le Deutsch-Südwestafrika, 88 dans le Deutsch-Ostafrika, 32 au Kamerun et 12 au Togo. Certains parmi eux ont également trouvé emploi en Asie, dans les îles pacifiques, en Amérique du sud, centrale et du nord. L’école a survécu à la fin des colonies allemandes en 1919 et n’a cessé de fonctionner qu’en 1944.

Il existe encore aujourd’hui à Witzenhausen une archive et un musée contenant une collection de photographies datant de l’époque coloniale allemande et aussi des objets culturels et cultuels ramenés des colonies par les anciens élèves. Ces derniers ont pris ces photos ou du moins ces objets dans des conditions plus ou moins particulières pour les envoyer à leurs familles, amis et surtout à leur directeur (Fabarius) afin de montrer, à travers des expositions à l’école de Witzenhausen, les réalités dans les colonies pour susciter l’envie chez les jeunes qui désiraient aussi y travailler. Ces collections d’images et d’objets ethnographiques disponibles à Witzenhausen méritent d’être étudiés afin de retracer, non seulement leurs provenances, les conditions de leurs collectes et transferts, mais aussi d’analyser l’idéologie coloniale qui a servi de base pour la collecte de ces objets culturels.

Dans le cadre de cette contribution, nous voulons mener des recherches sur place (archives coloniales et musée ethnographique de Witzenhausen) et, en même temps, réfléchir à la manière dont ce que nous y trouverons, pourrait faire l’objet d’une éducation postcoloniale, surtout au milieu de jeunes allemands.

[1] L’école coloniale de Witzenhausen a été ouverte en 1899 sous l’initiative de Ernst Albert Fabarius. Son groupe cible était constitué de “jeunes gens sélectionnés dans les milieux les plus compétents, en particulier les agriculteurs, les fonctionnaires, les prêtres, les médecins, les enseignants, les commerçants et les officiers” (Schanz, Moritz (1910) : Die Deutsche Kolonialschule in Witzenhausen. In: Warburg, Wohltmann (Hrsg.):  Beiheft zum Tropenpflanzer (Organ des Kolonialwirtschaftlichen Komitees). Jahrgang XIV, Nr. 9, S.396-468. p. 422).

[2] Le slogan originale de l’école de Witzenhausen étant: „Mit Gott für Deutschlands‘ Ehr, Daheim und überm Meer“ (Schnee, Heinrich (Hrsg.) (1920): Deutsches Koloniallexikon, Bd. I, II, III. Leipzig. S.724).


Mot-clé : objets ethnographiques et éducation postcoloniale... et Photographie et image coloniales

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Incompleteness, or compositeness? The potential of Francis Nyamjoh’s vocabulary of mobility and conviviality in the cultural translation of sartorial display in photographs from colonial South Africa.

Incompleteness, or compositeness? The potential of Francis Nyamjoh’s vocabulary of mobility and conviviality in the cultural translation of sartorial display in photographs from colonial South Africa.

Auteur(s) : Kriel Lize ;

Photographs of individuals who lived in South Africa in the colonial era had been studied from various perspectives by researchers with various interests. This scholarship holds a prominent place in our teaching curriculum in Visual Culture Studies at the University of Pretoria. Owing to digitisation, we have a wide – and growing – variety of photographs at our disposal in the public domain – some being returned to the limelight after many years, others being circulated amongst (potentially) large audiences for the first time. In my interaction with students, I consider it my role to emphasise the importance of contextualisation as departure point for interpretation. And yet, one also needs to ignite the imagination, to some extent at least, when trying to fathom the possible ‘ways of seeing’ that could have been possible for the individuals looking back at us out of old photographs. In 2019 I asked our second-year students to read historian Hlonipha Mokoena’s discussion of black policemen photographed in KwaZulu-Natal in the last half of the nineteenth century. I also asked them to consider Sara Byala and Ann Wanless’s discussion of white colonialists photographed in “traditional” “Zulu” attire. While I was working with this group of second-year students, one of my master’s students, Nkami Manyike, was writing about photographs that German missionaries had taken of African Christians during the early twentieth-century in what was then predominantly Pedi- and Venda-speaking areas of the then-Transvaal. Manyike phrased her observation, which was also shared by many of the undergraduate students in their feedback sessions, as follows: How can we make sense of the “apparent incompleteness in the appropriation of the Western attire” amongst many Africans looking into the nineteenth-century photographer’s camera, and right through it – into our eyes, a century later? I found Cape Town-based anthropologist Francis Naymjoh’s musings around African mobility and compositeness – which he applies with a very insightful reading of Amos Tutuola’s short stories – very helpful. Those students who applied Nyamjoh’s suggestions arrived at some illuminating, and some provocative, interpretations. The students started to show more awareness of the numerous ways in which one can misunderstand the “language of dress” (as scholars like Ross and Buckridge refer to it) in photographs – not only by us here and now, but also by successive generations of interpreters over time.  In my presentation I would like to share some of these photographs as they had been framed in scholarly writing to date, and demonstrate the value of Nyamjoh’s vocabulary of compositeness, mobility and conviviality in cultural translation, even though he had not conceptualised it specifically for application to visual sources.

 


Mot-clé : "compositeness", "dress", "incompleteness", "mobility", "photography", "South Africa", et "Visual Culture Studies"

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Protestation des organisations islamiques au Mali et émergence d’espaces publics religieux suite à l’adoption du code de la famille en 2009

Protestation des organisations islamiques au Mali et émergence d’espaces publics religieux suite à l’adoption du code de la famille en 2009

Auteur(s) : KONE OUSMANE ;

Suite à la pression des organisations féminines, des militants des droits de l’homme et de la communauté internationale, le Mali a lancé officiellement les travaux d’élaboration d’un code de la famille en 1998. Pour l’État malien, il s’agissait, à travers cette initiative, de corriger les insuffisances de l’ancien code du mariage et de la tutelle adopté en 1962 et de « mettre fin » aux discriminations envers les femmes[1].

 

Aussitôt après son adoption par l’Assemblée nationale le 3 août 2009, le projet de code de la famille, jugé progressiste et favorable à l’égalité des sexes, va susciter une vive polémique au sein de la société civile malienne et polariser les débats entre ses défenseurs (les organisations féminines et les militants des droits de l’homme) et ses pourfendeurs (les organisations islamiques). Suite à une vive protestation des organisations islamiques, avec à leur tête le Haut Conseil islamique du Mali, le texte a été rejeté. Les organisations islamiques reprochent au texte d’aller à l’encontre des « valeurs islamiques et culturelles maliennes ».

Grâce à l’efficacité et à la particularité des stratégies protestataires mises en place, aussi bien sur le plan de la communication que des actions collectives, elles réussiront à infléchir le processus en leur faveur. Autrement dit, l’ampleur des mobilisations protestations était telle que le Président de la République avait  été contrait de renvoyer le texte en seconde lecture. Ainsi, le 2 décembre 2011, une nouvelle version qui prendra en compte l’ensemble de leurs revendications sera adoptée.

 

Depuis le succès de leur protestation en 2009 et la réorientation du processus en leur faveur, les acteurs islamiques se sont repositionnés au sein de l’espace public de débat au Mali au point qu’on parle maintenant d’espace public religieux. En effet, depuis leur victoire, aucune politique publique n’est adoptée, aucun débat sérieux sur la vie de la Nation ne se déroule, sans qu’ils n’y soient consultés. Aujourd’hui, ce repositionnement des acteurs religieux islamiques dans la sphère publique a fait d’eux la frange la plus dynamique de la société civile malienne.

Notre communication, qui s’inscrit principalement dans le champ de la sociologie politique[2], vise donc analyser la particularité de cette protestation collective, particulièrement l’efficacité des stratégies de communication et d’actions collectives mises en place, lesquelles contrastent avec plusieurs modèles en circulation en Afrique ou en Occident. Précisément, il s’agira de répondre aux questions suivantes: En quoi les stratégies protestataires mises en place par les organisations islamiques en 2009 se distinguent des autres modèles en circulation? Comment la victoire des acteurs islamique a-elle permis l’émergence d’espaces publics religieux au Mali?

Notre communication tentera de répondre à ces questions. Pour ce faire, nous nous focaliserons sur des données empiriques collectées entre janvier et avril 2013 au Mali ainsi que sur la riche littérature grise et scientifique sur le sujet.

[1] GAREJ (1995), La situation de la femme dans le droit positif malien et ses perspectives d’évolution, Bamako, GAREJ.

[2] Nous sommes bien conscient du fait que « l’analyse de la protestation collective en Afrique reste un objet relativement négligé des sciences sociales » (Lafargue, 1996: 20).


Mot-clé : espace public religieux, Mali, mobilisation sociale, organisations islamiques, société civile, et stratégies de communication et d'actions collectives

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La circulation du genre dans un contexte africain: cas du Niger

La circulation du genre dans un contexte africain: cas du Niger

Auteur(s) : ALHASSOUMI Hadizatou ;

L’article se propose d’analyser la circulation du concept de genre, porté par des mouvements locaux d’émancipation des femmes s’inscrivant désormais dans des réseaux mondialisés d’échanges. Nous proposons d’appréhender la trajectoire du genre à travers la confédération nationale des ONG et associations féminines du Niger. La CONGAFEN est créée en 1995 à la faveur des préparatifs de la 4ème Conférence de Beijing sur les femmes. Avec l’appui des partenaires au développement, ses activités consistent d’une part à susciter un engagement de la population en faveur d’une lutte contre les différentes formes de violence et pratiques portant atteintes aux droits et libertés des femmes. D’autre part, adopter des stratégies de renforcement du cadre institutionnel.

Il s’agit d’interroger le cheminement du genre depuis le niveau global avec les soutiens et les alliances internationaux favorisés par la Conférence, les circuits empruntés pour parvenir à une reconnaissance institutionnelle et juridique au niveau national. Qui sont les femmes engagées dans ces structures ? Quelles interactions avec d’autres institutions de développement engagées sur les questions de genre ? Quelles stratégies sont développées selon les lieux et les circonstances pour lever/contourner des obstacles ? Quelles appropriations locales du concept sur les terrains du développement ?

Le mouvement MMD, Mata Masu Dubara, « les femmes ingénieuses » né au niveau local sous l’initiative de l’ONG CARE Internationale en 1989 semble être une bonne expérience de parcours du genre en tant qu’approche d’émancipation des femmes et de défense de leurs droits. La démarche consiste à organiser les femmes autour de caisse « asusu » d’épargne et de crédit. Les différentes phases de mise en œuvre des programme MMD qui se sont succédées ont connu une évolution de l’approche allant de la satisfaction des besoins pratiques vers la prise en compte des intérêts stratégiques. Cette approche qui était pensée en termes de résilience pour des personnes vulnérables a progressivement porté une dimension politique. En effet, la plupart des conseillères municipales du pays sont issues des groupements MMD. Aujourd’hui, ces groupements MMD réunis en réseau et en fédération organisent autour des municipalités des plateformes au sein desquelles elles mobilisent d’autres acteurs notamment les leaders religieux et coutumiers pour débattre des problèmes sociétaux et conduire des actions en vue de changements de comportements. Ce modèle qui semble avoir fait ses preuves, est adopté par plusieurs intervenants de développement et est mis en oeuvre dans d’autres pays africains. Nous proposons de suivre  la diffusion du genre par le mouvement MMD du local vers le global à travers les lieux et les circuits de connexion, dans l’espace et dans le temps : qui sont les femmes membres des groupements MMD ? Quelles stratégies mobilisées et pour quelles interactions avec leurs communautés ? Quelles forces permettent au mouvement de se maintenir dans des contextes peu favorables au changement de normes sociales ? Dans quelles mesures les structures de la CONGAFEN et celles du MMD se renforcent mutuellement ?

Dans une perspective compréhensive nous proposons d’interroger la dynamique de circulation du genre dans un double mouvement du global vers le local et du local vers le global.

 


Mot-clé : circulation et Genre

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Les appels au changement du système postcolonial en Afrique par les mouvements sociaux : un aboutissement (toujours) incertain ?

Les appels au changement du système postcolonial en Afrique par les mouvements sociaux : un aboutissement (toujours) incertain ?

Auteur(s) : Serigne Momar Sarr ;

Les travaux sur les mouvements sociaux sont envisagés sous l’angle de la consécration de l’espace public et de l’engagement citoyen mais l’implication sous-jacente serait le changement social. Ils laissent en rade, ainsi,  l’essence de la revendication : le désir de changer le « système » pour la justice sociale qui émane d’une bonne gouvernance et de la solidarité. Les protestations des jeunes surtout sont contre l’ordre établi pour exprimer leur colère et leur révolte face à leur situation de précarité et à la mal gouvernance. Quand bien même les élections présidentielles s’estampillent régulièrement du sceau du changement, le maintien du statu quo est frappant, même dans le cas des alternances politiques comme au Sénégal où elles ont été notées en 2000 et en 2012.

Le but de cette recherche est de comprendre les ressorts et d’analyser les sorts des mobilisations sociales contre de l’ordre établi au Sénégal pour le changement du « système » et la satisfaction des demandes sociales. Elle interroge notamment le désir exprimé par les jeunes de changer les professionnels politiques dans un système politique au confluent de la postcolonialité et de la pauvreté. Les contestations sociopolitiques des jeunes au Sénégal ont-elles permis d’opérer le changement désiré dans le mode de gouvernance de l’Etat et les contre-valeurs de la société ?

La recherche s’appuie sur une méthodologie mixte dans l’entrecroisement des entretiens et de l’administration de questionnaire en plus des observations directes ou participantes. En partant d’une perspective ethnoanthropologique, pour imprégner les structures socioculturelles, une tendance systémique conduira à percer les logiques politico-institutionnelles à l’œuvre de la régulation au quotidien qui tient de la longue durée. Une étude de cas approfondie qui privilégie l’observation de la scène politique conduit vers les mouvements sociaux les plus représentatifs ainsi tout autre acteur de premier plan de la société civile. Les moyens d’action des mouvements se trouvent être le rap, le graffiti, les réseaux sociaux, les marches pacifiques pour la revendication de l’opérationnalisation des promesses électorales et la reddition des comptes publiques. L’entrevue avec des professionnels politiques nous permettra de croiser les vues ; de même que l’avis de personnes-ressource. Nous apportons une touche particulière par l’intervention sociologique.

Les résultats permettront de connaître les alternatives proposées par les jeunes pour la plénitude des différentes composantes de la démocratie et d’apprécier le sort des décisions politiques au sein de l’Etat afin de changer la donne. Cette optique permet de cerner les stratégies d’acteurs et la nature du système politique qui promeuvent des contres-récits face au désir de changement. Nous mettrons l’emphase le mouvement Y’en-à-marre qui a proposé un nouveau type de sénégalais (NTS). Du point de vue théorique, cette recherche apporte une contribution dans la sociologie historique du politique. Elle milite également dans le champ des mobilisations sociales et des crises politiques liées aux difficultés d’atteinte d’une croissance durable et inclusive dans les objectifs nationaux de développement. Toutes les interrogations vont converger vers les capacités des Etats d’Afrique subsaharienne à remplir pleinement leur rôle de satisfaction de l’intérêt général.

 


Mot-clé : changement social., contestations sociopolitique justice sociale, développement, mouvement social, et système

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