Association pour l’anthropologie du changement social et du développement
Association for the anthropology of social change and development

Dire la frontière en contexte d’insécurités. A partir du cas de Diffa (Est du Niger)

Dire la frontière en contexte d’insécurités. A partir du cas de Diffa (Est du Niger)

Auteur(s) : HAMANI Oumarou ;

Depuis près d’une décennie, le Niger fait face à une insécurité transfrontalière multiforme: attaques djihadistes par la secte Boko Haram dans ses frontières Sud et Est, attaques du MUJAO à sa frontière avec le Mali, trafics et migrations illégales vers le Nord…Cette insécurité transformes les rapports, la signification et les pratiques de frontière, en même temps qu’elle modifie également les relations à l’Autre vivant au niveau des frontières.

Le corpus de la présente communication provient d’une étude réalisée dans la région orientale du Niger, théâtre depuis 2015  d’attaques du groupe terroriste Boko Haram. A Diffa, la frontière fait sens dans son acception plurielle (Anderson, 2001; Bennafla, 2002) parce qu’elle renvoie tout à la fois à un processus social, économique, politique, anthropologique. Diffa se caractérise par deux types de frontières, les unes tournées vers l’extérieur et les autres sont de type intérieur. Le territoire est occupé par divers groupes ethnolinguistiques séparés par des frontières sociales elles-mêmes prolongées dans des systèmes de production différenciés.

La présente communication tente de saisir comment à Diffa l’on désigne et pense la frontière en contexte d’insécurité. La frontière, avant tout, est un discours construit par les circonstances, reproduit et diffusé pour ensuite être reapproprié par les communautés. Aussi, lorsque les populations de Diffa évoquent la frontière, de quoi parlent-elles concrètement et quels référents mettent-elles en avant? L’analyse du sens qu’en donnent les populations locales aide à une meilleure compréhension de l’insécurité telle qu’évoquée par les populations autochtones et les communautés ayant fui l’insécurité au Nigeria. On peut aussi aisément saisir les pratiques de frontières à l’oeuvre en situation d’insécurité. L’analyse est ici organisée autour des “en gudun hijira” ( ceux qui ont fui la guerre). Dans leur fuite, ils ont des rapports bien particuliers à la frontière physique qu’ils ont été amenés à franchir pour avoir la vie sauve, mais aussi en occupant des lieux nouveaux (sites d’installation ou camps de réfugiés), ils y inscrivent des relations de type nouveau entre eux (puisqu’ils sont originaires de localités différentes), mais aussi avec les communautés autochtones structurées dans des frontières sociales de type ethnique, religieux, économique, politique, etc.

L’analyse développée ici s’appuie sur un corpus  d’entretiens et d’observation réalisées en 2015 par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs du LASDEL. Menée dans quatre localités de la région de Diffa, la recherche a révélé un discours très ambivalent sur la frontière en temps d’insécurité; elle est tantôt un espace de sécurité et un lieu d’insécurité.


Mot-clé : Diffa, Frontière, Insécurité, and Niger

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