Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

La circulation des semences de mil au Sénégal : reconfigurations sociales et ontologiques

La circulation des semences de mil au Sénégal : reconfigurations sociales et ontologiques

Auteur(s) : Jankowski Frédérique ; Doncieux Antoine ; Maizi Pascale ; Berthouly-Salazar Cécile ; barnaud adeline ;

Depuis plusieurs décennies au Sénégal, de nouvelles variétés de mils, première culture vivrière, sont développées par des institutions de recherche et promues garante de la sécurité alimentaire et de la résilience face au changement climatique. Les recherches portant sur les réseaux de circulation des semences décrivent la manière dont les échanges sont enchâssés au sein d’un large système de prestations socialement définies, déterminées par des valeurs et des normes locales (Leclerc et Coppens d’Eeckenbrugge, 2011). Même lorsqu’il s’agit de nouvelles variétés introduites par des acteurs extérieurs dans le système paysan, celles-ci circuleraient sur des valeurs et réalités locales (Jonas, 2017). Cependant, l’accès à ces nouvelles variétés ne procèdent généralement pas des dynamiques de dons et de trocs qui constituent les principaux modes d’acquisition des semences de mil (Delaunay & al., 2008 ; Badstue & al., 2006). De plus, l’accès et la diffusion des variétés améliorées de mil mobilisent très souvent des structures intermédiaires (coopératives étatiques, groupement d’intérêt économiques, ONG, etc.) selon une logique marchande ou clientéliste. Cette communication se propose de revenir sur certains des effets de l’introduction de nouvelles variétés de mil dans deux communautés du bassin arachidier sénégalais : Niakhar et Kaffrine. Depuis plusieurs décennies, ces deux communautés font l’objet de nombreux projets de recherche-développement appuyant la structuration des filières semencières. Une analyse croisée d’enquêtes qualitatives et d’analyses de réseaux sociaux permet d’éclairer les dynamiques de circulation de ces nouvelles variétés. Il apparaît au travers de cette analyse un processus de qualification mutuelle à la fois des semences et des réseaux d’acteurs.


Mot-clé : Agrobiodiversity, Anthropologie du développement, Réseaux sociaux, et semences

Conectez vous pour accéder au texte complet
[caldera_form id="CF601abc919576c"]

Toutes les communications appartenant au même panel :

Voir tous les panels du colloque Apad conference 2020


État des lieux des modes de gestion de la diversité cultivée par les paysans dans deux sites du bassin arachidier au Sénégal : la coexistence comme nouvelle normalité ?

État des lieux des modes de gestion de la diversité cultivée par les paysans dans deux sites du bassin arachidier au Sénégal : la coexistence comme nouvelle normalité ?

Auteur(s) : Faye Ndeye Fatou ; Cobelli Océane ; Beaurepaire Sophie ; Labeyrie Vanesse ;

Les politiques agricoles et les programmes de développement soutiennent la structuration des filières de production de semences certifiées au Sénégal, notamment pour l’arachide et le mil. Or la littérature montre que la diversité des espèces et des variétés permet de valoriser des environnements hétérogènes et de limiter le recours aux intrants. Favoriser l’accès des agriculteurs à cette diversité est donc crucial dans l’objectif d’accompagner la transition agro écologique. Cela est d’autant nécessaire en Afrique de l’Ouest où l’accès aux intrants peut être limité du fait du manque de moyens. Dans ce contexte, la diversité des espèces et des variétés est le principal levier d’action des agriculteurs. L’objectif général de cet article est de décrire comment s’organise les modalités de coexistence entre les variétés paysannes et celle issues de la recherche dans les exploitations agricoles familiales. Il cherche notamment à étudier les sources d’approvisionnement en semences et les différentes fonctions remplies par les espèces et variétés cultivées. Les données utilisées proviennent d’enquêtes ménages et de focus groupes menés dans le bassin arachidier du Sénégal. Au total, 102 ménages ont été enquêtés dans les zones de Niakhar (ouest du bassin arachidier) et Koungheul (est du bassin arachidier). Quatre espèces ont été ciblées : l’arachide (Arachis hypogaea), le mil (Pennisetum glaucum), le niébé (Vigna unguiculata) et le gombo (Abelmoschus esculentus). Ces espèces sont cultivées par la grande majorité des ménages dans les zones d’étude et remplissent des fonctions vitales au sein des ménages.  Les informations suivantes ont été collectées : (i) : les assemblages d’espèces et de variétés cultivées en 2017, et l’origine des variétés (paysannes, issues de la recherche) pour le mil, l’arachide, le niébé et le gombo ; (ii) leurs valeurs du point de vue des agriculteurs et agricultrices ; et (iii) les pratiques d’approvisionnement en semences. Les résultats des analyses montrent que les exploitations cultivent une diversité d’espèces et de variétés. Elles associent des valeurs différentes aux variétés paysannes ou issues de la recherche et mettent en avant leurs complémentarités. Les exploitations familiales du bassin arachidier ont recours à une diversité de sources de semences, avec une prédominance de l’autoproduction. La proportion de ces différentes sources varie entre espèces, selon leurs caractéristiques biologiques et leurs usages sociaux et économiques. Le recours aux semences certifiées reste minoritaire. De façon générale, l’accès des exploitations familiales à ces différentes variétés est permis par la coexistence d’une diversité de sources de semences, dont le maintien apparait comme un enjeu important pour leur fonctionnement.

 


Mot-clé : Afrique de l’Ouest, agrobiodiversité, approvisionnement, circulation, et semences

Conectez vous pour accéder au texte complet
[caldera_form id="CF601abc919576c"]

Toutes les communications appartenant au même panel :

Voir le panel Des semences qui circulent, les nouveaux lieux et liens de la diffusion variétale /

Voir tous les panels du colloque Apad conference 2020


Les réseaux de circulation des semences paysannes et « améliorées » issues de la recherche au Burkina Faso : entre superposition, croisements et perméabilité.

Les réseaux de circulation des semences paysannes et « améliorées » issues de la recherche au Burkina Faso : entre superposition, croisements et perméabilité.

Auteur(s) : ZONGO OUANGO BLAISE ;

Résumé

Les semences paysannes et « améliorées » issues de la recherche (maïs, mil, niébé et sorgho) s’inscrivent-elles dans un même système semencier ou dans des systèmes distincts régis par des règles contrastées entre logiques locales et enjeux nationaux ?

L’objectif de cette communication est d’analyser les différents réseaux de diffusion des semences et de circulation des semences. De Janvier-Avril 2018 une étude a été menée à ce sujet dans cinq villages de la province du Ziro au Burkina Faso, dont trois (Gallo, Petit Boro et Koutéra) dans la commune de Sapouy et deux (Sourou et Taré) dans la commune de Cassou. Des entretiens semi-structurés ont été réalisés auprès de producteurs semenciers et des services étatiques de semences à l’aide d’un guide d’entretien. Un questionnaire a été aussi utilisé pour enquêter les producteurs agricoles familiaux. Les résultats montrent plusieurs réseaux de circulation des semences qui se superposent dans les territoires et se croisent non seulement au sein des exploitations familiales mais aussi dans les champs qui juxtaposent plusieurs variétés interfécondes d’une même espèce. La création et la circulation des semences « améliorées » issues de la recherche datent principalement des années 1970 et est structurée au sein de l’organisation institutionnelle de la filière semencière depuis le 31 mars 2006 et en fonction des filières agricoles par espèce. Les semences paysannes sont sélectionnées circulent depuis des générations dans le cadre de réseaux d’échanges interpersonnels selon des liens de parenté, de voisinage et de connaissances plus ou moins proches qui permettent de s’approvisionner en semences, de diversifier et de conserver une grande diversité variétale. Dans les deux communes étudiées, il apparait que les agriculteur(rice)s appliquent les mêmes critères de choix pour l’approvisionnement en semences, qu’elles viennent de la filière institutionnalisée par la loi nationale semencière ou du système semencier local. Ainsi, quel que soit le réseau utilisé, il(elle) cherchera à évaluer la qualité de la semence (essai une première année puis culture en plein champ si la semence présente les qualités de production, de précocité, de goût et d’esthétique recherchées), mais aussi à s’approvisionner auprès de la source disponible au moment des semis. Le contexte d’incertitude climatique pousse actuellement les agriculteur(rice)s à rechercher des variétés à cycle court qui, dans la zone d’étude, sont principalement fournies par les variétés issues de la recherche. Cependant, les nombreux problèmes de disponibilité liés aux dysfonctionnements de la filière semencière nationale (faiblesse de stocks de semences certifiées subventionnées, date tardive de mise à disposition, mauvaise qualité ses semences certifiées) et le coût élevé d’achat de ces semences certifiées et des intrants qui les accompagnent limitent l’adoption de ces semences. Les pratiques montrent une prédominance très importante des semences paysannes. C’est la libre-circulation des semences, de la filière nationale aux systèmes semenciers locaux, qui permet le maintien d’une diversité biologique élevée et une production agricole exportatrice vers les villes. Mais il n’y a-t-il pas de risque de quitter le grenier pour le magasin de semences améliorées comme le souhaitent les producteurs semenciers ? Le repli sur un seul type de semences n’expose-t-il pas les producteurs à l’insécurité semencière et alimentaire ?


Mot-clé : Burkina Faso, Cassou, circulation, Réseaux, Sapouy, et semences

Conectez vous pour accéder au texte complet
[caldera_form id="CF601abc919576c"]

Toutes les communications appartenant au même panel :

Voir le panel Des semences qui circulent, les nouveaux lieux et liens de la diffusion variétale /

Voir tous les panels du colloque Apad conference 2020


Déterritorialisation et masculinisation du réseau semencier. Le cas de la filière de haricot sur le territoire insulaire d’Idjwi, en RD Congo.

Déterritorialisation et masculinisation du réseau semencier. Le cas de la filière de haricot sur le territoire insulaire d’Idjwi, en RD Congo.

Auteur(s) : Jandrain Alice ;

La majorité de la population du territoire d’Idjwi situé à l’Est de la RD Congo pratique l’agriculture de subsistance. Sa forte démographie a provoqué une pression foncière et une déforestation de l’île. Ces éléments, couplés au changement climatique, affectent la productivité agricole. Une filière s’en retrouve particulièrement touchée : le haricot, nourriture de base des populations. Après la récolte, une partie des graines est traditionnellement mise de côté et conservée par les femmes comme semence pour la saison prochaine. Mais suite à des pressions extérieures, telles que la période de soudure, et l’insuffisance de production aux nombreuses bouches à nourrir, ainsi que les dépenses du ménage, les femmes utilisent les graines de haricot gardées comme semence.

Ainsi, les femmes se dirigent vers le marché local, certaines quittent l’île afin de se procurer des semences. Elles sortent alors d’un système semencier informel et pénètrent alors le système formel. En effet, les semences qu’elles y trouvent sont, en grande partie, issues d’agrimultiplicateurs semenciers. Ces derniers suivent un itinéraire de production qui respecte une réglementation. Au Congo, elle implique que les semences multipliées soient « améliorées », c’est-à-dire, issue de la recherche.

Parallèlement, depuis une dizaine d’années, plusieurs ONG locales se sont donné pour mission d’aider les agriculteur.trice.s du territoire à accéder aux semences de différentes cultures. Pour se faire, elles ont collaboré avec des centres de recherche ainsi que des organisations internationales et ont reçu des semences, dont de haricot. Elles les ont diffusées à travers la structuration des agriculteur.trice.s en organisations, ainsi qu’à travers les écoles et les Églises. Ainsi, la combinaison d’une multitude d’éléments participe à la modification des systèmes semenciers congolais. Ceux-ci évoluent également en fonction de la capacité d’action des acteurs.

À partir du cas d’étude de la filière du haricot sur le territoire d’Idjwi, cette recherche étaye la transformation des systèmes semenciers à partir des contraintes auxquelles font face les agriculteur.trice.s, et le rôle joué par les politiques semencières. L’enjeu de cette recherche est de mettre en lumière la manière dont les systèmes semenciers se construisent, d’y élucider le rôle de chacun des acteurs, et les rapports de pouvoir, ainsi que les idées qui sous-tendent leurs actions.

Afin d’élucider le phénomène, j’ai étudié la trajectoire des graines de haricot. Cela a impliqué de partir des champs et greniers des agriculteur.trice.s, et de retracer leur parcours. La méthodologie a été inductive, basée sur la théorie ancrée, et la socio-histoire. La collecte de données a été réalisée à travers des entretiens formels et informels, des questionnaires pour les agriculteur.trice.s, la collecte de sources écrites et matérielles, ainsi que des observations ethnographiques. Les recherches de terrain se sont déroulées en automne 2018 et 2019. Les personnes rencontrées étaient des agriculteur.trice.s, et des organisations paysannes, avec l’aide d’un assistant de recherche, des agents d’ONG nationales et internationales, des chercheurs de centres de recherches agronomiques, les autorités administratives et coutumières. L’évolution dans le temps de la réglementation congolaise a également été étudiée. Issue de prescriptions internationales, l’imaginaire qui les sous-tendent a également été pris en compte.


Mot-clé : Politique semencière, RD Congo, semence de haricot, et systèmes semenciers

Conectez vous pour accéder au texte complet
[caldera_form id="CF601abc919576c"]

Toutes les communications appartenant au même panel :

Voir le panel Des semences qui circulent, les nouveaux lieux et liens de la diffusion variétale /

Voir tous les panels du colloque Apad conference 2020


Les taxis tricycles dans le transport urbain à Jacqueville (Côte d’Ivoire)

Les taxis tricycles dans le transport urbain à Jacqueville (Côte d’Ivoire)

Auteur(s) : bamba vakaramoko ; doherty jacob ; Kassi-Djodjo irène ;

De nombreuses villes africaines ne possèdent pas de moyens et infrastructures de transports adéquats pour la mobilité alors que la population urbaine augmente. Aussi, la plupart de ces villes connaissent un étalement urbain avec pour conséquence l’éloignement des différents centres d’intérêts. L’avènement des taxis tricycles dans les villes ivoiriennes participent à la mobilité des citadins. En effet, ces nouveaux engins viennent combler un déficit et initient une nouvelle forme de mobilité dans certaines villes ivoiriennes.

A Jacqueville, ville balnéaire, située à l’ouest de la ville d’Abidjan dans la région des grands ponts a connu la construction d’ un ouvrage de 608 m qui la relie à la métropole. Ce projet s’inscrit dans le développement et le renforcement des infrastructures routières en Côte d’Ivoire. En effet,  cette ville est séparée de la capitale économique depuis la construction du canal de vridi en 1950.  L’inauguration de ce pont désenclave et permet à ce département de connaître un accroissement de ces activités touristiques, humaines et industrielles. C’est dans cette perspective qu’un projet innovant a été intégré par les autorités communales à savoir des taxis tricycles pour faciliter le déplacement des habitants. Ainsi, ces taxis tricycles connectent les compartiments de la ville et permettent de rallier les différentes plages de la cité. La présente étude vise à analyser ce nouveau moyen de transport  qui émerge dans les villes ivoiriennes en général et en particulier à Jacqueville. Quelles sont les origines de ces taxis ? Comment ces moyens de transport fonctionnent-ils à Jacqueville ? Quels sont ces apports dans la mobilité urbaine ? Et quelles sont les difficultés que rencontrent les acteurs dans l’exercice de l’activité.

La recherche documentaire, la collecte des données, leur traitement et l’analyse des résultats constituent les principales articulations de la démarche méthodologique adoptée. Pour ce qui est de l’activité des taxis tricycles, l’étude a utilisé l’approche des enquêtes de surveillance de comportement pour analyser la contribution de ces engins à la mobilité à Jacqueville. Cette étude met donc en évidence les taxis tricycles qui facilitent les déplacements des usagers dans tous les compartiments de la ville et offre une nouvelle opportunité de déplacement en plus des taxis communaux. La présence de ce nouveau moyen de transport est pratique, sécurisant, bénéfique et moins coûteux.


Mot-clé : Jacqueville., Taxis tricycles, et transport urbain

Conectez vous pour accéder au texte complet
[caldera_form id="CF601abc919576c"]

Toutes les communications appartenant au même panel :

Voir le panel Acteurs, modalités matérielles et technologies des circulations dans les Suds / Actors, Materialities and Technologies of Circulations in the Global South

Voir tous les panels du colloque Apad conference 2020