Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Orpaillage et circulation d’objets et de savoirs dans le Sud et l’Ouest du Mali

Orpaillage et circulation d’objets et de savoirs dans le Sud et l’Ouest du Mali

Auteur(s) : TRAORE N'gna ;

L’activité d’orpaillage au Mali est une pratique séculaire qui remonte aux empires pré-coloniaux. Ses outils et ses techniques de production ont évolué, et se sont diffusés, dans le temps, se traduisant par la mécanisation du secteur et le recours aux méthodes modernes de traitement du minerai. Les objets et les savoirs d’orpaillage se sont également diffusés dans l’espace au fur et à mesure de la multiplication des sites artisanaux dans les zones aurifères du pays et en Afrique de l’Ouest.

Cette communication se propose d’analyser les mécanismes de la circulation des objets et savoirs d’orpaillage dans le Sud et l’Ouest du Mali. La transmission verticale, autrement dit, la diffusion de ces objets et savoirs dans le temps, et celle qui a lieu de manière horizontale, dans l’espace, sont les axes majeurs de notre communication.

Nous nous appuyons sur une approche ethnographique multi-acteur et multi-située. Les données ont été collectées dans le cadre de nos recherches doctorales à Kadiolo (Sud), en mars, avril et septembre 2017, et dans le cadre du programme de recherche de l’Institut des Sciences Humaines de Bamako portant « Orpaillage au Mali : enjeux et logiques d’acteurs » à Kangaba (Ouest) entre juillet et novembre 2019.

Nos analyses révèlent que malgré la forte mécanisation et modernisation des procédés d’extraction de l’or, les outils et les savoir-faire traditionnels sont toujours recourus par les orpailleurs. Des mécanismes de diffusion verticale des savoirs locaux, font que certaines catégories sociales ou clans/lignages détiennent la maîtrise des méthodes traditionnelles de prospection, de boisage des puits et de secours, en cas d’accident sur les sites. En outre, l’orpaillage, autrefois une activité de productions des ressources d’appoint, devient une profession où le savoir et les outils sont parfois transmis des parents aux enfants.

Quant à la diffusion horizontale des objets et savoirs d’orpaillage, elle est favorisée par la mobilité intra régionale des orpailleurs. En effet, ceux-ci se déplacent de sites en sites de la même localité ou région, ou de pays en pays selon les échos de production d’or. Cette mobilité s’accompagne de circulation d’outils de production et de techniques de traitement du minerai, qu’ils soient artisanaux ou modernes, mais aussi de savoir-faire, de normes d’exploitation et de gestion des sites.

La circulation des objets, savoirs et normes d’orpaillage pose la question des rapports entre compétences professionnelles et identité et celle de la frontière entre les pratiques d’extraction et de gestion sur différents sites notamment en zones frontalières du Sud et de l’Ouest du Mali, caractérisées par une forte mobilité intra et interrégionale.


Mot-clé : circulation, identité, objets, Orpaillage, et savoirs

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Les coopératives d’habitat par aide mutuelle. L’expérimentation uruguayenne au service d’un référentiel international : circulation, capitalisation, mise en référentiel.

Les coopératives d’habitat par aide mutuelle. L’expérimentation uruguayenne au service d’un référentiel international : circulation, capitalisation, mise en référentiel.

Auteur(s) : Simonneau Claire ; Valitutto Irene ; Denis Eric ;

La communication porte sur la circulation internationale des principes des coopératives d’habitat par aide mutuelle, à partir du foyer uruguayen. Nées d’expérimentations habitantes dans les années 1960, ces coopératives sont aujourd’hui une référence internationale dans les réflexions sur l’habitat abordable. On trouve aujourd’hui dans de nombreux pays des coopératives se référant à ces principes (Paraguay, Bolivie, etc.), et, depuis les années 2000, des programmes de diffusion financés par l’aide internationale.

Ces coopératives reposent sur quatre principes : propriété collective du sol et du logement, autoconstruction, autogestion, et aide mutuelle. Une caractéristique centrale est l’engagement des habitants à tous les stades du projet d’habitat. Celle-ci formate également la diffusion des principes des coopératives, qui s’appuie sur deux dispositifs originaux : la pasantia, stage pratique en Uruguay créé dans les années 1990, et une école internationale du coopérativisme créée en 2013 et gérée par la Fédération uruguayenne des coopératives d’habitat par aide mutuelle. Ceux-ci permettent de mettre en oeuvre une formation par les pairs et par la pratique et les échanges d’expériences, proche de l’idée de translocalisme ou de “circulation horizontale”.

Notre communication vise premièrement à décrypter les modalités de cette circulation, dans un jeu entre expérimentation alternative aux politiques publiques et inscription dans les politiques publiques, diffusion entre pairs et transfert via les canaux des mondes de l’aide. Elle  retrace les temps et lieux de cette circulation et montre la structuration du mouvement à différentes échelles : nationale (FUCVAM), latino américaine (à travers un réseau élargi de la FUCVAM comprenant, selon les époques, SELVIP, Habitat International Coalition et l’ONG suédoise We Effect), voire internationale. Elle permet de suivre les acteurs individuels et institutionnels de structuration et de diffusion.

Ensuite, on constate la mise en réseau et la capitalisation de ces expériences, menées cette fois à l’interface d’autres sphères, celles des ONG et mouvements sociaux urbains insérés dans les « mondes de l’aide », et à une échelle résolument internationale. Notre communication analyse l’utilisation, par des ONG internationales, de ces mouvements coopérativistes de terrain dans une perspective de plaidoyer. Nous faisons l’hypothèse que ces organisations construisent un contre-référentiel face à la montée en puissance des dynamiques néolibérales formatant la fabrique de la ville. Ce contre référentiel de la « production sociale de l’habitat » produit une vision du monde, du secteur de l’habitat, de ses problèmes et de ses solutions que l’on explicitera.

Notre cadre théorique est nourri de la littérature en sciences politiques sur les transferts (Darbon, 1993, et la « mobilité » des politiques urbaines (McCann, 2011), et des travaux en socioanthropologie du développement. L’analyse s’inscrit dans la perspective de s’intéresser aux mondes de l’aide, en particulier aux « développeurs » (Fresia et Lavigne Delville, 2018) et de l’action publique, à leurs discours et référentiels (Muller, 2010). Elle s’appuie sur des données issues de dix entretiens semi-directifs d’acteurs clés de cette circulation, d’observation participante et d’échanges informels avec les promoteurs de la production sociale de l’habitat, ainsi que la littérature grise entourant ces expérimentations, projets et programmes.

 


Mot-clé : aide internationale, circulation, coopérative, mouvements sociaux, et référentiel

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Distribution et promotion pharmaceutique dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Réflexion au sujet de la ténacité des circuits anciens ?

Distribution et promotion pharmaceutique dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Réflexion au sujet de la ténacité des circuits anciens ?

Auteur(s) : Mahamé Stéphanie ;

Le parcours de certains produits pharmaceutiques disponibles au Bénin et d’une manière générale dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest ressemble à bien des égards au parcours de la crevette grise dans les célèbres documentaires « Products » de la chaine de Télévision Arte émis en 2015, où ils dénoncent ce qu’ils appellent « la face cachée de la mondialisation[1] », et où le produit se déplace de pays en pays, afin d’être le plus rentable possible. En effet, bien que plus de 80%[2] de la production des médicaments disponible sur le marché béninois provienne d’Asie et d’Afrique du Nord, les grossistes-répartiteurs privés s’approvisionnent toujours presqu’exclusivement auprès de centrales d’achats installées en France. Par ailleurs, il ressort de nos données de terrain que les mêmes sociétés détiennent également plus de la moitié des contrats de promotion pharmaceutique vers le Bénin.

L’industrie pharmaceutique, qui commence par prendre de l’ampleur vers la fin du 19ème siècle en Europe, va permettre peu à peu l’introduction des spécialités pharmaceutiques en Afrique dans les années 1930-1940, via l’entreprise coloniale.  (Baxerres, 2013) La marchandise pharmaceutique circule donc de la métropole aux colonies. Seulement aujourd’hui, après plus de 50 années d’indépendance, les pays francophones d’Afrique de l’Ouest sont encore dépendants des circuits français en termes de distribution et de promotion, et ce, malgré un changement radical de la géographie mondiale du médicament et une montée en puissance depuis les années 1970 des échanges pharmaceutiques Sud-Sud.

Cette communication va  ainsi  proposer une analyse des raisons (économiques, logistiques, règlementaires, politiques etc.) qui favorisent la persistance de circuits commerciaux datant de l’époque coloniale. J’exposerai également comment des tentatives de création d’autres circuits se heurtent encore  à de vives résistances.

La communication s’appuie sur des données collectées de 2014 à 2019 dans le cadre d’un DEA puis d’une thèse de socio-anthropologie[3]. Ces données sont de nature qualitative et sont issues de séances d’observation directe et participante conduites auprès de grossistes et de représentants pharmaceutiques dans leurs activités quotidiennes ainsi que d’entretiens semi directifs et libres menés auprès de ceux-ci et d’autres acteurs intéressés par leurs activités, notamment les prescripteurs, les pharmaciens d’officine, ainsi que des acteurs institutionnels (Ministère de la santé, agents de la direction des pharmacies du Bénin, etc.).

[1] La crevette grise, pêchée dans la mer du Nord, va tout d’abord passer par l’Allemagne, puis effectuer pas moins de 6756 km à travers le Maroc, les Pays-Bas, pour finalement être commercialisées en Allemagne

[2] Données recueillies à travers des entretiens dans les directions de la pharmacie et du médicament au Bénin et en Côte d’Ivoire

[3] Ces recherches se font dans le cadre du programmes de recherche Globalmed (2014-19), Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine : une illustration du marché global du médicament, de l’Asie à l’Afrique, Il est coordonné par Carine Baxerres et a reçu un financement de l’European Research Council ERC grant agreement n°337372.

 


Mot-clé : Afrique, Bénin, circulation, et médicament

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